Trudeau nie avoir fait pression dans l’affaire SNC-Lavalin
La Presse Canadienne|Publié le 07 février 2019« Les allégations dans le reportage de ce matin sont fausses », a tranché le premier ministre Trudeau.
Justin Trudeau nie en bloc les « allégations » voulant que son bureau ait exercé des pressions sur l’ex-ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, afin qu’elle intervienne pour faire abandonner des poursuites de corruption et de fraude contre SNC-Lavalin.
Le quotidien The Globe and Mail a rapporté que la garde rapprochée de Justin Trudeau a tenté de la convaincre de demander au Service des poursuites pénales du Canada (SPPC) de conclure une entente avec la firme d’ingénierie, ce qui aurait évité un coûteux procès.
Selon des sources anonymes consultées par le trio de journalistes qui a révélé l’affaire, la ministre Wilson-Raybould, qui était à la barre de la Justice à l’époque, a refusé de donner à la directrice des poursuites pénales, Kathleen Roussel, la consigne de négocier un accord avec SNC-Lavalin.
« Les allégations dans le reportage de ce matin sont fausses », a tranché le premier ministre Trudeau en marge d’une annonce à Vaughan, en Ontario, jeudi.
« Ni moi, ni mon bureau, n’avons demandé au procureur général actuel ou antérieur de prendre quelque décision que ce soit dans cet enjeu », a-t-il enchaîné.
L’entreprise montréalaise est accusée de fraude et de corruption par la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Selon la police fédérale, SNC-Lavalin aurait notamment versé 47,7 millions à des titulaires de charges publiques en Libye dans le but de les influencer.
Au bureau de la ministre Wilson-Raybould, qui est maintenant titulaire du dossier des anciens combattants, on n’a pas souhaité réagir à ces informations. Elle n’a « aucun commentaire à émettre sur cette histoire », a écrit son attaché de presse, Alex Wellstead.
En janvier dernier, celle qui aura été la première Autochtone à se retrouver à la barre du prestigieux et important ministère de la Justice du Canada a perdu du galon dans le cabinet du gouvernement de Justin Trudeau.
Sa rétrogradation avait causé une certaine surprise.
Car la plupart des observateurs s’attendaient à un léger remaniement, lequel avait essentiellement été effectué pour combler le vide laissé par la démission du ministre Scott Brison.
À Rideau Hall, Jody Wilson-Raybould avait plaidé qu’elle ne considérait pas son nouveau poste comme moins prestigieux que le précédent.
En revanche, sur son site internet de députée, elle avait publié ce même jour une déclaration pour défendre son bilan et faire un inventaire de ses réalisations et des dossiers qu’elle a pilotés, une démarche inhabituelle.
Cette déclaration datée du 14 janvier dernier comportait par ailleurs des propos qui en ont laissé plusieurs songeurs.
« Le rôle du procureur général du Canada vient avec des responsabilités uniques en matière de respect de la primauté du droit et de l’administration de la justice, et par conséquent, il exige un certain niveau d’indépendance basée sur des principes », peut-on y lire.
« Il a donc toujours été clair pour moi que le procureur général du Canada doit être non partisan, plus transparent quant aux principes qui régissent la prise de décision, et en ce sens, toujours être prêt à dire la vérité aux personnes en position de pouvoir », est-il aussi écrit dans cette entrée web.
Le SPPC « est une autorité de poursuite nationale, indépendante et responsable, dont l’objectif principal est de poursuivre les infractions fédérales et de fournir des conseils juridiques et de l’aide aux organismes d’application de la loi », peut-on lire sur le site web de l’organe.
Sauf en ce qui a trait aux affaires relevant de la Loi électorale du Canada, le procureur général du Canada peut donner au directeur des poursuites pénales « des directives au sujet d’une poursuite ou prendre en charge une poursuite », précise-t-on.
Les directives doivent être données par écrit et publiées dans la Gazette du Canada.