Cinq minières qui feront bouger le Québec en 2017

Offert par Les Affaires


Édition du 11 Février 2017

Cinq minières qui feront bouger le Québec en 2017

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Édition du 11 Février 2017

Par François Normand

Après trois années de vaches maigres, le secteur minier commence à reprendre du poil de la bête aux quatres coins de la planète, alimenté par la reprise mondiale et la hausse des prix des métaux. Un regain d'énergie qui commence à se faire sentir ici, au Qébec, où plusieurs minières ont des projets ou exploitent des mines qui auront des retombées importantes en 2017.

Le secteur minier au Québec est dans une zone de turbulence depuis trois ans. Les investissements ont fondu de près de 50 % dans la foulée de la chute des prix des métaux depuis l'été 2014. Mais graduellement, le secteur revient à la vie, comme en témoignent l'activité et les investissements de plusieurs sociétés minières dans l'or, le diamant et le lithium.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. En 2013, les investissements miniers au Québec ont totalisé 4,6 milliards de dollars canadiens, selon l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). En 2015, ils avaient fondu à 2,5 G$.

La situation semble se stabiliser, car les investissements devraient s'établir à 2,4 G$ en 2016, selon l'ISQ, qui se fonde sur les intentions exprimées par les sociétés.

Un signal positif, estime la pdg de l'Association minière du Québec, Josée Méthot. «On sent que ça va un peu mieux dans l'industrie», dit-elle, en précisant qu'on observe une hausse de la demande de claims désignés au Québec, ces droits accordés aux entreprises minières pour faire de la prospection et de l'exploitation sur un territoire donné.

Raj Ray, analyste en métaux à la Financière Banque Nationale, note aussi une stabilisation pour l'ensemble de l'industrie minière au Canada. Par contre, il n'entrevoit pas de croissance à l'horizon d'ici la fin de 2017. «Nous anticipons cette année sensiblement les mêmes niveaux d'activités et d'investissements que ceux que nous avons observés en 2016.»

Les signaux positifs pour les minières québécoises

Deux tendances sont favorables pour le secteur minier québécois.

Même si la Chine et la zone euro performeront un peu moins bien, une embellie économique se dessine dans la plupart des pays, selon le Fonds monétaire international. L'économie américaine devrait progresser de 2,2 % en 2017 par rapport à 1,6 % l'an dernier, alors que les conditions s'améliorent dans l'ensemble des pays développés et émergents.

Or, une croissance économique plus forte se traduit par une demande globale plus forte, notamment pour les métaux et l'ensemble des ressources naturelles, ce qui tire les prix vers le haut.

Depuis un an, l'indice du London Metal Exchange, qui mesure l'évolution de six métaux (le cuivre, l'aluminium, le plomb, le zinc, l'étain et le nickel), a bondi de 33 %, à 2 746 points.

L'évolution du prix de l'or est aussi favorable aux sociétés aurifères. Depuis un an, l'once a augmenté de 11 %, à 1 205 $US, malgré un recul depuis l'été dernier. L'appréciation du métal jaune a dopé la Bourse de Toronto et a dynamisé l'industrie, souligne Raj Ray.

«Le secteur minier canadien a en particulier bénéficié dans une certaine mesure des prix de l'or plus forts que prévus en 2016 qui, parallèlement à la relance des marchés boursiers, ont stimulé l'exploration et le développement de nouveaux projets.»

COUP D'OEIL SUR LES PRINCIPAUX PROJETS AU QUÉBEC

Hecla Québec : les fosses prendront de l'importance

Hecla Québec, une division de l'américaine Heclas Mining, qui exploite la mine d'or Casa Berardi, en Abitibi-Témiscamingue, a investi 80 millions de dollars en 2016, dont 25 M$ pour le démarrage de sa nouvelle mine à ciel ouvert. Cette année, la société injectera quelque 62 M$ à la mine Casa Berardi.

Actuellement, celle-ci produit 145 000 onces d'or par année. Près de 40 % de cette production est à ciel ouvert et 60 % est souterraine.

Mais la production à ciel ouvert prendra de plus en plus d'importance, insiste Alain Grenier, vice-président directeur général d'Hecla Québec. «À compter de 2024, la production sera issue à 100 % de nos fosses à ciel ouvert.»

