Ressources naturelles: À quel moment les cycles s'enclenchent-ils?


Édition du 07 Mars 2015

Ressources naturelles: À quel moment les cycles s'enclenchent-ils?


Édition du 07 Mars 2015

[Photo: Bloomberg]

«Pétrole» est le premier mot qui vient à l'esprit lorsqu'on pense «matières premières». Pour les consommateurs, le mouvement en yo-yo de son prix est un sujet de conversation quotidien. Mais les prix d'autres «ressources naturelles» comme le cuivre, le maïs ou encore le bois d'oeuvre, ont aussi leur large part de variations. Les experts nous disent que les cycles de hausse et de baisse des prix sont très longs. Ils s'étalent non pas sur six mois ou un an, mais parfois sur des décennies. Mythe ou réalité ?

Avoir le nez collé sur les fluctuations quotidiennes, c'est comme regarder l'arbre qui cache la forêt. En effet, les prix de la plupart des matières premières sont déterminés par l'offre et la demande, dont les tendances de fond prennent beaucoup de temps à se former. Et à s'inverser.

Le prix du baril de pétrole a reculé de plus de 50 % depuis l'été 2014. Ça, c'est l'arbre. Ce n'est pas la seule «matière première» dont le prix chute. La plupart des métaux de base sont aussi sur une pente descendante. L'indice des prix des matériaux de la Banque Scotia (qui comprend le pétrole, le gaz, le cuivre, le fer, le papier, etc.) a baissé de 27,9 % depuis un an. Depuis cinq ans, cet indice a reculé à un taux annualisé de 4,4 %. «L'indice est maintenant retombé au-dessous du creux d'avril 2009, à l'époque de la Grande Récession», écrivait dans un récent rapport Patricia Mohr, vice-présidente et spécialiste des matériaux à la Banque Scotia.

Pourtant, nous ne sommes plus en récession. Depuis cinq ans, l'économie mondiale progresse, même s'il y a encore quelques poches de faiblesse comme en Europe et au Japon.

La règle des 4 %

Si les cycles de hausse et de baisse de prix sont longs, explique Martin Roberge, stratège et analyste quantitatif chez Canaccord Genuity, c'est qu'ils sont liés à l'économie mondiale. Or, celle-ci progresse ou recule sur des périodes beaucoup plus longues que, par exemple, les récessions régionales que l'on connaît habituellement aux sept ou huit ans.

M. Roberge utilise une règle du pouce tirée de données statistiques pour reconnaître les cycles. «Lorsque le taux de croissance de l'économie mondiale progresse de plus de 4 %, on entre dans un marché haussier en ce qui concerne les ressources. Lorsqu'il est de moins de 4 %, on a un marché baissier.»

Par exemple, les prix des métaux industriels ont connu leur envolée du début des années 2000 jusqu'à la crise de 2008-2009. Une hausse qui s'est étalée sur une décennie, alors que l'économie mondiale bouillonnait, avec la Chine en tête. Or, depuis la crise, le taux annuel de croissance de l'économie mondiale n'a pas dépassé les 3 %. En 2015, la Banque mondiale s'attend à un taux de 3 % et en 2016, de 3,3 %.

Non seulement la croissance mondiale n'est pas suffisamment rapide pour que la demande augmente substantiellement, mais on se retrouve aussi en présence d'un surplus d'offre qui ne disparaît pas du jour au lendemain. On le constate actuellement dans le secteur de l'énergie, depuis l'explosion de la production de gaz et de pétrole de schiste américains. Même chose du côté des mines. À la faveur de prix élevés, les minières investissent des milliards de dollars pour mettre en valeur des gisements. Elles vont les maintenir en activité tant qu'elles pourront couvrir leurs coûts. Le marché est ainsi inondé, et cela fait baisser les prix, jusqu'à ce que les mines non rentables ferment. Et alors, tranquillement, l'offre diminue, ce qui donne naissance à un nouveau cycle de hausse des prix.

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