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Le Congrès américain se démène pour éviter une paralysie

AFP|Publié le 02 Décembre 2021

Le Congrès américain se démène pour éviter une paralysie

L’administration Biden a exhorté jeudi les élus à adopter ce budget sans attendre. (Photo: 123RF)

Washington — L’obligation vaccinale imposée aux grandes entreprises par le gouvernement Biden faisait dérailler jeudi les tentatives du Congrès américain d’adopter un nouveau budget, au point de provoquer une possible paralysie de l’administration fédérale ce week-end, le fameux « shutdown ».

Les parlementaires américains n’ont plus qu’un jour et demi pour s’entendre sur une nouvelle loi de finances s’ils veulent éviter l’assèchement soudain des ressources de l’État fédéral, qui forcerait des centaines de milliers d’employés au chômage technique.

Ministères, mais aussi parcs nationaux, certains musées et une multitude d’organismes seraient touchés. Le «shutdown» de l’hiver 2018, le plus long en date, avait notamment affecté le contrôle des bagages dans les aéroports, une pagaille dont la majorité des élus du Congrès ne veulent pas avant les fêtes.

 

«Trop de chaos»

Mais une poignée de parlementaires républicains, la plupart très proches de Donald Trump, refusent pour l’instant de soutenir un nouveau budget, arguant qu’il contribuerait à financer la mise en place des obligations vaccinales dans le pays, auxquelles ils s’opposent.

Les élus de la Chambre des représentants tenteront malgré tout de se prononcer jeudi sur un texte temporaire, qui prolongerait le budget actuel du gouvernement jusqu’au 18 février. Fruit de longues tractations, il comprend notamment 7 milliards de $US pour revenir en aide aux réfugiés afghans.

L’administration Biden a exhorté jeudi les élus à adopter ce budget sans attendre.

Le puissant chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, s’est voulu rassurant : «Nous n’allons pas paralyser le gouvernement», a-t-il assuré sur Fox News.

Mais le scénario d’un «shutdown», ne serait-ce que pour quelques jours, restait encore très probable.

Car après avoir été adopté à la Chambre, le texte doit passer par l’étape du Sénat avant d’être signé par le président Biden. Or une seule défection dans cette instance pourrait significativement retarder le déroulé du vote.

« Il semblerait que des dysfonctionnements chez les républicains » puissent entraîner une paralysie «inutile et dangereuse» du gouvernement américain, a déploré jeudi matin le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer.

Il est certes très courant que des accords de toute dernière minute soient trouvés sur des budgets temporaires. Mais la situation était assez incertaine pour que plusieurs économistes commencent à chiffrer le prix de ce blocage éventuel, l’évaluant à quelques milliards de $US par semaine.

 

 

Dette, armée, maternelle

L’urgence est double, car en parallèle, les parlementaires doivent s’atteler à un cahier des charges tout aussi crucial.

En plus de cette loi de finances, les élus sont censés s’accorder sur un budget distinct consacré à la défense. Sur ce dossier, un consensus est encore loin d’être trouvé.

Plus urgent encore, les élus du Congrès ont d’ici au 15 décembre pour relever la capacité d’endettement des États-Unis s’ils veulent éviter le premier défaut souverain de la plus grande puissance économique mondiale.

Sans quoi l’Amérique pourrait se trouver à court d’argent et dans l’incapacité d’honorer ses paiements, une situation potentiellement catastrophique que les grandes puissances à travers le monde surveillent de près.

Si les parlementaires arrivent à s’atteler à tous ces chantiers à temps, le Congrès pourra enfin se prononcer sur le gigantesque volet d’investissements sociaux et écologiques voulus par Joe Biden, ce que la Maison-Blanche attend avec impatience.

Ce projet de 1.750 milliards de $US, qui prévoit entre autres la maternelle gratuite pour tous et de copieux investissements pour réduire les émissions américaines de gaz à effet de serre, est bloqué depuis des mois dans les limbes du Parlement américain.

Or Joe Biden compte désespérément sur ces mesures, très populaires auprès des Américains selon les sondages, pour relancer sa présidence.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat s’est engagé à ce que ce texte soit adopté avant Noël. Ce scénario, comme nombre d’autres au Congrès, reste très incertain.