La société a trois projets de fosses. Une est en exploitation depuis 2012 et devrait demeurer en exploitation jusqu'en 2024. L'autre, lancée en 2016, devrait être exploitée jusqu'en 2022. Une troisième devrait être exploitée de 2023 à 2028.

Ces développements maintiendront des emplois locaux. Actuellement, la mine Casa Beradi emploie un total de 1 037 travailleurs. Et pour les cinq prochaines années, elle devrait continuer d'en employer 1 000. «Ça va être notre vitesse de croisière», confie Alain Grenier.

Ce dernier demeure optimiste pour 2017, notamment en raison de la faible valeur du huard par rapport au dollar américain (0,75 $ US), car plus le taux de change est bas, plus les producteurs d'or sont rentables. «On pense que ça va être une bonne année», dit-il.

Agnico Eagle : des dépenses de près de 1 G$ et des petits projets

La société torontoise Agnico Eagle (Toronto, AEM) est un autre producteur d'or qui aura un impact économique important au Québec en 2017, où sa production totalise près de 750 000 onces d'or par année.

Elle possède trois mines de la province, soit LaRonde, Goldex et Lapa, toutes situées en Abitibi-Témiscamingue. Dans la même région, la société détient aussi une participation de 50 % dans la mine Canadian Malartic, avec la torontoise Yamana Gold (Toron, YRI).

«Si l'on tient compte de nos trois mines et de notre part dans Malartic, on investira pas loin du milliard de dollars en 2017 en région», souligne Christian Provencher, vice-président Canada chez Agnico Eagle, en précisant qu'il s'agit sensiblement du même niveau qu'en 2016.

«Nous n'avons pas de nouveaux grands projets au Québec, dit-il. Par contre, nous avons des petits projets en attente de permis, avec les projets Akasaba Ouest et Bousquet zone 5.»

Akasaba Ouest est un gisement d'or qui est situé à une trentaine de kilomètres de la mine Goldex, à Val-d'Or. En 2014, Agnico Eagle a acheté le site à Alexandria Minerals et a effectué de nouveaux forages afin de de mieux évaluer son potentiel.

Le second projet (zone 5) pourrait entraîner la remise en service de l'ancienne zone 5 de la mine Bousquet. Ce gisement a été exploité dans les années 1980, mais les opérations ont été suspendues en raison de la faiblesse du prix de l'or, explique M. Provencher.

«Si ces deux projets se concrétisent, cela représenterait des investissements de 150 M$, dont 50 M$ pour Akasaba Ouest», dit-il.

Agnico Eagle a aussi des projets au Nunavut, au nord-ouest de la Baie d'Hudson, qui auraient des impacts économiques au Québec s'ils vont de l'avant. La société exploite déjà la mine Meadowbank sur ce territoire. Mais elle a deux autres propriétés en gestion, soit Amaruq et Meliadine.

Si le conseil d'administration d'Agnico Eagle donne son feu vert en 2017, ces deux projets nécessiteront des investissements de 1,5 G$ sur 5 ans, souligne Christian Provencher. «Il y a de fortes probabilités que les deux projets aillent de l'avant», confie-t-il.

Et même si ces gisements d'or ne sont pas situés au Québec, leur exploitation aura un impact majeur dans la province, car la majorité des travailleurs et des équipements proviendraient du Québec, assure le vice-président.

Goldcorp : rationalisation mondiale, mais stabilité au Québec

La société vancouvéroise Goldcorp éprouve des difficultés, mais sa situation financière s'améliore et sa production ira en augmentant au Québec.

Pour redresser sa situation, l'entreprise a notamment commencé à vendre des actifs, comme sa mine d'or Los Filos au Mexique, afin de se concentrer sur ses mines les plus rentables.

Au Québec, sa seule mine, Éléonore, non loin de la Baie James, se porte bien. Son premier lingot d'or y a été coulé en octobre 2014 et la production commerciale a débuté en avril 2015.

