Les revenus et le bénéfice net d’Hydro-Québec chute au 2T
La Presse Canadienne|Publié le 30 août 2019Le recul des profits de la société d’État a néanmoins été de 23,7 % par rapport à l'an dernier.
Hydro-Québec a vu ses profits plonger au deuxième trimestre, en raison d’un printemps frais ayant freiné ses exportations et de l’abandon du projet Northern Pass, débranché pour de bon par son promoteur américain.
La société d’État a dévoilé vendredi un bénéfice net de 264 millions $, en fort recul par rapport à 623 millions $ au deuxième trimestre l’an dernier, lorsqu’un gain non récurrent de 277 millions $ lié à la vente d’une participation majoritaire de sa filiale TM4 avait été comptabilisé.
Mais même en excluant cet élément, les profits de la société d’État ont fléchi de 23,7 %, ou 82 millions $, au cours de la période de trois mois terminée le 30 juin. Les revenus ont reculé d’environ 11 pour cent, à 2,93 milliards $.
Hydro-Québec a exporté 6,4 térawattheures (TWh) vers le sud de la frontière au deuxième trimestre, comparativement à 8,9 TWh il y a un an, ce qui a eu un effet négatif de 59 millions $ sur les résultats.
« On se souviendra que le printemps de 2019 a été assez frais, a expliqué le vice-président exécutif et chef de la direction financière et du risque, Jean-Hugues Lafleur, au cours d’une conférence téléphonique. Donc, peu d’utilisation (des climatiseurs). Cela a eu une incidence sur ces volumes. »
Grâce à des contrats de couverture, Hydro-Québec a pu obtenir 4,6 cents le kilowattheure sur le marché des enchères, où les prix ont plutôt oscillé aux alentours de 2,9 cents le kWh, a expliqué M. Lafleur. Au deuxième trimestre l’an dernier, le prix obtenu avait été de 3,9 cents le kWh.
Outre la présence des volumes disponibles de gaz naturel aux États-Unis, le chef de la direction financière n’a pas caché que la popularité grandissante de la technologie photovoltaïque aux États-Unis, où de plus en plus de citoyens installent des panneaux solaires sur leur domicile, pesait sur les prix à l’exportation.
« À New York, il y a 400 mégawatts (MW) et en Nouvelle-Angleterre c’est 700 MW de plus. Cela limite les prix, c’est clair. Cela peut avoir une incidence sur le volume, mais c’est surtout sur les prix que l’on voit un impact. »
Sur le long terme, cela constitue une menace, a reconnu M. Lafleur, ajoutant que les coûts de production étaient de deux cents US le kWh chez Hydro-Québec, ce qui lui procure un « avantage concurrentiel important ».
Hydro-Québec pourrait également tirer son épingle du jeu en assurant un « équilibrage » lorsque des sources d’énergie intermittentes comme la production solaire ne pourront pas répondre à la demande, a dit M. Lafleur.
La société d’État a par ailleurs comptabilisé une charge de 46 millions $ liée à la radiation de certains coûts entourant le Northern Pass, un des projets sur lesquels misait Hydro-Québec pour exporter de l’hydroélectricité dans la région de la Nouvelle-Angleterre, à la suite de la décision prise le mois dernier par Eversource.
Débouté par la Cour suprême du New Hampshire, le partenaire américain de la société d’État avait décidé d’enterrer pour de bon ce projet mis sur la table en 2011.
Après six mois, le bénéfice net d’Hydro-Québec s’est établi à 2,04 milliards $, ce qui constitue une progression de 2,5 % par rapport à l’an dernier, toujours en excluant le gain de 277 millions $ lié à la cession partielle de TM4. Les revenus ont décliné d’environ 2,7 %, à 7,57 milliards $.
De janvier à juin, le volume des exportations nettes s’est établi à 16,4 TWh, soit 2,3 TWh de moins le niveau record atteint après le premier semestre l’an dernier.
M. Lafleur a estimé qu’il s’agissait d’un « très bon premier semestre pour Hydro-Québec », qui dit avoir généré des profits supérieurs à 2 milliards $ au terme du premier semestre pour une deuxième année consécutive.