En réponse au texte de Jean-Paul Gagné, «Cessons de vendre du rêve : il n'y a rien à espérer à Anticosti», publié le 5 mars

M. Gagné,

Nous avons pris connaissance de votre texte concernant une éventuelle exploitation des hydrocarbures au Québec. Nous tenons à apporter plusieurs compléments d'information, puisque certains aspects de votre texte ne correspondent pas à la réalité et, cela dit avec respect, nous éloignent de l'essentiel.

D'entrée de jeu, vous prétendez que, jusqu'à maintenant, «rien n'a encore été découvert à Anticosti». Nous croyons qu'il s'agit là d'une mauvaise compréhension du système de classification des découvertes d'hydrocarbures. Pour résumer, dans le système de classification des découvertes en hydrocarbures du Canadian Oil and Gas Evaluation Handbook, il existe des ressources prospectives, des ressources contingentes et des réserves. C'est en fonction de cette classification que Sproule, une firme indépendante et mondialement reconnue, a évalué notre découverte sur l'île d'Anticosti, non pas une, mais deux fois.

Le rapport actualisé d'évaluation de ressources publié par Sproule évalue à 90 % les chances que le volume de ressources soit de 20,9 milliards de barils (estimation basse) et à 10 % les probabilités que le volume soit égal ou supérieur à 45,2 milliards de barils (estimation haute). Ces estimations sont présentées en tant que baril équivalent pétrole (bep) et ne tiennent pas compte du facteur de récupération des hydrocarbures en place.

Les ressources prospectives sont celles du premier stade d'une découverte ; cette classification indique que des hydrocarbures ont été découverts et que des travaux de confirmation de la ressource restent à effectuer avant de pouvoir passer en ressources contingentes, voire en réserves. Le programme d'exploration sur Anticosti vise précisément à confirmer les ressources prospectives. Ce que nous cherchons à savoir, c'est si les hydrocarbures présents sont extractibles et, dans l'affirmative, quel en sera le taux de récupération. Bref, nous savons que les hydrocarbures sont présents, il n'y a aucun doute là-dessus.

C'est précisément pour cette raison que le gouvernement du Québec ainsi que des partenaires privés ont conjointement lancé une campagne d'exploration sans précédent pour confirmer, une fois pour toutes, le potentiel en hydrocarbures du sous-sol anticostien et en déterminer sa valeur commerciale. Avant de prendre une telle décision, Ressources Québec s'est adjoint les services de consultants de renommée internationale afin de valider les caractéristiques géologiques et pétrochimiques du sous-sol anticostien. C'est donc après cette vérification diligente exhaustive et plusieurs mois de négociations que Ressources Québec, à titre de mandataire du Gouvernement du Québec, s'est engagée dans ce projet avec trois partenaires privés.

Comme plusieurs autres intervenants au Québec, vous posez la question suivante : pourquoi les grandes compagnies pétrolières ne se montrent-elles pas intéressées par le projet Anticosti ? Texaco et Shell y ont tenté leurs chances dans le passé, mais celles-ci cherchaient à l'époque des pièges de pétrole conventionnels. Avec la formation du Macasty, nous ne cherchons pas des hydrocarbures provenant de pièges conventionnels. Il faut aussi ajouter qu'il est rare, et ce, même pour des juridictions dites plus «ouvertes» que le Québec, que les grandes compagnies pétrolières s'engagent dans des projets qui n'en sont qu'à ce stade de développement. [...]

Alexandre Gagnon, pdg, Pétrolia

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