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Québec injecte 120 M$ dans le secteur de la construction

La Presse Canadienne|Publié le 22 mars 2021

Québec injecte 120 M$ dans le secteur de la construction

(Photo: 123RF)

Le gouvernement du Québec injecte 120 millions $ dans l’industrie de la construction afin qu’elle puisse répondre à l’accélération des projets d’infrastructure annoncée par le projet de loi 66.

«Le secteur va bien, mais le secteur doit répondre à la demande que le gouvernement s’apprête à faire pour relancer l’économie», a expliqué la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, en conférence de presse.

Le plan comprend un bouquet d’annonces pour aider les entreprises à croître et à augmenter leur productivité.

Mais le gouvernement veut aussi s’attaquer au problème de la rareté de la main-d’œuvre dans le secteur. Il souhaite ajouter 11 000 travailleurs par année dans l’industrie.

«Ce qu’on constate, c’est qu’il y a beaucoup de départs à la retraite dans les cinq prochaines années, il y a une baisse des inscriptions qui avait été constatée avant la pandémie dans les centres de formation professionnelle», a expliqué le ministre du Travail, Jean Boulet.

«On veut s’assurer que dans ce secteur-là, qui est crucial à la reprise économique, on ait suffisamment de main-d’œuvre.»

Des efforts seront également déployés pour retenir les employés existants, surtout les groupes sous-représentés dont les femmes, les immigrants et les membres des Premières Nations.

Le ministre Boulet a mentionné que parmi les travailleuses, 54% quittent le secteur après cinq ans.

Il a par ailleurs assuré que le gouvernement ne ferait pas de compromis sur la qualité de la main-d’œuvre. 

«Ça se fait dans un contexte où on y va graduellement, il y a un apprentissage qui mène à des examens de qualification avant de devenir compagnon», a-t-il précisé.

De son côté, la CCQ entamera une réflexion pour mieux retenir la main-d’œuvre et doit remettre au gouvernement un plan d’ici le 1er août.

 

Critiques des syndicats 

La FTQ-Construction digère mal l’annonce du gouvernement, qui, selon le syndicat, ne s’attaque pas au cœur du problème.

«On nous rentre des mesures exceptionnelles pour contrer la rareté de la main-d’œuvre, mais la problématique n’est pas là. Le problème, ce sont les conditions de travail», a soutenu en entrevue Éric Boisjoly, le directeur général de la FTQ-Construction.

 «Pour nous, c’est inadmissible ce qui s’est passé aujourd’hui.»

M. Boisjoly affirme que l’approche prônée par le gouvernement ne fonctionnera pas, car il souligne que ce sont les employés qui bénéficient d’une formation accélérée qui quittent le milieu en premier.

Michel Trépanier, président du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International) abonde dans le même sens.

«Cela fait de nombreuses années que notre organisation répète que la rétention est un des principaux enjeux dans la construction. Tant que ce ne sera pas réglé, les investissements pour attirer des travailleuses et des travailleurs seront inefficaces», a-t-il affirmé dans une déclaration transmise par courriel.

 

L’industrie se réjouit

Si les syndicats ont critiqué l’annonce gouvernementale, l’industrie a salué les nouvelles mesures.

L’Association de la construction du Québec (ACQ) a accueilli favorablement l’annonce du gouvernement, qui permettra «aux entreprises de construction d’avoir accès à un plus grand bassin de main-d’œuvre tout en ayant des formations plus rapides et mieux adaptées aux nouvelles réalités de l’industrie».

De son côté, l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) estime qu’il s’agit d’une «bonne nouvelle pour soulager, à court terme, notre industrie, mais aussi pour assurer l’équilibre et la pérennité des entreprises œuvrant dans notre secteur».

L’APCHQ estime toutefois qu’il reste «énormément de travail à faire» pour attirer et retenir la main-d’œuvre à long terme.

«Il est certain que nous allons continuer de travailler pour trouver des solutions concrètes et viables avec le gouvernement et nos différents partenaires afin d’avancer davantage dans ce dossier», a fait valoir François Bernier, vice-président principal Affaires publiques à l’APCHQ.