Le Fiserv Forum de Milwaukee ou a lieu la convention du Parti Républicain. (Photo: VIncent Gosselin)
Milwaukee — L’inflation et l’économie étaient sur toutes les lèvres à l’intérieur du périmètre de sécurité qui a occupé ces derniers jours le centre-ville de Milwaukee, la plus grande ville du Wisconsin, à l’occasion de la convention nationale républicaine.
Pour Neil Kiekhofer, le propriétaire d’un studio de photographie et de vidéographie, la venue de cet événement majeur du cycle politique américain représente une opportunité d’affaires. Si certaines entreprises ont dû fermer temporairement le temps de l’événement, la sienne a multiplié les contrats.
L’entrepreneur se dit «honoré et excité» que sa ville ait été choisie pour accueillir la convention nationale républicaine, qu’il perçoit comme une opportunité de prouver que Milwaukee n’est pas que la ville «de la bière et du fromage» avec sa vie locale et ses musées.
Promesses de baisses d’impôts
La plateforme du Parti républicain, adoptée lundi par les 2374 délégués venus des quatre coins du pays, fait de l’économie une priorité. Des baisses d’impôts et l’annulation de l’impôt sur les pourboires font partie des 20 politiques que mettrait en place une administration fédérale dirigée par Donald Trump.
Neil Kiekhofer n’arbore aucune étiquette partisane, car, explique-t-il, «je prends des idées des deux côtés», une posture de plus en plus rare en cette ère de polarisation. Par exemple, il reconnaît le bien-fondé d’un système de redistribution des richesses et veut que «tout le monde paie sa juste part. Ça ne me dérange pas de payer des impôts. Je veux que mes impôts servent aux bonnes choses», dit-il.
Il concède néanmoins que le fardeau fiscal des petites et moyennes entreprises du pays peut mettre une pression sur les employeurs locaux comme lui. «Les impôts sont toujours un enjeu important. Je sens que les petites entreprises sont très durement touchées et je n’ai pas de grande organisation professionnelle pour m’appuyer», argumente-t-il.
Même si l’entrepreneur réussit à offrir des congés payés à ses sept employés, il souhaiterait obtenir un soutien pour leur fournir une assurance maladie, ce qui lui tient à cœur, mais qu’il ne peut se permettre pour l’instant. Il trouvera peut-être une mince consolation dans l’engagement dévoilé par les républicains de protéger l’accès à l’assurance maladie Medicare, en vigueur depuis 1965, qui offre une couverture à plus de 65 millions d’Américains, surtout des personnes âgées, selon le Center for Medicare Advocacy.
Moins de réglementation, plus de pétrole
Rencontrée alors qu’elle se rendait à un BBQ organisé en marge de la convention, la déléguée du Nouveau-Mexique Leanna Derrick fait sentir son enthousiasme pour les mesures économiques promises par sa formation politique, spécialement la déréglementation du domaine énergétique.
Leanna, une analyste de recherche dans le secteur des hydrocarbures, espère un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche pour «obtenir plus de développements et créer plus d’opportunités» dans cette industrie qui, selon elle, bénéficierait d’une déréglementation des plus petits producteurs d’énergies fossiles qui peinent à tirer leur épingle du jeu.
En effet, le Nouveau-Mexique est le deuxième plus grand producteur de pétrole aux États-Unis, selon les données de l’Agence d’information sur l’énergie, pour un total de 14% de la production nationale, loin derrière le Texas. «Nous pouvons, encore une fois, rendre sa richesse à l’Amérique», conclut la déléguée, en reprenant l’un des quatre grands thèmes de la convention nationale républicaine.
Une autre déléguée, Sandy Karnes, agente immobilière dans la ville de Nixa, au Missouri, abonde dans le même sens sur les questions économiques en notant la hausse des taux d’intérêt sur les hypothèques. Si son amie, Tonya Howard, cite la désinformation comme sa principale préoccupation, Sandy s’alarme plutôt de la sécurité à la frontière avec le Mexique et de l’immigration irrégulière.
Un «hillbilly» pour gagner le Midwest
Enthousiastes, les trois femmes accueillent très favorablement la nomination de J. D. Vance, le jeune sénateur de l’Ohio, à titre de candidat à la vice-présidence.
Étoile montante du Parti républicain, il symbolise le rêve américain depuis la publication de ses mémoires, intitulés Hillbilly Elegy, dans lesquels il raconte son enfance difficile en situation de pauvreté et la colère des électeurs des communautés rurales de la région industrielle du Midwest américain surnommée la Rust Belt. Leanna Derrick trace un parallèle entre la situation décrite par J.D. Vance et la pauvreté dans laquelle vit une proportion importante de ses concitoyens qui, comme elle, sont membres des Premières Nations du Nouveau-Mexique.
«[J.D. Vance] me touche droit au cœur comme aucun autre politicien auparavant. Je crois qu’il a une sensibilité pour comprendre ce à quoi l’Amérique fait face en ce moment.» – Leanna Derrick, déléguée du Nouveau-Mexique
Ce choix de bras droit permet à Donald Trump de consolider sa base ouvrière tout en promettant, comme par le passé, de «mettre fin à l’externalisation et de faire des États-Unis une superpuissance manufacturière», lit-on dans la plateforme du parti, qui s’en prend aussi à l’industrie des véhicules électriques.
Le discours prononcé sur scène par le président des Teamsters, un syndicat influent comptant 1,3 million de membres aux États-Unis, permet au candidat républicain d’espérer son appui et de courtiser les cols bleus, entre autres, du Wisconsin, du Michigan et de la Pennsylvanie. Ces trois États pivots seront déterminants pour quiconque voudra accéder à la Maison-Blanche lors du scrutin de novembre. Le choix des républicains de tenir leur convention à Milwaukee n’a ainsi pas été laissé au hasard.