Consommer moins d'eau, un geste rentable


Édition du 05 Avril 2014

Consommer moins d'eau, un geste rentable


Édition du 05 Avril 2014

Sébastien Lainesse, vice-président environnement, ingénierie et procédés industriels chez Olymel

En tant que ressource essentielle à la vie, l'eau est un enjeu majeur du développement durable. Partout sur la planète, on prend conscience de la fragilité de cette précieuse ressource. Même ici, où l'eau est encore abondante.

Les entreprises agroalimentaires sont de grandes utilisatrices d'eau. Pour améliorer son bilan à ce chapitre, Olymel investit deux millions de dollars dans un projet de réutilisation des eaux de procédé dans son usine d'abattage et de découpe de porcs de Saint-Esprit. Cela permettra aussi au géant de la transformation de viandes de volaille et de porc de sécuriser son approvisionnement en eau, car cette usine de la région de Lanaudière dispose de ses propres puits.

Le projet consiste à réutiliser une partie des eaux usées de l'usine pour le lavage des planchers, le nettoyage des convoyeurs et le remplissage des bassins d'échaudage, là où on enlève les poils des carcasses. Cette eau passera auparavant par deux étapes de traitement, l'ultrafiltration et l'osmose.

«Même si elle est traitée, l'eau ne doit pas entrer en contact avec la viande pour éviter tout risque éventuel de contamination, explique Sébastien Lainesse, vice-président environnement, ingénierie et procédés industriels chez Olymel. C'est pourquoi elle circulera dans un circuit indépendant et sera utilisée uniquement dans des zones où les carcasses des porcs ne sont pas ouvertes.»

D'ailleurs, l'Agence canadienne d'inspection des aliments a suivi de près le projet pilote qui a eu lieu en 2011. Devant la qualité de l'eau produite par les procédés d'ultrafiltration et d'osmose, elle ne s'est pas opposée à sa poursuite.

Olymel vise ainsi à consommer 2,5 millions de litres d'eau de moins par semaine, soit une baisse d'environ 30 %. «Sur le plan financier et étant donné l'investissement, ce n'est pas un projet qui se rentabilisera rapidement, dit M. Lainesse. Cela découle vraiment de notre volonté de réduire notre empreinte environnementale dans nos 23 usines et centres de distribution du pays.»

La construction du bâtiment et l'installation des équipements sont terminées depuis peu. La mise en route est prévue d'ici le début de l'été.

D'autres entreprises qui économisent l'eau

Bonduelle, pour sa part, a diminué de 15 à 25 % sa consommation d'eau pour le lavage primaire des légumes qu'elle met en conserve dans son usine de Saint-Denis-sur-Richelieu. Elle a obtenu ses résultats après avoir participé avec quatre autres entreprises agroalimentaires à une étude visant à déterminer des moyens de réduire la consommation d'eau. Menée par la firme de génie-conseil Axor en 2011 et 2012, cette étude s'est tenue sous l'égide du Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation.

Entre autres mesures, Bonduelle a ajouté moins d'eau fraîche à la boucle de transport et de lavage au cours de laquelle les légumes sont débarrassés de la terre et d'autres impuretés. Ce lavage primaire se réalise aussi avec de l'eau provenant d'autres étapes de transformation, comme celle du refroidissement des conserves.

«Le défi était de réutiliser et de faire recirculer l'eau le plus possible sans compromettre la salubrité des produits», explique Daniel Vielfaure, directeur général de Bonduelle Amériques. L'entreprise française de transformation de légumes vise à réduire de 3 % par année la consommation d'eau de ses 53 usines dans le monde. L'an dernier, elle a atteint une réduction de 4 %.

Produits Neptune est une autre de ces entreprises soucieuses d'économiser l'or bleu. Depuis quelques années, le fabricant de produits de salles de bains de Saint-Hyacinthe, qui vient d'être certifié écoresponsable en développement durable par le Conseil des industries durables, s'affaire à réduire l'empreinte écologique de ses activités et de ses produits. En 2013, il s'est penché sur l'utilisation de l'eau dans son procédé.

La quasi-totalité de l'eau qu'il utilise sert aux tests d'étanchéité des baignoires. Auparavant, celle-ci était évacuée après chaque test effectué sur les 30 000 baignoires fabriquées par année. «Même si nous n'avons pas de compteurs d'eau, nous trouvions aberrant de gaspiller autant d'eau», dit Alexandre Marchand, directeur des ventes et du marketing.

L'entreprise de 125 employés a donc développé un système pour récupérer et recycler l'eau. En gros, des bacs de récupération ainsi qu'un système de pompage ont été installés sous la plateforme de tests, ce qui permet de réutiliser la même eau pour environ 200 baignoires au lieu d'une seule. Cette eau est ensuite filtrée avant d'être évacuée. Avec cette idée toute simple, qui s'est concrétisée avec moins de 10 000 $, Neptune utilise 200 fois moins d'eau ! Comme quoi, il n'est pas toujours nécessaire d'investir de grandes sommes pour mieux gérer sa consommation d'eau.

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