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Le nouvel accord de libre-échange liant Canada, États-Unis, et Mexique (ACEUM) a été définitivement approuvé jeudi par le Congrès américain, un vote que Donald Trump pourra revendiquer comme une nouvelle victoire économique à quelques jours du début de son procès en destitution.
Le vote était prévu à 11H00, soit moins de 24 heures après la signature d’un traité commercial « historique » avec la Chine qui a scellé une trêve à la guerre commerciale et offre du répit aux agriculteurs et industriels américains, ceux-là mêmes qui avaient porté le président républicain au pouvoir en 2016.
L’ACEUM est une version modernisée de l’accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), entré en vigueur en 1994 et longtemps décrié par l’hôte de la Maison Blanche.
La Chambre des représentants américaine, à majorité démocrate, avait consenti à donner son aval le 19 décembre 2019, à l’issue de longues discussions avec l’administration Trump et au prix de nombreux amendements au texte initial dévoilé fin 2018.
L’ACEUM amendé a déjà été ratifié par le Mexique le 10 décembre. Le Canada devrait le ratifier sans problème dans les semaines qui viennent.
Avant même d’être élu, Donald Trump en campagne avait qualifié l’ALÉNA de « pire accord commercial de l’histoire » américaine et promis qu’il le renégocierait.
Il le rendait responsable de la destruction de nombreux emplois américains du secteur automobile en raison de délocalisations massives au Mexique, où la main-d’œuvre est moins chère.
Les tractations avaient ainsi démarré en août 2017 quelques mois après son arrivée dans le Bureau ovale.
Ottawa et Mexico avaient, eux, admis que cet accord, vieux d’un quart de siècle, conclu avant l’ère d’internet et des problématiques environnementales, avait besoin d’une cure de jouvence.
À l’issue d’un marathon de négociations, l’ACEUM avait été signé par les trois pays concernés, dans sa version initiale, fin novembre 2018.
Mais les démocrates américains, sous la pression de la principale fédération syndicale du pays, avaient retoqué le texte, exigeant des amendements pour obtenir de Mexico des garanties sur sa réforme sociale sur l’emploi.
Croissance
Signé par l’ex-président américain Bill Clinton, l’ALÉNA a certes détruit des emplois aux États-Unis, mais il a aussi créé une vaste zone de commerce sans droits de douane, facilitant les échanges de biens, services et personnes.
Les études ont montré que dans l’ensemble, il a non seulement largement contribué à la croissance économique, mais aussi à la hausse du niveau de vie de la population des trois pays membres.
Les milieux d’affaires des trois pays ont d’ailleurs maintes fois exhorté les décideurs à valider rapidement cet accord, crucial sur le plan économique.
À titre d’exemple, le commerce avec le Canada et le Mexique soutient 12 millions d’emplois américains et 49 États américains comptent le Mexique ou le Canada parmi leurs trois principaux marchés d’exportation de marchandises, selon les données de la Chambre de commerce américaine.
Le Canada et le Mexique représentent 40 % de la croissance de l’ensemble des exportations de marchandises américaines. Et le commerce avec les deux pays a atteint près de 1 400 milliards de dollars en 2018.
À l’annonce de la signature en décembre, les démocrates avaient eux-mêmes estimé que l’ACEUM allait « dynamiser l’économie des États-Unis, soutenir les travailleurs américains, protéger l’environnement et améliorer l’accès à des médicaments à prix abordables ».
L’entourage de Donald Trump avait, lui, estimé que cela couronnait la politique commerciale du président qui a opté pour la stratégie de pression maximale, à coups de tarifs douaniers punitifs, pour obtenir des accords.
Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin avait répété dimanche que l’ACEUM et l’accord avec la Chine allaient doper la croissance américaine en 2020. Un atout incontestable en cette année électorale pour Donald Trump, qui brigue un second mandat.
Avant cela, le président sera confronté à son procès en destitution qui démarre la semaine prochaine.
Dans un tweet jeudi, M. Trump a affirmé que les agriculteurs américains étaient « vraiment satisfaits du nouvel accord commercial avec la Chine et de l’accord qui sera signé prochainement avec le Mexique et le Canada ».
Et alors que se profile l’élection de novembre, il a espéré que « ce dont ils se souviendraient le plus » serait l’aide financière qu’il leur a apportée en puisant dans les tarifs douaniers, a-t-il dit, « pour les aider à traverser les moments difficiles » de la guerre commerciale.