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Le printemps commence aux États-Unis, les emplois fleurissent

AFP|Publié le 05 mars 2021

Le printemps commence aux États-Unis, les emplois fleurissent

En février, 379 000 emplois ont été créés, bien plus que les 200 000 attendus par les analystes. (Photo: Getty Images)

Le printemps est arrivé en avance aux États-Unis, où les créations d’emplois ont bondi en février grâce à un assouplissement des restrictions d’activité, laissant entrevoir une consommation euphorique dans les mois à venir.

En février, 379 000 emplois ont été créés, bien plus que les 200 000 attendus par les analystes, et surtout près de trois fois plus qu’en janvier, a annoncé vendredi le département du Travail.

Les bars et restaurants, qui souffrent particulièrement depuis le début de la crise, sont ceux qui ont le plus embauché le mois dernier. L’interdiction de servir en salle a en effet été levée dans certaines régions, avec une jauge maximale, dans la capitale fédérale Washington D.C. par exemple.

Les autres activités liées aux loisirs et à l’hébergement, ainsi que dans les services de santé, la vente au détail, et l’industrie manufacturière, ont également créé de nouveaux postes.

Au-delà des restrictions d’activité assouplies, les entreprises du pays se mettent surtout en ordre de bataille pour le mini boom économique annoncé.

Dès le printemps, la consommation devrait en effet bondir, portée par les vaccinations menées tambour battant, et par les aides publiques distribuées depuis le début de la crise qui, couplées aux dépenses en baisse, ont rempli les comptes en banque des Américains, notamment des plus aisés.

Le dernier plan de relance en date, celui présenté de Joe Biden, fait actuellement la navette au Congrès, mais pourrait être définitivement adopté la semaine prochaine, avec un montant cependant un peu sabré par rapport aux 1 900 milliards de dollars initiaux. 

 

Insuffisant

« La réouverture des services sera l’élément dominant pour l’emploi au cours des prochains mois », et « devraient augmenter fortement à moins qu’une nouvelle augmentation des cas de Covid, due au variant (…), n’oblige les États à retarder leur réouverture », analyse Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Macroeconomics.

Il s’attend à voir 1 million d’emplois créés en mars.

« Si vous pensez que (…) (c’) est +suffisant+, sachez qu’à ce rythme (…), il faudra attendre avril 2023 pour retrouver le niveau de février 2020 », a twitté le chef de cabinet de la Maison-Blanche, Ronald Klain, tempérant l’optimisme suscité par ces chiffres.

Il va en effet falloir créer encore beaucoup d’emplois pour revenir au niveau prépandémique, puisque la crise a détruit 22 millions d’emplois, dont une grosse moitié seulement a été recréée.

Et ce sont toujours 18 millions d’Américains qui touchent une allocation, après avoir perdu leur emploi ou vu leurs revenus plonger.

Le retour au plein emploi en 2021 est « tout à fait improbable », avait également averti jeudi le président de la Banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, estimant qu’« il faudra du temps ».

 

Inégalités persistantes

Le taux de chômage en revanche ne recule que très légèrement à 6,2 % après 6,3 % en janvier. Il était attendu stable.

L’apparente contradiction entre de fortes créations d’emploi et un taux de chômage quasi stable s’explique en partie par les difficultés des chefs d’entreprise à embaucher dans certains secteurs. Les chômeurs ne sont en effet pas tous prêts pour un retour au travail dans n’importe quelles conditions.

Cette dichotomie est aussi liée au fait que le nombre de chômeurs diminue d’un côté, grâce à tous ceux qui retrouvent un emploi, mais gonfle de l’autre, avec ceux qui, par choix ou par obligation, avaient cessé de chercher du travail et reviennent dans la course : ils étaient 161.000 dans ce cas en février.

Et, ce début de reprise n’a pas profité à l’ensemble de la population, puisque les travailleurs noirs sont les seuls à avoir vu leur taux de chômage augmenter, de 9,2 % à 9,9 %.

Ainsi, le taux de participation des Américains au marché de l’emploi est stable par rapport à janvier, à 61,4 %, « près de son plus bas niveau depuis les années 1970 », observent Gregory Daco et Lydia Boussour, analystes pour Oxford Economics.

Et « si l’on tient compte des personnes qui ont quitté la population active, (…), et des erreurs de classification persistantes, le taux de chômage reste autour de 9,3 % », ajoutent-ils.

Ils s’attendent cependant à ce que 7 millions d’emplois soient créés en 2021, avec un chômage inférieur à 5 % d’ici la fin de l’année.