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La croissance américaine ralentit, mais reste solide

AFP|Publié le 26 juillet 2019

La croissance américaine ralentit, mais reste solide

(Photo: 123RF)

La croissance aux États-Unis a fortement ralenti au deuxième trimestre sous les effets de la guerre commerciale de Donald Trump, mais reste solide grâce à la bonne santé de la consommation des ménages.

À 2,1 % en rythme annuel, l’expansion du Produit intérieur brut (PIB) des États-Unis d’avril à juin a largement dépassé les attentes moyennes des analystes, qui étaient de 1,8 %, mais le coup de frein est très net après les 3,1 % réalisés au 1er trimestre.

« La physionomie de cette croissance est plus encourageante que ce que j’escomptais », a commenté Paul Ashworth, économiste en chef pour les États-Unis pour Capital Economics. 

Selon la première estimation du gouvernement publiée vendredi, la croissance a été tirée par la consommation des ménages, qui a progressé à sa plus forte cadence en un an et demi (+4,3 %), compensant le fait que les entreprises ont puisé dans leurs stocks plutôt que d’en produire de nouveaux et ont réduit leurs investissements (-0,6 %). 

Les échanges, handicapés non seulement par les incertitudes autour de la guerre commerciale menée par le président, Donald Trump, mais aussi par la faiblesse de l’économie mondiale, ont porté un coup à la croissance trimestrielle américaine. Les exportations ont ainsi chuté de 5,2 %, leur plus mauvais score en neuf mois depuis que l’administration Trump a entamé son bras de fer commercial avec la Chine.

Mais les consommateurs ont davantage dépensé dans les voitures, l’habillement, l’alimentation et les restaurants. Les dépenses de consommation pèsent quelque 15 000 milliards de dollars en rythme annuel, dont deux tiers dans les services, pour un PIB total de 21 300 milliards. 

Quel impact sur la Fed ?

Signe que ce relatif dynamisme de la consommation pourrait continuer au prochain trimestre, l’indicateur des ventes finales, qui exclut les stocks et est considéré comme une bonne mesure des dépenses des consommateurs, des entreprises et des services publics, a progressé de 3 %, soit plus que le rythme général de la croissance.

Les dépenses du gouvernement, qui ont fait un bond de 5 %, le plus fort en dix ans, ont aussi largement participé à ce résultat. Elles ont été dopées par un rattrapage de dépenses liées au « shutdown » (fermeture partielle) des services administratifs intervenu à la fin de l’année dernière. 

Ces chiffres meilleurs que prévu sont publiés avant la réunion monétaire de la Banque centrale (Fed) la semaine prochaine, au cours de laquelle l’institut monétaire s’apprête, selon les marchés, à abaisser les taux pour soutenir l’activité. La Fed s’inquiète surtout de la faiblesse de l’inflation. 

Le relatif dynamisme annoncé pour ce trimestre passé pourrait modifier les attentes des marchés sur le nombre ou l’ampleur des baisses de taux qu’ils prévoient. Pour l’instant, selon l’évolution des produits à terme étudiée par CME Group, il y a plus de 80 % de chances que la Fed réduise les taux d’un quart de point de pourcentage (0,25 %) mercredi et 60 % qu’elle le fasse encore en septembre.

Mais pour Ian Shepherdson, économiste en chef de Pantheon Macroeconomics, « l’économie n’est pas à plat et n’a pas besoin d’une action de la Fed pour la revigorer (mais elle l’aura quand même) ».

Il ajoute que les futures données économiques vont montrer « qu’une seule réduction des taux fait (sic) plus de sens que de continuer à baisser » le coût du crédit.

Le département du Commerce a, par ailleurs, publié vendredi une révision des comptes de la nation sur cinq ans. Elle montre que fin 2018, la croissance a été bien moins bonne qu’estimée (1,1 % en rythme annuel au quatrième trimestre au lieu de 2,2 %) au moment où la Fed a décidé de relever les taux d’intérêt, ce qui lui a valu les critiques acerbes de Donald Trump. 

Cette réévaluation a donné aussi lieu à une révision à la baisse de la croissance en glissement annuel du dernier trimestre 2017 au dernier trimestre 2018. Celle-ci s’inscrit désormais à 2,5 %, au lieu de 3,1 % comme estimés précédemment, bien en dessous de la barre des 3 % revendiquée par Donald Trump.

La croissance pour l’année calendaire 2018 n’a toutefois pas été révisée et reste à 2,9 %.