Il estime qu’une telle décision mettrait en danger d’autres Canadiens dans le monde.
Justin Trudeau a catégoriquement écarté jeudi un nouvel appel à intervenir dans la procédure d’extradition d’une cadre de Huawei pour obtenir la libération de deux Canadiens en Chine, estimant qu’une telle décision mettrait en danger d’autres Canadiens dans le monde.
Le premier ministre canadien était interrogé sur une lettre ouverte envoyée la veille par une vingtaine d’anciens ministres, diplomates ou juristes canadiens, qui l’ont appelé à intervenir pour mettre fin à la procédure d’extradition vers les États-Unis de la directrice financière du géant chinois Huawei, Meng Wanzhou.
Une telle intervention faciliterait selon eux la remise en liberté par Pékin de deux Canadiens, arrêtés peu après l’interpellation de Mme Meng en décembre 2018 à Vancouver, et inculpés d’espionnage mi-juin.
« Je suis totalement en désaccord », a expliqué M.Trudeau, lors de son point presse quotidien.
« La réalité c’est que libérer Meng Wanzhou pour résoudre un problème à court terme mettra en danger des milliers de Canadiens qui voyagent en Chine et à travers le monde, en indiquant qu’un gouvernement peut avoir une influence politique sur le Canada en arrêtant des Canadiens de façon aléatoire », a justifié M. Trudeau. « C’est absolument inacceptable. »
La détention de Michael Kovrig, ancien diplomate auparavant en poste à Pékin, et du consultant et homme d’affaires Michael Spavor, spécialiste de la Corée du Nord, est largement perçue en Occident comme une mesure de représailles, ce que la Chine dément formellement.
« Nous pensons que les deux Michael resteront dans leurs cellules de prison en Chine tant que Mme Meng ne sera pas libre de retourner en Chine », écrivent les auteurs de la lettre, soutenus par la famille de Michael Kovrig.
En liberté surveillée à Vancouver pendant la procédure d’extradition, qui peut durer plusieurs années, Mme Meng est accusée par Washington d’avoir contourné les sanctions américaines contre l’Iran dans le cadre d’une fraude bancaire. Pékin n’a cessé d’appeler Ottawa à la libérer.
« Le ministre de la Justice du Canada a le pouvoir de mettre fin à tout moment à la procédure d’extradition de Meng Wanzhou », a réaffirmé mercredi un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.