Pierre Fitzgibbon pointé du doigt par la commissaire à l’éthique
La Presse Canadienne|Publié le 29 octobre 2020Il se serait placé dans une situation où son intérêt personnel pouvait influencer son indépendance de jugement.
Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a enfreint le Code d’éthique et de déontologie de l’Assemblée nationale et doit être réprimandé, conclut la commissaire à l’éthique.
Les députés devront se prononcer sur la recommandation de réprimande d’Ariane Mignolet, qui, dans son rapport jeudi, a attribué plusieurs manquements au ministre relativement à ses échanges avec son ami et lobbyiste Luc Laperrière.
Elle reproche à M. Fitzgibbon de s’être placé dans une situation où son intérêt personnel pouvait influencer son indépendance de jugement dans l’exercice de sa charge, en raison de ses liens étroits avec M. Laperrière.
« Lorsqu’on occupe un poste comme celui de ministre, il est fondamental de bien tracer la frontière entre ses relations personnelles et professionnelles. Compte tenu de ce qui précède, je recommande qu’une réprimande soit imposée au ministre », a-t-elle écrit.
Dans son rapport, elle note aussi que le ministre Fitzgibbon maintient qu’il n’a commis aucun manquement au code. « Je ne dénote ainsi aucune volonté réelle de s’amender », ajoute-t-elle, ce qui a contribué à sa décision de recommander une sanction.
En conférence de presse jeudi à l’Assemblée nationale, Pierre Fitzgibbon a reconnu du bout des lèvres « peut-être une imprudence ». Il considère toutefois ne pas avoir « manqué de jugement ».
L’enquête de Mme Mignolet a débuté en 2019. Elle concernait la détention d’intérêts, par le ministre, dans certaines entreprises et cherchait à déterminer s’il avait respecté les règles relatives aux conflits d’intérêts et à la déclaration des intérêts.
Le Parti québécois disait soupçonner M. Fitzgibbon d’avoir passé des instructions à l’administrateur de sa fiducie sans droit de regard — ce qui est interdit en vertu du code d’éthique — pour vendre ses intérêts dans une entreprise de protéines végétales.
La commissaire avait aussi reçu de Québec solidaire une demande d’enquête concernant la nomination de Guy LeBlanc à titre de président-directeur général d’Investissement Québec (IQ), étant donné les liens d’amitié entre MM. Fitzgibbon et LeBlanc.
Mme Mignolet considère toutefois que le ministre n’a pas violé le code en nommant M. LeBlanc.
Le jour de la nomination de M. LeBlanc, le premier ministre François Legault disait vouloir changer les règles sur les conflits d’intérêts de ses ministres, s’attirant les critiques incisives de l’opposition.
M. Legault voulait augmenter le délai de 60 jours accordé à un ministre pour se départir de ses intérêts dans une entreprise ou les confier par exemple à une fiducie