«La production de minerai à Éléonore est présentement autour de 5 000 tonnes par jour et augmentera graduellement en 2017 pour atteindre une capacité de production maximale en 2018», affirme Guy Belleau, directeur général de la mine, en précisant que la production atteindra 7 000 tonnes par jour au cours de 2018.

En 2016, la mine a produit 274 000 onces d'or, selon les estimations de Canaccord Genuity. Elle devrait en produire 362 000 onces cette année et 454 000 en 2018.

Goldcorp refuse de dire combien d'argent elle investira cette année dans sa mine. Mais elle dit maximiser ses efforts pour continuer à développer la propriété «en investissant notamment dans les équipements mobiles et les infrastructures de surface».

Guy Belleau souligne que la mine Éléonore a d'importantes retombées économiques au Québec. «En 2017 et au cours des années subséquentes, il a été estimé qu'elle ajoutera près d'un milliard de dollars au PIB provincial chaque année et générera 230 M$ en recettes publiques annuelles directes et induites.»

Stornoway : la mine Renard à l'assaut du marché du diamant

Une nouvelle filière vient de voir le jour au Québec : le diamant.

Située à environ 350 kilomètres au nord de Chibougamau, la mine Renard, propriété de Stornoway, aura coûté près de 1 G$ et a amorcé sa production au début de décembre.

Stornoway a participé à ses premières enchères internationales en novembre, à Anvers, en Belgique, mais avec un succès mitigé. Elle a finalement dû retirer une grande partie de sa production de la vente, car les prix offerts étaient trop bas. Elle a vendu 38 913 carats à un prix moyen de 195 $ US, ce qui lui a permis d'engranger 7,6 M$ US.

Une opération qui lui a permis de vendre seulement 35 % de sa production, car les acheteurs étaient prêts à payer uniquement 25 % des prix obtenus lors des enchères précédentes, selon Valeurs mobilières Desjardins.

Malgré tout, Matt Manson, le président et chef de la direction de Stornoway, est confiant que les prochaines enchères (cette année) seront plus fructueuses. «Il y a une courbe d'apprentissage, mais nous sommes optimistes pour 2017.»

Cette année, la société continuera aussi à investir afin de poursuivre la construction de la mine souterraine et des infrastructures. Elle prévoit injecter 120 M$.

Matt Manson souligne aussi que plus de 90 % des dépenses en capital de Stornoway sont réalisées au Québec. «Du milieu de 2013 au milieu de 2016, on a dépensé 846 M$, dont 722 M$ au Québec», dit-il.

La région de Dolbeau-Mistassini a accaparé 26 % de ces 722 M$, suivies par les régions de Montréal (20 %) et de Chibougamau-Chapais (13 %). À elle seule, la mine emploie près de 500 personnes.

Les analystes semblent très optimistes sur les perspectives de Stornoway.

Ceux de Financière Banque Nationale estiment, par exemple, que la société fait partie d'un petit nombre de producteurs de diamants, comme De Beers et Rio Tinto, qui devraient bénéficier du déclin de la production mondiale de diamants au cours des cinq prochaines années.

«Renard devrait produire 1,65 million de carats par année au cours de cette période», écrivent les analystes dans une note de recherche. La production mondiale de diamants s'élève à un peu plus de 100 millions de carats par année, selon une recension de la firme d'intelligence minière SNL Metals & Mining.

Nemaska Lithium : l'industrie des batteries dans le collimateur

Le lithium, un métal alcalin utilisé notamment dans les batteries de voitures électriques, est une autre filière porteuse en 2017, au premier chef avec le projet de Nemaska Lithium.

«Ce projet est évalué à 550 M$ CA, dont 50 M$ sont financés pour le moment. Mais on travaille pour financer le reste avec de la dette (300 M$) et des actions (200 M$)», précise Guy Bourassa, président et chef de la direction de la société.

L'entreprise, qui a son siège social à Québec, possède une mine à ciel ouvert à Whabouchi, au nord de Chibougamau. Cette mine vient d'entrer en pré-production (c'est-à-dire en petite quantités), et doit commencer à produire à grande échelle à la fin de 2017.

Pour l'instant, le minerai produit est stocké sur le site de la mine. Mais à compter du mois de mai, le minerai sera transporté et transformé à l'usine de phase 1, à Shawinigan, située dans les anciens bâtiments de Produits forestiers Résolu.

