Voici ce qui se joue avec ce plan d’aide économique.
Un nouveau plan de soutien à l’économie américaine est incontournable pour remettre les États-Unis sur les rails de la croissance.
Malgré les demandes répétées des économistes et du président élu Joe Biden à agir vite pour éviter une récession plus profonde et plus durable, démocrates et républicains sont toujours dans l’impasse.
Voici ce qui se joue avec ce plan d’aide économique.
Le montant, un obstacle de taille
Fin mars, au moment de la première vague de la pandémie de Covid-19, républicains et démocrates avaient consenti à voter en urgence un plan d’aide titanesque de 2 200 milliards de dollars comprenant des aides directes aux ménages et aux entreprises, des allocations chômage généreuses. Il avait été complété en avril par un plan de quelque 500 milliards destiné aux petites et moyennes entreprises.
S’agissant du nouveau plan, jusqu’à présent, la responsable des démocrates à la Chambre des représentants Nancy Pelosi entendait faire voter un plan d’au moins 2 000 milliards de dollars et allant jusqu’à 2 400 milliards de dollars.
Mais la dernière proposition du chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, est de 500 milliards de dollars.
Cet important écart crée un blocage irréconciliable depuis l’été.
Pour autant, le président élu Joe Biden a souligné vendredi que le gouvernement fédéral devait apporter un soutien « le plus tôt possible ».
Et, selon le New York Times, citant des personnes proches de M. Biden, les démocrates seraient désormais disposés à voter un plan de 500 milliards, faute de mieux…
Urgence
… et face à l’urgence de la situation.
En effet, la détérioration des conditions économiques due à la recrudescence des infections au Covid-19, à la menace de millions d’Américains perdant des prestations sociales en décembre sans avoir retrouvé d’emploi ainsi qu’une potentielle vague d’expulsions, de saisies immobilières, de faillites d’entreprises nécessite d’agir sans délai.
« Si le Congrès n’agit pas rapidement, la crise risque d’empirer et ce ne sera pas plus facile de la résoudre » malgré la perspective de mise sur le marché de vaccins, prévient Edward Alden, expert au Council on Foreign Affairs.
Il regrette que les deux partis aient manqué l’occasion de voter un nouveau plan avant les élections.
« Les politiques prennent les choses à l’envers : il faudrait un plan de soutien pour éviter que la situation ne se dégrade et non attendre que la situation se dégrade pour voter un plan », souligne Gregory Daco, chef économiste chez Oxford Economics.
En l’absence d’une aide immédiate, la situation économique sera « précaire à l’aube de 2021, ce qui va mettre en péril le dynamisme économique du pays » avant une campagne de vaccination, note-t-il.
Dans une lettre ouverte rendue publique lundi, plus de 120 économistes réclament l’envoi de « chèques » pour « remettre les familles et l’économie sur les rails ».
Parmi les signataires, Jason Furman de l’Université de Harvard et ancien conseiller économique du président Barack Obama.
Chômage, pauvreté
Selon the Century Foundation, un groupe de réflexion proche des démocrates, quelque 12 millions d’Américains sans emploi ne toucheront soudainement plus aucune aide au lendemain de Noël, date à laquelle les mesures du printemps expirent.
« Nous exhortons les décideurs à utiliser tous les outils à leur disposition pour revitaliser l’économie, y compris les paiements directs en espèces, qui sont l’un des moyens les plus rapides, les plus équitables et les plus efficaces de remettre les familles et l’économie sur les rails », écrivent les économistes dans leur lettre.
Ces chèques sont un « outil essentiel » pour éviter que la pauvreté n’augmente davantage.
Une loi sur les investissements, une alternative ?
Une alternative au plan pourrait être la mise en œuvre de la feuille de route économique de Joe Biden pour lutter contre une nouvelle récession et la perspective d’une hausse du chômage.
Son équipe de campagne avait ainsi mis en avant la possibilité de faire voter un plan sur les infrastructures, mais celui-ci pourrait se heurter à l’opposition si le Sénat restait aux mains des républicains.
Parmi les autres pistes, Joe Biden pourrait prendre un certain nombre de décrets dès le premier jour de son mandat pour prolonger par exemple les moratoires sur les expulsions et les saisies immobilières ou prolonger certains paiements de prêts étudiants qui expireront à la fin de l’année.
Selon des personnes proches des négociations, citées par le New York Times, Joe Biden pourrait également annoncer la signature d’une ordonnance prévoyant un calendrier plus progressif de remboursement des charges sociales de certains employeurs, y compris le gouvernement fédéral.