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COVID-19: une étude remet en question le Fonds des générations

La Presse Canadienne|Publié le 15 Décembre 2020

«Est-ce qu’on pourrait diminuer [le niveau d'endettement] un peu en pigeant dans le Fonds?» demande Robert Gagné.

Contraint de renouer avec les déficits en raison du choc économique provoqué par la pandémie de COVID-19, le gouvernement Legault devrait plus que jamais envisager de liquider le Fonds des générations, avance une étude du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal publiée mardi.

La valeur comptable de cet outil mis sur pied pour réduire la dette publique et dans lequel des revenus dédiés sont versés — comme les redevances hydrauliques et un montant de la taxe spécifique sur les boissons alcooliques — devrait être d’environ 15 milliards $ à la fin de l’exercice 2021-2022.

« Le gouvernement va s’endetter de plusieurs milliards de dollars dans les prochaines années, a rappelé le directeur du Centre et professeur à HEC Montréal Robert Gagné, au cours d’une entrevue téléphonique. Est-ce qu’on pourrait diminuer ce niveau un peu en pigeant dans le Fonds? »

Le 11e bilan « Productivité et prospérité au Québec », cosigné par M. Gagné et le chercheur Jonathan Deslauriers, souligne notamment qu’une liquidation du Fonds des générations permettrait de réduire la dette pour ensuite utiliser les sommes qui y sont versées annuellement pour les consacrer au déficit d’entretien des infrastructures.

Ce n’est pas la première fois que M. Gagné remet en question la pertinence de cet outil mis sur pied en 2006, mais dans le contexte actuel, le chercheur estime qu’il est temps de se pencher sur des options qui permettraient à Québec de dégager des marges de manœuvre.

« Le déficit (d’entretien des infrastructures) n’est pas visible, a dit M. Gagné. Notre crainte, c’est qu’il sera accentué par la pandémie. Dans le contexte actuel, nous sommes en train de refiler une énorme facture aux générations futures. »

Plus de 2,5 milliards $ sont annuellement versés dans le Fonds des générations.

Le document du Centre de la productivité et de la prospérité de HEC Montréal souligne qu’avant la crise sanitaire, le Québec était à la traîne par rapport à plusieurs provinces canadiennes ainsi qu’à la moyenne de l’OCDE en ce qui a trait à des indicateurs comme la croissance annuelle du niveau de vie et de la productivité, entre autres.

Pour les chercheurs, il ne faut pas perdre de vue le fait qu’il y a toujours un important retard à combler. Ceux-ci estiment qu’avec davantage de ressources financières à sa disposition, Québec devra agir de « manière ciblée pour appuyer la relance ».

« Plutôt que de chercher à répondre à la crise à travers des mesures passives qui soutiennent tous les secteurs d’activité et tous les emplois, sans égard à leur viabilité ou à leur potentiel de croissance, le gouvernement devra prioriser les interventions orientées vers l’un ou l’autre des trois piliers de la productivité: l’éducation, l’innovation et l’investissement », fait valoir l’étude.

Un déficit de 15 milliards $ — un sommet historique — est anticipé pour l’année financière qui se terminera à la fin mars 2021. Les manques à gagner devraient ensuite être de 8,3 milliards $ en 2021-2022, puis 7 milliards $ l’année suivante. 

De 2020 à 2023, cela donne donc un total de 30 milliards $ écrits à l’encre rouge dans le budget du Québec.