À ce moment, Nemaska Lithium installera son usine commerciale qui produira de l'hydroxyde de lithium et du carbonate de lithium dans les anciens bâtiments de Résolu. Elle démarrera tranquillement sa production au deuxième trimestre de 2018, pour passer à une exploitation commerciale à la fin de 2018.

Ces projets nécessiteront des investissements de 500 M$ en deux ans : 239 M$ en 2017 pour la mine et des équipements pour la future usine commerciale, ainsi que 261 M$ en 2018 pour finaliser la mise en place de l'usine commerciale.

À la fin de 2018, la production devrait atteindre 1,1 million de tonnes à la mine Whabouchi. À ce moment-là, 213 000 tonnes de concentrés seront acheminées par la route ou par le rail jusqu'à Shawinigan, où on en tirera 28 000 tonnes d'hydroxyde et de carbonate de lithium.

Les travaux sont déjà en cours à la future usine commerciale de Shawinigan. À la fin de 2016, l'entreprise a embauché une vingtaine de techniciens-opérateurs pour exploiter son usine de phase 1.

«Ce sont des postes de très haut niveau, notamment en chimie, dotés de salaires oscillant de 80 000 $ à 100 000 $ par année», dit Guy Bourassa. L'entreprise a aussi embauché une trentaine de personnes au niveau administratif.

Les affaires vont bien pour Nemaska Lithium. La société a déjà conclu des contrats de vente pour 50 % de sa production annuelle projetée de 28 000 tonnes d'hydroxyde et de carbonate de lithium, notamment en Amérique du Nord, explique Guy Bourassa.

«Nous avons principalement conclu des contrats dans le secteur des batteries, mais pas nécessairement pour l'automobile», dit-il.

Les prix, qui sont établis sur la base de contrats de gré à gré, sont en outre favorables à Nemaska Lithium, souligne le patron de l'entreprise.

En 2010, le lithium se négociait à environ 5 000 $ US la tonne. Il a depuis doublé de valeur à quelque 10 000 $ US la tonne en 2016, selon Guy Bourassa. «Récemment, en Asie, certaines entreprises qui avaient rapidement besoin de lithium, mais qui n'avaient pas de contrats, pouvaient même payer jusqu'à 25 000 $ US la tonne !» confie-t-il.

C'est que la demande mondiale de lithium explose littéralement. Dans une analyse publiée en mai, Canaccord GEnuity estime que la demande de lithium pour les batteries de véhicules électriques (voitures et autobus électriques) devrait bondir de 81 % d'ici 2020 et de 259 % d'ici 2025.

D'autres filières à surveiller

Les filières de l'or, du diamant et du lithium seront à suivre en 2017, mais il y en a d'autres qui pourraient à terme avoir un impact au Québec, fait remarquer la pdg de l'Association minière du Québec, Josée Méthot.

Mine Arnaud a, par exemple, un projet pour exploiter un gisement d'apatite situé dans la région de Sept-Îles, sur la Côte-Nord. Il y a aussi le projet Dumont, de RNC Minerals (anciennement Royal Nickel), pour une mine de nickel à De Launay, en Abitibi-Témiscamingue.

Mme Méthot dit surveiller également le projet d'apatite de la minière Arianne Phospate, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, et le projet de mine de fer et de vanadium de Métaux BlackRock, dans la région de Chibougamau.

Retombées économiques du secteur minier québécois

5,8 G$

DÉPENSES ANNUELLES TOTALES (OPÉRATIONS ET INVESTISSEMENTS) DU SECTEUR

45 500

NOMBRE D’EMPLOIS AU QUÉBEC (15 550 EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE, 6 700 EN MONTÉRÉGIE ET 4 350 À MONTRÉAL)

4 100

NOMBRE DE FOURNISSEURS (1 400 EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE, 740 À MONTRÉAL ET 480 AU SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN)

1 G$

PLUS DE 1 MILLIARD DE DOLLARS VERSÉS AU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC EN IMPÔT MINIER, TAXES, IMPÔT SUR LE REVENU DES PARTICULIERS, ETC.

Source : Association minière du Québec

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