Le premier ministre a menacé d'imposer des représailles commerciales, mais Pierre Fitzgibbon a été plus prudent.
Irrité par la fermeture du marché chinois au porc québécois, François Legault n’écarte pas des représailles commerciales, mais son ministre Pierre Fitzgibbon a été plus prudent.
Le premier ministre réagissait à la décision de la Chine de suspendre toute importation de viande canadienne, une nouvelle étape dans le différend diplomatique avec le Canada à la suite de l’arrestation d’une dirigeante de Huawei à Vancouver.
En mêlée de presse mercredi matin avant de se rendre à la séance du conseil des ministres à Québec, M. Legault a rappelé que le Québec importe pour 12 milliards $ de produits chinois par année. La Chine s’expose donc aussi à des conséquences, selon lui.
« Il faut que ça soit juste, les échanges commerciaux, il faut que ça soit possible dans les deux sens, à ce moment-ci, il ne faut rien exclure. »
La Chine a importé pour 283 millions $ de porc québécois en 2017 et la demande est actuellement à la hausse, a indiqué le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, en point de presse.
M. Legault a dit qu’il était « aussi en colère » que les producteurs de porcs du Québec, parce que ce geste « si draconien » a des « impacts très majeurs sur eux ».
M. Legault a parlé avec le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, afin de l’inciter à mettre sur pied un programme pour aider les producteurs de porcs québécois.
De son côté, le ministre québécois de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a expliqué qu’il tente de diminuer le déficit de la balance commerciale du Québec avec la Chine, par exemple en produisant ici des biens qui sont importés d’Asie, comme des textiles.
« Je prendrais juste l’approche positive : ce qu’on importe de la Chine, eh bien, on va le faire ici au Québec », a-t-il affirmé, plutôt que de faire planer des menaces de représailles.
Son collègue, André Lamontagne, a laissé entendre que l’attribution d’une aide financière du gouvernement Legault aux producteurs est actuellement prématurée.
« Ça commence aujourd’hui, alors avant qu’on voit les répercussions, ça va prendre quelques jours » pour pouvoir évaluer les pertes, a-t-il argué.
La Chine invoque la découverte de près de 200 faux certificats sanitaires de vétérinaires pour motiver sa décision, a rappelé le ministre, en ajoutant que la conformité des produits est du ressort fédéral, donc c’est d’abord à Ottawa d’aider les producteurs.
Plus de 45 pour cent du porc exporté du Canada provient du Québec. L’industrie porcine québécoise emploie 26 500 personnes. Elle contribue à hauteur de 1,45 milliard $ au produit intérieur brut (PIB). En 2016, 80 pays ont importé des produits québécois du porc.