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La pénurie de main-d’oeuvre «inquiète» toujours le CPQ

François Normand|Publié le 25 mars 2021

La pénurie de main-d’oeuvre «inquiète» toujours le CPQ

Au quatrième trimestre de 2020, il y avait 148 460 postes à combler pour l’ensemble du Québec, ce qui représente un niveau plus élevé qu’avant la pandémie, souligne le président et chef de la direction du CPQ, Karl Blackburn. (Photo: Courtoisie)

BUDGET. Même si le budget Girard met la table pour la reprise économique, le Conseil du patronat du Québec (CPQ) se dit néanmoins «inquiet et préoccupé» par l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre qui risque de miner cette reprise.

«La fondation de la relance est en place dans ce budget. La question est à savoir s’il y aura les travailleurs nécessaires pour construire», affirme à Les Affaires le président et chef de la direction du CPQ, Karl Blackburn.

À (re)lire: Tous les détails sur le 3e budget du gouvernement Legault

TIl rappelle qu’au quatrième trimestre de 2020, il y avait 148 460 postes à combler pour l’ensemble du Québec, selon les plus récentes données de l’Institut du Québec. «C’est un niveau plus élevé qu’avant la pandémie, alors que nous amorçons actuellement la reprise économique», dit-il.

Ce phénomène est particulièrement inquiétant en région, par exemple en Abitibi-Témiscamingue, où les besoins en travailleurs ont augmenté de 56 % en un an.

Dans son bon budget, le gouvernement Legault appuie la requalification de la main-d’œuvre et l’intégration des immigrants au marché du travail, mais en ciblant des secteurs particuliers, pas en y allant tous azimuts.

Ainsi, une somme de 157,5 millions de dollars (M$) est prévue pour soutenir la formation et la requalification de la main-d’œuvre ainsi que 246,1 M$ pour mieux intégrer les immigrants au marché du travail, et ce, d’ici 2025 2026.

Québec assouplit aussi les conditions au congé fiscal pour les grands investissements, de sorte de multiplier par deux la taille du crédit d’impôt à l’investissement et à l’innovation. Le gouvernement réduit aussi le taux d’imposition de certaines PME, mais sans modifier celui des grandes entreprises.

 

Une somme de 157,5 M$ est prévue dans le budget Girard pour soutenir la formation et la requalification de la main-d’œuvre et 246,1 M$ pour mieux intégrer les immigrants au marché du travail d’ici 2025 2026. (Photo: 123RF)

Des entreprises inquiètes

Si ces différentes mesures constituent un pas dans la bonne direction, le CPQ n’est pas capable de dire en ce moment si elles seront suffisantes pour aider vraiment les entreprises dans les prochains mois, voire années, face à la pénurie de main-d’œuvre.

Karl Blackburn souligne que «l’inquiétude est extrêmement importante» chez les entrepreneurs, qui commencent à appréhender le moment où la majorité de la population du Québec sera vaccinée et que l’économie sera à nouveau sur les rails.

«Si les entreprises n’ont pas accès à une main-d’œuvre de qualité et en bonne quantité, elles ne pourront pas participer à cette relance économique», prévient Karl Blackburn.

En entrevue, François Vincent, vice-président de la FCEI pour le Québec, partage les mêmes inquiétudes quant à la pénurie de main-d’œuvre. Il salue les actions du gouvernement, mais dit qu’il faudra continuer de suivre cet enjeu. «Parmi nos membres, 25% ont dit qu’ils avaient dû renoncer à une vente ou un contrat en raison d’un manque de main-d’œuvre. »

À ses yeux, le gouvernement et les acteurs du milieu doivent faire un effort particulier pour inclure les «groupes éloignés du marché du travail».

Le CPQ pense surtout aux travailleurs issus des nations autochtones et de l’immigration, aux personnes handicapées, ainsi qu’aux femmes, qui ont été plus nombreuses à perdre leur emploi ou voir leurs heures de travail réduites.

Selon Karl Blackburn, il est important que la reprise de l’activité économique profite à tous les Québécois.

Avec Stéphane Rolland et La Presse Canadienne