La cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade. (Photo: La Presse Canadienne)
Nouvelle cheffe, nouvelle position: le Parti libéral du Québec (PLQ) est désormais «résolument opposé» au projet de troisième lien routier entre Québec et Lévis.
En point de presse mardi, la cheffe libérale Dominique Anglade a rejeté de façon marquée le projet «pharaonique» et «rétrograde» de 10 milliards $ présenté par le gouvernement caquiste.
Le 17 mai dernier, le premier ministre François Legault a donné le feu vert à la construction d’un mégatunnel de 8,3 kilomètres sous le fleuve Saint−Laurent.
Aucune étude n’est venue documenter la nécessité de construire une telle infrastructure pour contrer la congestion du trafic routier à Québec.
Mardi, Mme Anglade s’est dite tout à fait d’accord avec le chroniqueur Claude Villeneuve, qui samedi titrait «10 milliards $ pour 10 comtés».
Il y plaidait que le tunnel Québec−Lévis aiderait probablement la CAQ à remporter «cinq ou six comtés» dans la Capitale−Nationale et «quatre ou cinq» dans Chaudière−Appalaches.
Un projet «électoraliste» écrit par «deux personnes sur un coin de table», qui deviendra un «cas d’école de mauvaise gestion», a fulminé Mme Anglade.
Pourtant, alors qu’il était dirigé par Philippe Couillard, le PLQ avait créé le bureau de projets du tunnel Québec−Lévis pour étudier différents scénarios.
Mme Anglade a déclaré avoir depuis présenté une nouvelle vision économique, où «le progrès économique est indissociable du progrès environnemental et social».
«Le tunnel de la CAQ, non, ne verrait pas le jour sous un gouvernement libéral», a−t−elle tranché lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale.
«Avec son tunnel, François Legault tourne le dos au bien commun, mais aussi il tourne le dos au progrès», a−t−elle ajouté, en évoquant des «conséquences dramatiques».
«On pense, notamment, au flot de circulation, aux impacts environnementaux, aux coûts exorbitants, à l’étalement urbain, et ça, c’est sans parler des impacts sur les terres agricoles.»
Les trois partis d’opposition contre
Le PLQ n’était pas le seul, mardi, à tirer à boulets rouges sur le «tunnel caquiste»: le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) s’y sont également vivement opposés.
Comment oser dépenser 10 milliards $ pour un tunnel sous le fleuve Saint−Laurent dont personne n’a besoin, alors que les écoles et les hôpitaux du Québec tombent en ruines, ont−ils plaidé.
Ils ont également pris l’exemple du pont de l’Île−aux−Tourtes, à l’ouest de Montréal, fermé d’urgence depuis jeudi pour travaux majeurs. Ce pont est emprunté par 87 000 véhicules chaque jour.
«Les taxes et les impôts, là, c’est durement gagné par des gens qui veulent des services en échange. Est−ce qu’on peut leur donner des services de base?» s’est indigné le chef du PQ, Paul St−Pierre Plamondon.
«Commençons donc par assurer à la population de l’Est du Québec des traversiers fiables avant de leur faire croire que le troisième lien, c’est pour eux», a ajouté Manon Massé, de QS.
Legault défend le projet
Interrogé à ce sujet mardi, M. Legault s’est défendu en disant qu’il n’y avait pas «50 000 solutions» au problème de congestion routière dans la grande région de Québec.
«On peut regarder un pont, un tunnel. Nous, on pense qu’un pont défigurerait Québec et Lévis et on pense que l’investissement additionnel pour faire un tunnel est préférable.
«En plus, le tunnel qui va de centre−ville à centre−ville permet de limiter l’étalement urbain qu’on aurait avec un pont et (…) d’espérer (…) une augmentation importante du transport collectif», a−t−il déclaré.