Tarifs: les mesures de représailles ont porté fruit, dit Trudeau
La Presse Canadienne|Publié le 21 mai 2019Justin Trudeau était à Sept-Îles pour visiter une aluminerie, justement et célébrer la victoire du gouvernement.
Justin Trudeau estime que les tarifs compensateurs imposés par le Canada sur les produits américains ont joué un rôle déterminant pour forcer l’administration Trump à mettre un terme aux tarifs sur l’acier et l’aluminium.
Quelques jours après que les États-Unis ont levé ces tarifs, le premier ministre était à Sept-Îles, sur la Côte-Nord, mardi matin, pour visiter une aluminerie, justement et célébrer la victoire du gouvernement canadien dans ce litige commercial.
Alors que les négociations sur le nouvel Accord de libre-échange nord-américain piétinaient, au printemps dernier, l’administration du président américain Donald Trump avait imposé des tarifs de 25 % sur l’acier canadien et de 10 % sur l’aluminium. Le Canada a alors imposé des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium américains, mais aussi sur une vaste gamme d’autres produits, du concombre au café en passant par le bourbon, les cartes à jouer et les tondeuses à gazon. Dans de nombreux cas, ces produits étaient cultivés, transformés ou fabriqués dans des États américains représentés par des politiciens influents, et souvent républicains.
Selon M. Trudeau, ces mesures de représailles canadiennes ont incité les gouverneurs et les représentants de ces États américains touchés à faire pression sur la Maison-Blanche pour qu’elle mette fin à ce litige commercial.
« Je pense que l’une des choses que nous avons vues très clairement, que les Américains ont apprise, c’est que les Canadiens allaient demeurer fermes », a déclaré M. Trudeau mardi, de passage à l’Aluminerie Alouette. « Nous avons stratégiquement frappé de tarifs douaniers un nombre important de produits américains, ce qui a eu un impact sur les gouverneurs et sur les membres du Congrès, qui ont continué à parler au président et aux membres de l’administration pour la suppression de ces tarifs. »
Le Canada, les États-Unis et le Mexique ont finalement conclu un nouvel accord de libre-échange nord-américain à la fin de 2018, mais cette entente doit maintenant être ratifiée par les législatures de chaque pays. Au Canada, toutefois, le temps presse: il ne reste que quelques semaines avant l’ajournement de la session parlementaire à Ottawa pour l’été, et les élections fédérales du mois d’octobre.
« Maintenant qu’on a enlevé l’empêchement qu’étaient les tarifs, on devrait pouvoir procéder, mais on est en train de coordonner avec les Américains pour le faire de la bonne façon », a précisé M. Trudeau mardi.
« On est maintenant le seul pays du G7 à avoir des échanges commerciaux libres avec tous les autres pays du G7, s’est-il félicité. On a un accès privilégié à deux tiers de l’économie mondiale. Le Canada est bien parti pour continuer cette croissance qu’on a vue les dernières années. »
La Chine
Le premier ministre ne craint pas par ailleurs qu’une relation plus étroite avec les États-Unis de Donald Trump ne rende plus difficile la résolution des tensions avec la Chine. Les deux géants de l’économie mondiale se livrent actuellement une guerre commerciale et diplomatique. Or, Ottawa se retrouve malgré lui au beau milieu du champ de bataille, depuis que la Gendarmerie royale du Canada a arrêté la dirigeante du géant chinois Huawei, en décembre, en vertu d’un mandat d’extradition américain.
La Chine a réagi en détenant deux Canadiens, l’ancien diplomate Michael Kovrig et l’entrepreneur Michael Spavor, et en entravant le commerce de produits canadiens tels que le canola, le soja et le porc.
Interrogé mardi sur les informations selon lesquelles le Canada aurait dépêché une délégation parlementaire pour aider à la libération des deux hommes, M. Trudeau a indiqué qu’il parlait « aux dirigeants mondiaux, qui sont tous très préoccupés par certaines des décisions et des prises de position récentes de la Chine ».
« Nous allons rester fermes face à la Chine, a-t-il dit. Nous allons rester fidèles à nos principes et nos règles, et notre système de droit (…) Nous allons mettre la sécurité des Canadiens à l’avant. Nous allons toujours rester fermes avec nos alliés par rapport à la Chine. »