Le président américain, Joe Biden, veut faire adopter un plan d'aide gigantesque de 1900 milliards de dollars. (Photo: 123RF)
Les craintes d’une inflation hors de contrôle aux États-Unis, provoquée par des milliers de milliards de dollars du plan d’aide que Joe Biden veut faire adopter, sont exagérées, selon la cheffe économiste du Fonds monétaire international (FMI) Gita Gopinath.
L’expérience des quatre dernières décennies rend peu probable, même avec l’enveloppe budgétaire proposée, que les États-Unis connaissent une flambée des pressions sur les prix qui pousseront constamment l’inflation bien au-dessus de l’objectif de 2% de la Fed. (Banque centrale américaine), estime Gita Gopinath dans un blogue.
Le président américain veut en effet faire adopter un plan d’aide gigantesque de 1900 milliards de dollars, et «même des économistes traditionnellement accommodants soulèvent des inquiétudes quant à une économie en surchauffe qui pourrait pousser l’inflation bien au-dessus de la zone acceptable des banquiers centraux», observe la cheffe économiste du FMI.
Or si ce plan est adopté, l’inflation «tournerait autour de 2,25% en 2022, ce qui n’a rien d’inquiétant», souligne-t-elle.
En 2020, l’inflation a été de 1,3% aux États-Unis, selon l’indice PCE, utilisé par la Fed.
La Banque centrale américaine (Fed) vise une inflation annuelle de 2%, mais est désormais prête à tolérer une hausse des prix supérieure pendant un moment, avant de relever ses taux comme elle le ferait habituellement. Cela doit lui permettre d’atteindre son objectif du plein emploi.
Une forte hausse des prix est de nature à forcer la Fed à resserrer sa politique monétaire – relèvement des taux d’intérêt et réduction de son plan de rachat d’actifs – qui a permis à des entreprises en difficulté à continuer emprunter et aux banques de ne pas fermer le robinet du crédit, notamment pour les ménages.
La hausse des taux par la Fed signifierait que les banques commerciales augmentent, elles, aussi les taux des crédits qu’elles accordent à leurs clients, ce qui a pour conséquence de ralentir la consommation, qui représente plus des deux tiers du PIB.
Mais selon Gita Gopinath, «plusieurs facteurs structurels sous-tendent cette relation amoindrie entre inflation et l’activité économique dans de nombreux pays», à commencer par la mondialisation «qui a limité l’inflation des biens échangés et même de certains services».
Elle évoque également la hausse de l’automatisation, qui réduit les coûts pour les entreprises qui n’ont donc pas forcément besoin d’augmenter les prix, ainsi que la forte présence d’entreprises qui ont des marges élevées, et peuvent donc trouver d’autres leviers que la hausse de leurs tarifs.
Le FMI a également calculé récemment que le plan de relance, «équivalent à 9% du PIB», pourrait faire grimper le PIB américain de 5 à 6% sur trois ans.