Pierre Fitzgibbon rejette un blâme de la commissaire à l’éthique
La Presse Canadienne|Publié le 11 novembre 2020En Chambre, M. Fitzgibbon s’est levé pour affirmer qu’il avait toujours agi de bonne foi dans son rôle de ministre.
Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a rejeté mercredi le blâme prononcé par la commissaire à l’éthique, estimant n’avoir rien à se reprocher.
En Chambre, M. Fitzgibbon s’est levé pour affirmer qu’il avait toujours agi de bonne foi dans son rôle de ministre et qu’il ne s’était jamais placé en situation de conflit d’intérêts. Il a ajouté qu’il n’avait jamais tiré un profit personnel de ses contacts avec des entrepreneurs ou des lobbyistes.
Dans un long texte écrit, visiblement contrarié, il a avoué trouver «difficile» de devoir composer avec un blâme mettant en doute son éthique. Par le détail, point par point, il a nié les conclusions de la commissaire dans chacun des dossiers soulevés.
Mais sa déclaration ne changera rien à la suite des choses, car tout indique que, fait exceptionnel, l’Assemblée nationale va sanctionner d’une seule voix le ministre Fitzgibbon, jeudi, lors d’un vote en Chambre.
Selon les règles en vigueur, les deux tiers des députés présents en Chambre doivent approuver les recommandations de la commissaire à l’éthique pour que le blâme envers l’élu devienne effectif .
Estimant que son ministre avait été imprudent, le premier ministre François Legault a affirmé la semaine dernière que son caucus de députés, qui forme la majorité des élus, voterait en faveur des recommandations de la commissaire, tout comme les élus des partis d’opposition.
Dans son rapport, rendu public la semaine dernière, la commissaire déplorait à la fois des accrocs à l’éthique dans le comportement du ministre, de même que son absence d’intention de s’amender.
Elle lui reprochait surtout sa trop grande proximité avec un de ses amis entrepreneur, Luc Laperrière, un lobbyiste.
Dans son rapport, la commissaire Mignolet reprochait à M. Fitzgibbon de s’être placé dans une situation où son intérêt personnel pouvait influencer son indépendance de jugement dans l’exercice de sa charge, en raison de ses liens étroits, amicaux et financiers, avec M. Laperrière.
«Le fait qu’un lobbyiste, lié par une grande relation d’amitié avec un membre du Conseil exécutif, et qui accepte de lui acheter des actions d’une entreprise pour lui rendre service, puisse communiquer directement avec celui−ci afin d’organiser des rencontres professionnelles, nuit au maintien de la confiance de la population envers […] les institutions démocratiques», a−t−elle écrit.
«Lorsqu’on occupe un poste comme celui de ministre, il est fondamental de bien tracer la frontière entre ses relations personnelles et professionnelles. Compte tenu de ce qui précède, je recommande qu’une réprimande soit imposée au ministre.», a−t−elle conclu.
Mme Mignolet déplorait aussi dans son rapport de voir le ministre Fitzgibbon réagir à ses conclusions en estimant qu’il n’avait rien à se reprocher. «Je ne dénote ainsi aucune volonté réelle de s’amender», écrivait−elle, ajoutant que son attitude avait contribué à sa décision de recommander une sanction.