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François Legault «attend des actions»

La Presse Canadienne|Publié le 20 Décembre 2022

François Legault «attend des actions»

Le premier dossier abordé lors de cette rencontre dans un café du Vieux-Montréal était l’état du français, particulièrement à Montréal, a expliqué le premier ministre du Québec. (Photo: La Presse Canadienne)

François Legault a déclaré qu’il sentait que Justin Trudeau avait «de bonnes intentions» concernant le déclin du français à Montréal et le dossier du chemin Roxham, qui est utilisé par de nombreux migrants, mais le premier ministre du Québec «attend des actions» de la part de son homologue.

François Legault s’est adressé aux médias à Montréal après une rencontre avec le premier ministre Justin Trudeau, mardi matin, lors de laquelle les deux premiers ministres ont discuté de francisation, d’immigration irrégulière, de santé, d’inflation, d’infrastructure et d’environnement.

Francisation: des indicateurs «inquiétants»

Le premier dossier abordé lors de cette rencontre dans un café du Vieux-Montréal était l’état du français, particulièrement à Montréal, a expliqué le premier ministre du Québec.

«Je lui ai rappelé que, selon le dernier recensement de Statistique Canada, on est tombé en bas de 50% de francophones donc, on a 48% maintenant des gens qui habitent à Montréal qui utilisent comme principale langue à la maison le français», a expliqué M. Legault, en ajoutant que les autres indicateurs sur l’état du français étaient également inquiétants.

«Je lui ai dit que c’est important d’avoir un signal clair que la langue de travail doit être le français dans toutes les entreprises à Charte fédérale. C’est un signal important pour tout le monde de dire que pour travailler au Québec, il faut connaître le français», a indiqué le premier ministre en faisant référence au projet de loi fédérale C-13, qui vise à moderniser la Loi sur les langues officielles.

Il a ajouté avoir convenu que «nos ministres de l’Immigration vont se rencontrer pour travailler ensemble à augmenter le pourcentage de nouveaux arrivants qui parlent français».

«J’ai senti de bonnes intentions, il m’a dit qu’il était préoccupé par l’état du français et voulait qu’on travaille ensemble. Il (Justin Trudeau) m’a dit qu’il était préoccupé aussi concernant le chemin Roxham», a indiqué François Legault, en ajoutant que c’était une «rencontre où on se rejoignait sur les intentions, mais j’attends l’action maintenant».

Dans un compte rendu de la rencontre transmis en après-midi, le bureau du premier ministre Trudeau a écrit que les deux dirigeants avaient «réitéré l’engagement des deux gouvernements à collaborer activement pour augmenter l’immigration francophone temporaire et permanente au Québec et dans l’ensemble du Canada ainsi que leur volonté conjointe de protéger le français au Québec».

Il est également écrit «que le gouvernement du Canada continuera à appuyer le Québec» dans la gestion de «l’arrivée des demandeurs d’asile irréguliers qui entrent par le chemin Roxham».

Chemin Roxham: arrêter «l’entrée massive»

Concernant les demandeurs d’asile qui arrivent tous les jours au Québec par le chemin Roxham, François Legault a fait valoir à Justin Trudeau qu’il «fallait arrêter l’entrée massive d’immigrants par ce chemin» et a fait remarquer à son homologue que «la pression qu’on a sur le réseau de la santé d’ajouter 36 000 personnes, c’est pas facile à vivre, puis on a besoin de son aide».

Le premier ministre du Québec a ajouté «qu’il y a un défi de francisation, mais il y a un défi aussi d’offrir des services, que ce soit en santé, en éducation, en logement, à toutes ces personnes». «J’ai senti une ouverture là, pour qu’une partie de ces arrivants soient transférés dans d’autres provinces parce qu’il y a une certaine urgence d’agir», a-t-il dit.

Selon le premier ministre du Québec, «il faut absolument réduire les délais pour l’évaluation des dossiers» des migrants, car un pourcentage important des personnes qui empruntent le chemin Roxham «ne sont pas vraiment des réfugiés politiques au sens de la loi».

Traiter les dossiers de ces demandeurs d’asile peut prendre jusqu’à deux ans, a fait valoir François Legault en indiquant qu’il «aimerait mieux qu’on vise deux mois que deux ans».

Transferts en santé

Les premiers ministres du Canada sont en négociation avec le gouvernement fédéral pour un nouvel accord de financement alors que les hôpitaux pédiatriques et les salles d’urgence de tout le pays font face à des taux d’occupation inquiétants.

Le premier ministre du Québec a indiqué qu’il a quitté la réunion «plus confiant» qu’il ne l’était avant la rencontre que Justin Trudeau tiendra une réunion sur les soins de santé avec les premiers ministres et augmentera les transferts fédéraux en matière de santé aux provinces.

François Legault a indiqué que Justin Trudeau a été hésitant à rencontrer les premiers ministres au sujet des soins de santé de peur que les discussions se soldent par un échec.

Les provinces et les territoires ont exigé une augmentation du Transfert canadien en matière de santé — la principale source de financement fédéral des systèmes de santé provinciaux — mais Justin Trudeau a déclaré que cela ne se produira que si les provinces acceptent de réformer et d’améliorer leurs systèmes de santé.

Infrastructure et inflation

En raison du contexte de forte inflation, les deux premiers ministres ont convenu qu’ils hausseront les financements prévus pour les projets de la ligne bleue de Montréal, du tramway de Québec et de la construction de la voie de contournement ferroviaire de Lac-Mégantic.

«On s’est entendu pour que les dépassements de coûts soient assumés par les deux gouvernements dans la même proportion qui était convenue», a précisé François Legault.

Une représentation québécoise aux prochaines COP

François Legault a également souligné le succès de la COP15 sur la biodiversité qui s’est terminée avec la signature de la déclaration de Kunming-Montréal qui a pour objectif de notamment protéger 30% de la planète d’ici 2030.

Le premier ministre Legault a indiqué avoir signifié à Justin Trudeau qu’il souhaitait que le Québec puisse avoir sa propre délégation lors des prochaines conférences des Nations unies sur l’environnement.

«Comme j’ai dit, il y a beaucoup de bonnes intentions, mais pour l’instant, j’attends l’action», a mentionné François Legault à ce sujet.