Le Vermont piaffe d’impatience de voir la frontière rouverte
La Presse Canadienne|Publié le 27 mai 2021« Nos hôtels, nos restaurants, nos centres-villes s’ennuient beaucoup de votre présence », a reconnu candidement le gouverneur de l’État du Vermont, Phil Scott. (Photo: Wilson Ring pour La Presse canadienne)
Le gouverneur de l’État du Vermont, Phil Scott, piaffe d’impatience de voir la frontière américano-canadienne rouvrir et s’interroge sur la possibilité d’exiger un passeport vaccinal pour la traverser, du moins sur une base transitoire.
S’adressant à des gens d’affaires québécois, jeudi, à l’invitation du chapitre québécois de la Chambre de commerce américaine au Canada et du Conseil du patronat du Québec, le gouverneur Scott n’a pas manqué de rappeler que le Vermont accueille normalement deux millions de Canadiens par année — surtout des Québécois — qui laissent 200 millions $ dans l’économie locale.
« Nos hôtels, nos restaurants, nos centres-villes s’ennuient beaucoup de votre présence », a-t-il reconnu candidement.
Son idée de passeport vaccinal émane en grande partie du fait que le Vermont, qui affiche l’une des meilleures gestions de la pandémie aux États-Unis, devancera probablement la levée complète des mesures sanitaires, initialement prévue pour le 4 juillet. Le plan de retour à la normale du Vermont prévoit la levée des mesures sanitaires lorsque 80 % de la population de plus de 12 ans aura reçu au moins une dose de vaccin. Or, l’État atteint aujourd’hui un taux de 77 %.
Passeport vaccinal transitoire ?
Selon lui, le moment est venu de commencer de penser à la manière dont cette frontière pourra de nouveau être franchie librement : « Je crois qu’il est temps que nous préparions un plan (…) S’il le faut, pour ouvrir la frontière, imposer un genre de passeport vaccinal, peut-être qu’il s’agit d’un premier pas. Il doit y avoir une façon d’y arriver et je crois que, peut-être, un passeport vaccinal au moins durant la transition, serait utile. »
Quant à savoir si l’on devrait ouvrir la frontière à compter du 21 juin — date jusqu’où la fermeture a été prolongée la dernière fois — M. Scott n’a pas voulu s’avancer, rappelant aux gens d’affaires qui lui posaient la question que ce dossier relevait des gouvernements fédéraux respectifs des deux pays.
Au−delà des visites touristiques, cette fermeture représente un obstacle au commerce. Le gouverneur Scott fait valoir qu’avec 5 milliards $ d’échanges commerciaux annuels, le Québec est de loin le premier partenaire commercial international du Vermont, alors que son État est le deuxième partenaire commercial du Québec parmi les États de la Nouvelle-Angleterre.
Par contre, il a noté que la pandémie avait grandement contribué à faire disparaître virtuellement cette frontière, notant que « le Québec et le Vermont peuvent travailler ensemble et trouver des façons de profiter de la nouvelle normalité où les professionnels peuvent travailler de n’importe où. »
Inclure le Canada dans le « Buy American Act »
Les velléités protectionnistes des dirigeants américains ont été abordées et Phil Scott s’est dit personnellement en faveur d’inclure le Canada dans le « Buy American Act », la loi qui oblige certains achats de biens et services américains, mais « il y a de la résistance à Washington de le faire », a-t-il averti.
Selon lui, si cette inclusion s’avérait impossible, « il y a des moyens de contourner ceci », notamment en invitant les compagnies canadiennes à établir des succursales aux États-Unis, au Vermont, bien sûr : « C’est de cette façon que certaines compagnies ont eu tellement de succès en venant du Canada (…) Il y a moyen de travailler en ce sens, qui nécessite certains investissements au Vermont pour y arriver. »
Républicain atypique
Phil Scott n’est pas le typique politicien républicain, bien qu’il porte cette bannière. Il est l’un des seuls élus de son parti à avoir voté pour Joe Biden et à avoir publiquement appelé à la démission de Donald Trump pour l’assaut du Capitole en janvier dernier.
Il a affirmé à plusieurs reprises le besoin de transiter vers une économie verte, de se concentrer sur le transport électrique : « Nous savons que les changements climatiques sont réels », a-t-il déclaré. La préparation aux événements climatiques est également au nombre de ses préoccupations.
Issu du milieu des affaires, il est également un passionné de courses de motoneige et d’automobiles « stock cars ». Durant sa discussion avec les gens d’affaires québécois, il a évoqué sa participation à des courses de motoneige à Valcourt, Thetford Mines et au stade olympique de Montréal l’opposant notamment à Jacques Villeneuve.
Il a également raconté avoir piloté des stock-cars au circuit Sanair de Saint−Pie, à Sainte-Croix, à Montmagny, à Saint-Félicien, à Saint-Eustache et à Deux-Montagnes, face aux Patrick et Roger Laperle et Jean-Paul Cabana.