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Débats aux Communes autour de la canalisation 5, d’Enbridge

La Presse Canadienne|Publié le 16 mars 2021

Débats aux Communes autour de la canalisation 5, d’Enbridge

Enbridge, de Calgary, possède et exploite la «canalisation 5», un pipeline transfrontalier que la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, s’est engagée à fermer. (Photo: La Presse Canadienne)

Le plus récent litige entre le Canada et les États−Unis, sur les pipelines revient mardi à l’ordre du jour aux Communes.

Le vice−président d’Enbridge, Vern Yu, doit comparaître en après−midi devant le Comité spécial des Communes sur la relation économique entre le Canada et les États−Unis. Enbridge, de Calgary, possède et exploite la «canalisation 5», un pipeline transfrontalier que la gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, s’est engagée à fermer.

Mme Whitmer est convaincue que le pipeline double, qui passe, aux États−Unis, sous le détroit de Mackinac, entre les lacs Michigan et Huron, constitue une menace trop grave pour la santé des Grands Lacs.

M. Yu, vice−président directeur d’Enbridge et président de la division Pipelines de liquides, a qualifié les préoccupations de Mme Whitmer de sans fondement. Il soutient que la «canalisation 5» reste sécuritaire. 

Dans une lettre à la gouverneure plus tôt cette année, il soutenait que le Michigan avait refusé d’admettre les conclusions des propres experts de l’État: qu’il n’y avait pas d’autres scénarios que la canalisation 5 pour «le transport en toute sécurité du combustible essentiel pour chauffer les maisons et fournir de l’énergie au Michigan, aux États américains voisins et aux deux plus grandes provinces du Canada», l’Ontario et le Québec.

«Le Michigan ne tient pas compte non plus des impacts sociaux et économiques négatifs importants qui résulteraient de la fermeture», écrivait M. Yu.

 

La «ligne dure»?

La «canalisation 5» est devenue le plus récent point de friction dans les relations entre le Canada et les États−Unis, à peine deux mois après que le président Joe Biden a annulé le projet d’expansion aux États−Unis du pipeline transfrontalier canadien Keystone XL.

Le Comité spécial des Communes sur la relation économique entre le Canada et les États−Unis entendra aussi mardi après−midi Maryscott Greenwood, du Conseil canadien des affaires américaines, ainsi que Mark Agnew et Aaron Henry, de la Chambre de commerce du Canada.

Les remarques préparées par MM. Agnew et Henry indiquent que la Chambre de commerce est partisan de la ligne dure, dans le cadre d’une approche concertée «d’Équipe Canada», pour s’opposer aux efforts du Michigan. La Chambre estime que la fermeture de la «canalisation 5», qui transporte quelque 540 000 barils de combustibles fossiles par jour à travers le Michigan, coûterait 65 milliards $ de revenus directs et 28 milliards $ de revenus indirects dans le commerce annuel.

Selon la Chambre de commerce du Canada, cet ouvrage répond à plus de la moitié de la demande de propane du Michigan, soutient 29 000 emplois à Sarnia, en Ontario, et nécessiterait 800 wagons ou 2000 camions par jour pour remplacer sa capacité de transport.

Andrew Leach, économiste et professeur de commerce à l’Université de l’Alberta spécialisé dans le secteur de l’énergie, estime que le différend sur la «canalisation 5», pourrait bien devenir un point de friction majeur entre Ottawa et Washington.

Keystone XL, le projet d’expansion de TC Énergie que le nouveau président Biden a fermé dès son premier jour à la Maison−Blanche, s’est avéré un irritant bilatéral tout au long des deux mandats du président Barack Obama. Or, la gouverneure Whitmer est une proche alliée de M. Biden — elle figurait sur sa liste de ses possibles colistières, avant qu’il ne la nomme vice−présidente de l’influent Comité national démocrate.

«Les liens de la gouverneure Whitmer avec l’administration Biden, les manoeuvres initiales, probablement mal avisées, de l’Alberta et dans une certaine mesure du Canada, se braquant comme ils l’ont fait, ont probablement rendu plus probable que cela devienne le prochain sujet de litige», croit le professeur Leach.

La différence avec Keystone XL, ajoute−t−il, c’est que la «canalisation 5» existe déjà, elle démontre son importance pour les deux pays depuis près de 60 ans. «Vous n’avez pas besoin de faire d’hypothèses: c’est très clair.»