Donald Trump (Photo: Getty images)
Donald Trump a dévoilé jeudi son plan pour faire «redémarrer l’Amérique» en trois étapes, en fonction de la gravité de l’épidémie dans chaque État, et relancer au plus vite la première économie mondiale qui compte 22 millions de nouveaux inscrits au chômage en un mois.
«Sur la base des dernières données, notre équipe d’experts est désormais d’accord pour dire que nous pouvons entamer la prochaine phase de notre guerre, que nous appelons: ‘faire redémarrer l’Amérique’», a déclaré le président des États-Unis lors de sa conférence de presse quotidienne sur la crise sanitaire à la Maison blanche.
Les gouverneurs des 50 États décideront en dernier ressort de la levée des restrictions ou du confinement plus ou moins stricts décrétés pour endiguer la pandémie.
Mais l’exécutif a élaboré ses recommandations pour les «guider».
Elles prévoient un réouverture du pays «prudemment, pas à pas», «État par État», sur la base de données «vérifiables» sur l’endiguement de la propagation du nouveau coronavirus, a expliqué le milliardaire républicain, qui estime que le pic de la pandémie est probablement «passé».
Il n’a pas donné de calendrier: selon ses recommandations, c’est une fois qu’un État voire un comté aura rempli des critères sanitaires précis (diminutions des cas de COVID-19 pendant 14 jours, hôpitaux capables de faire face à l’afflux de nouveaux patients) qu’il pourra commencer à lever les restrictions.
Dès demain
Mais celui qui briguera en novembre un second mandat présidentiel, et avait fait de l’excellente santé de l’économie l’un de ses principaux arguments de campagne, entend bien faire redémarrer sans tarder les entreprises du pays.
Les États «en bonne santé» peuvent redémarrer «littéralement dès demain», avant l’échéance du 1er mai un temps évoquée, a-t-il lancé, mentionnant le Montana, le Wyoming ou le Dakota du Nord, relativement épargnés par rapport à New York ou au New Jersey, qui «vivent un enfer».
Le président Trump, qui avait initialement affirmé pouvoir imposer son tempo aux États avant de rétropédaler, s’est ainsi gardé de donner une date pour New York et sa région, en première ligne avec près de 15 000 des 32 900 morts déjà enregistrés dans le pays.
Dans cet État, épicentre américain de la pandémie, le gouverneur vient d’ailleurs de prolonger le confinement jusqu’au 15 mai au moins.
La première étape du redémarrage préconisé par la Maison Blanche prévoirait la réouverture des restaurants et des salles de sport sous certaines conditions, mais pas des écoles ni des bars.
Le port du masque de protection en public serait «fortement» conseillé, le télétravail devrait rester la règle et les mesures de distanciation sociale seraient maintenues.
Les personnes les plus vulnérables devraient rester confinées et les voyages non-essentiels «minimisés».
Parallèlement, les autorités devraient être en mesure de dépister à large échelle les cas de coronavirus pour éviter une deuxième vague.
Désastre économique
Si aucun «rebond» de l’épidémie n’est constaté, la phase deux pourrait s’enclencher, avec notamment une réouverture des écoles et la reprise des voyages.
La levée plus générale des restrictions, mais avec un maintien d’une certaine distanciation sociale, ferait l’objet d’une troisième phase, lorsque l’absence de résurgence de l’épidémie serait confirmée.
Publiés jeudi, les chiffres des nouvelles demandes d’allocations chômage confirment le désastre économique en cours: elles sont restées à un niveau historiquement élevé la semaine passée, bien qu’en léger recul, avec 5,2 millions de personnes qui ont rempli un dossier pour la première fois.
Depuis un mois désormais que les mesures de confinement ont été mises en place ou renforcées, plus de 22 millions de personnes ont dû aller pointer au chômage après avoir perdu leur emploi ou subi une baisse drastique de leur activité.
Un record historique a même été atteint fin mars, avec plus de 6,8 millions de nouvelles demandes en une semaine.
Tous les secteurs de l’économie américaine, florissante en début d’année, ont souffert dès le mois de mars, tombant souvent à des niveaux pires que ceux de le Grande récession de 2009.
La consommation, moteur de la croissance américaine, a même calé, avec des ventes au détail en baisse de 8,7%.
Quant à la construction immobilière, autre secteur important, elle a freiné de 22,3% le mois dernier.
Les entreprises du secteur peuvent néanmoins, depuis le 28 mars, continuer à travailler malgré le confinement, puisque cette activité fait désormais partie de celles considérées comme essentielles.
Il faudra «probablement un an ou deux, quelques années, pour que l’économie américaine retrouve son plein potentiel», a prévenu le président de la Fed de New York, John Williams.