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Le président américain Donald Trump a affirmé lundi qu’il rencontrerait bientôt le président chinois Xi Jinping « pour signer » un accord et mettre fin au conflit commercial qui oppose les deux pays.
« On va avoir un sommet pour signer (…) On espère y arriver. Nous sommes très, très proches d’un accord », a déclaré depuis la Maison-Blanche M. Trump, qui avait évoqué le mois de mars la semaine dernière pour cette rencontre.
Dimanche, après six jours de pourparlers entre les deux premières puissances économiques mondiales, le président des États-Unis, affirmant que « des progrès significatifs » avaient été réalisés dans les discussions, a reporté sine die la date butoir du 1er mars à laquelle Washington devait relever les droits de douane supplémentaires sur les importations chinoises.
Sur Twitter dimanche, il avait annoncé que les États-Unis avaient fait « des progrès significatifs sur des problèmes structurels importants comme la protection de la propriété intellectuelle, les transferts de technologies, l’agriculture, les services, les changes et de nombreux autres sujets ».
« En conséquence (…) je reporterai la hausse des droits de douane (qui était) prévue pour le 1er mars », avait-il poursuivi, sans indiquer si une autre date avait été établie pour une éventuelle entrée en vigueur de nouvelles surtaxes.
M. Trump a promis lors d’un discours dimanche que, « si tout allait bien », il pourrait annoncer « de très grandes nouvelles dans la semaine qui s’ouvre ou la suivante ». « Il s’agira de loin du plus grand accord commercial jamais conclu », a-t-il encore assuré.
À minuit et une minute le 2 mars, les États-Unis devaient imposer des droits de 25 % sur 200 milliards de dollars d’importations annuelles de produits chinois, déjà taxés à 10 %.
Lundi, Wall Street a ouvert en hausse après l’annonce du prolongement de la trêve sur la surenchère des tarifs douaniers, les places boursières asiatiques s’étant envolées plus tôt.
Les deux camps n’ont toutefois pas donné beaucoup de détails sur la physionomie de cet accord.
Déficit abyssal
Les États-Unis, qui se plaignent d’un déficit commercial abyssal avec la Chine, veulent que Pékin achète davantage de marchandises américaines, mais ce sont surtout sur les réformes structurelles que les négociations achoppent.
Les pratiques commerciales chinoises sont mises à l’index, notamment le fait que les entreprises américaines soient obligées de livrer leurs secrets commerciaux pour faire des affaires en Chine.
Le piratage informatique et le non-respect des droits de propriété intellectuelle sont aussi des priorités, mais de l’avis général des analystes interrogés, le plus difficile réside dans l’application et la vérification des mesures qui seront promises et adoptées par Pékin.
Les Chinois « devraient accepter de coucher sur le papier les questions structurelles, mais ensuite il va être difficile aux États-Unis de demander davantage », notamment pour surveiller l’application de ces changements profonds, estime ainsi David Dollar, ancien émissaire du Trésor américain en Chine, de 2009 à 2013.
« Ceux qui pourront le mieux vérifier » la mise en place des réformes structurelles « seront les compagnies américaines faisant des affaires en Chine », suggère Gary Clyde Hufbauer, du Peterson Institute of International Economics (PIIE). « Il est probable que les services du représentant au Commerce (USTR) les interrogeront avec minutie pour évaluer si les choses bougent ».
Steven Mnuchin, le secrétaire américain au Trésor, a annoncé que, dans le cadre des discussions, un accord sur la monnaie avait été atteint, alors que les Américains craignent que les Chinois ne laissent déprécier le yuan pour rester compétitifs. Aucune précision n’a été donnée sur la nature de cet accord.
À l’issue des pourparlers avec le vice-premier ministre chinois Liu He vendredi, Donald Trump et son propre ambassadeur au Commerce, Robert Lighthizer, ont eu une scène de désaccord devant la délégation chinoise au sein du Bureau ovale.
« Je ne suis pas d’accord ! », a lancé le président américain, interrompant brusquement M. Lighthizer, qui parlait de « protocole d’accord » (Memorendum of Understanding, MOU) avec Pékin, une expression que M. Trump estime « ne pas vouloir dire grand-chose ».