«L'énergie renouvelable est déjà concurrentielle» - Michel Letellier, président d'Innergex énergie renouvelable


Édition du 31 Mai 2014

«L'énergie renouvelable est déjà concurrentielle» - Michel Letellier, président d'Innergex énergie renouvelable


Édition du 31 Mai 2014

Par Dominique Beauchamp

« Lorsqu’il s’agit de réduire le risque lié aux taux et aux prix de l’électricité, on est des jésuites. C’est avec nos projets qu’on a du plaisir, qu’on prend des risques et qu’on crée de la valeur », a déclaré Michel Letellier, président d’Inner

Michel Letellier, président et chef de la direction d'Innergex énergie renouvelable, de Longueuil, était le conférencier du Rendez-vous financier Les Affaires, tenu le 22 mai à Montréal. Il a répondu aux questions de notre journaliste Dominique Beauchamp.

Les Affaires - Que répondez-vous aux observateurs qui disent que, dans un marché d'électricité en surplus, il est difficile de justifier de petites centrales hydroélectriques, des éoliennes et l'énergie solaire ?

Michel Letellier - On est en surplus actuellement, mais on s'en reparlera dans quelques années. La demande n'arrête pas de courir après l'approvisionnement, sur une longue période. Comme il faut compter de trois à dix ans pour réaliser un projet hydroélectrique, nous devons préparer l'avenir dès maintenant. Une fois construites, nos installations ont une durée de vie utile de 40 ans.

L.A. - En raison du prix du gaz naturel qui est encore déprimé et des surplus d'électricité au Québec, comment l'énergie renouvelable peut-elle être concurrentielle ?

M.L. - L'énergie renouvelable est déjà concurrentielle avec le charbon, le diesel et le gaz naturel. On est capable de produire de l'électricité avec une petite centrale hydroélectrique à 8 cents le kilowattheure au Québec. Ce n'est pas si loin du barrage de la Romaine, sur la Côte-Nord, à 7,5 cents le kWh. L'énergie renouvelable deviendra encore plus concurrentielle lorsque les producteurs d'énergie polluante assumeront les coûts de leurs émissions de gaz à effet de serre. Pour ce qui est des prix déprimés du gaz naturel (qui influencent les autres prix de l'énergie), je crois que le pire est passé.

L.A. - Expliquez-nous l'équilibre recherché par votre modèle d'entreprise ?

M.L. - Notre modèle se veut durable et repose sur le respect de l'environnement et du capital ainsi que sur l'acceptabilité sociale. Pour minimiser les risques, chaque projet contracte sa propre dette sans avoir recours à la société mère. On échelonne aussi la dette et on fixe le taux d'intérêt selon la durée de chaque projet, à l'aide de produits dérivés. Nos contrats de vente d'électricité ont une durée moyenne de 25 ans et sont aussi indexés à l'inflation, ce qui rend nos flux de trésorerie assez prévisibles. Ça nous permet de verser un bon dividende et de financer une bonne partie de nos projets à venir. Depuis 2003, nous sommes passés de 7 à 32 centrales. En 2017, nous en aurons 37.

L.A. - La hausse des taux d'intérêt a aussi fait chuter votre action de 21 % de février à septembre 2013. Pourquoi ?

M.L. - Même si nous fixons notre taux de financement, l'action réagit à la fluctuation des taux d'intérêt, auquel les investisseurs comparent le rendement de notre dividende. Pourtant, on est mieux équipés pour faire face à la hausse des taux et de l'inflation que ne le sont les obligations à coupon d'intérêt fixe. Nous pouvons notamment augmenter le dividende avec le temps.

L.A. - Quel impact auront les quatre centrales et le parc éolien qui entreront en service d'ici 2017, au coût de 1,1 milliard de dollars ?

M.L. - Ces centrales augmenteront notre puissance installée brute de 27 % et feront croître notre bénéfice ajusté avant intérêts, impôts et amortissement de 18 % par année et nos flux de trésorerie excédentaires de plus de 10 % par année, de 2013 à 2017. Ces flux et le remboursement des dettes nous donneront la latitude pour envisager une hausse du dividende et pour financer une bonne partie de nos autres projets. Dans notre industrie, distribuer une part de 80 % des flux de trésorerie excédentaires en dividendes est souhaitable (le ratio de distribution était de 112 % au cours des 12 derniers mois). Nous pouvons tolérer un ratio élevé maintenant, parce que nous savons quels seront nos flux dans deux ou trois ans.

L.A. - Quels sont vos autres projets potentiels de 2 900 mégawatts ?

M.L. - Nous participons à l'appel d'offres éolien de 450 MW du gouvernement du Québec, en septembre 2014. Nous comptons aussi participer à celui de l'Ontario, prévu en 2015, pour des projets solaire et éolien. On travaille fort pour acquérir d'autres actifs de la centrale Hydroméga, de Sainte-Marguerite. Nos investisseurs seront contents de cette transaction. On veut aussi mettre à profit notre savoir-faire pour conclure d'autres partenariats de gré à gré avec les nations autochtones, comme celui du projet éolien en Gaspésie avec les Micmacs, et en Colombie-Britannique notamment.

L.A. - Vous avez déjà une centrale en Idaho. Les États-Unis vous intéressent-ils aussi ?

M.L. - Nous constatons aux États-Unis une volonté grandissante d'octroyer des contrats d'achat d'électricité à long terme, ce qui correspond davantage à notre modèle d'entreprise. Cela réduit le profil de risque et augmente l'attrait pour nous d'une éventuelle expansion dans ce marché.

18,5 %

Les deux principaux actionnaires d'Innergex sont le Fonds Dynamique (18,5 %) et la Caisse de dépôt et placement du Québec (10,7 %).

Source : Bloomberg

À la une

Bourse: Wall Street finit en hausse, record pour l’indice S&P 500

Mis à jour le 27/03/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a gagné près de 200 points mercredi.

À surveiller: CGI, Alimentation Couche-Tard et BRP

27/03/2024 | Denis Lalonde

Que faire avec les titres de CGI, Alimentation Couche-Tard et BRP? Voici quelques recommandations d’analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 27 mars

Mis à jour le 27/03/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.