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Les consommateurs américains hésitent

AFP|Publié le 14 mai 2021

Les consommateurs américains hésitent

Après l’euphorie liée aux chèques de relance et à une vaccination effrénée les consommateurs s’inquiètent. (Photo: 123RF)

La consommation fait une pause aux États-Unis après l’euphorie liée aux chèques de relance et à une vaccination effrénée, les consommateurs s’inquiètent de voir les prix grimper, donnant à l’opposition un argument supplémentaire contre les investissements voulus par le président Joe Biden.

Les ventes au détail ont stagné en avril par rapport à mars, qui avait vu les dépenses bondir de 10,7 %, grâce aux chèques versés par le gouvernement fédéral, selon les chiffres publiés vendredi par le département du Commerce.

Les Américains ont acheté plus de voitures, mais moins de vêtements. Ils sont en effet nombreux à être toujours en télétravail, au moins une partie de la semaine, éloignés durablement des centres-villes, et donc plus dépendants de la voiture.

« Ne vous y trompez pas, une consommation plus forte est à venir, à mesure que les ménages américains ont les moyens et la motivation de dépenser librement », avertit Lydia Boussour, analyste pour Oxford Economics, dans une note, tablant, pour l’ensemble de l’année, sur une « augmentation record de 9,6 % des dépenses », ce qui serait « la meilleure performance depuis 1946 ».

« Les dépenses se déplaceront vers les services » en mai, souligne-t-elle, lorsque les restaurants et autres activités de loisirs commenceront progressivement à reprendre à plein régime.

« Les gens fatigués d’être enfermés commenceront à dépenser pour des concerts en plein air, des événements sportifs et des voyages en avion », ajoute Yelena Maleyev, économiste pour Grant Thornton. 

 

Inquiétudes des consommateurs

La reprise économique est en effet lancée aux États-Unis, et l’activité reprend, avec plus d’un tiers de la population entièrement vaccinée, qui peut même, depuis jeudi, retirer ses masques, y compris dans certaines activités en intérieur.

Mais paradoxalement, la confiance des consommateurs s’est dégradée en mai, alors qu’elle avait atteint en avril son niveau le plus élevé depuis le début de la crise.

L’indice s’établit à ainsi à 82,8 points, contre 88,3 points le mois passé, selon l’estimation préliminaire de l’enquête de l’Université du Michigan publiée vendredi.

En effet, les Américains s’inquiètent désormais des prix qui ont commencé à augmenter. Cela devrait durer au moins plusieurs mois. Or, les salaires ne suivent pas nécessairement.

« Les attentes en termes de revenus sont les plus faibles depuis cinq ans », souligne ainsi Richard Curtin, l’économiste chargé de cette enquête.

Il pense cependant que « les dépenses de consommation continueront de progresser (…) en raison de la demande refoulée (pendant la pandémie) et du niveau d’épargne record ».

« Cette combinaison (…) fait le lit d’une psychologie inflationniste, favorisant des raisons d’acheter à l’avance (avant que les prix n’augmentent encore plus, NDLR) et une hausse du coût de la vie pour les salariés », avertit l’économiste.

 

Argument pour les républicains

L’inflation a ainsi commencé à s’accélérer aux États-Unis, portée par un ensemble de facteurs comme les goulets d’étranglement dans la production et la livraison au niveau mondial.

De très nombreuses entreprises ont prévenu qu’elles augmenteraient leurs prix pour compenser une partie de ces coûts supplémentaires.

Mais beaucoup d’économistes pensent que l’inflation retrouvera un niveau normal d’ici la fin de l’année. La Banque centrale américaine (Fed) estime ainsi qu’il n’est pas encore temps de resserrer sa politique monétaire pour freiner la hausse des prix, car cela pourrait mettre à mal la reprise économique, et surtout pénaliser les plus vulnérables, qui n’en ont pas encore profité. 

Le président Joe Biden compte lui, sur deux gigantesques plans d’investissements, d’un total de près de 4 000 milliards de dollars sur 10 ans, pour créer des emplois et permettre une reprise durable.

L’opposition républicaine devrait arguer que ces investissements pourraient faire surchauffer une économie déjà relancée, mais l’administration Biden devrait mettre en avant les 8 millions d’emplois toujours manquants, après le nombre très décevant de créations d’emplois en avril.

Malgré ce chômage toujours élevé, les entreprises doivent proposer des salaires plus élevés pour attirer et retenir les employés, qui ne sont pas toujours prêts à retourner travailler.

Il reste en effet des craintes quant au Covid et des problèmes de gardes d’enfants, tant que les écoles n’ont pas complètement rouvert. Et les allocations chômage généreuses incitent beaucoup de personnes à se laisser du temps avant de reprendre un emploi.