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La Chine souhaite rester un moteur pour l’économie mondiale

Le courrier des lecteurs|Publié le 03 août 2020

La Chine souhaite rester un moteur pour l’économie mondiale

Cong Peiwu, Ambassadeur de la Chine au Canada (Photo: courtoisie)

Par S.E.M. Cong Peiwu, Ambassadeur de la Chine au Canada

COURRIER DES LECTEURS. En 2020, plusieurs enjeux bouleverseront l’échiquier mondial. La pandémie du nouveau coronavirus (COVID-19) apporte plusieurs facteurs d’instabilité et d’incertitude pour le monde entier. Le manque de forces motrices solides pour la croissance mondiale, le retard dans la gouvernance économique, le développement déséquilibré et d’autres questions épineuses n’ont pas encore été résolues. Ces facteurs se traduisent par des défis économiques encore plus grands. Une récession brutale de l’économie mondiale et un accroissement du chômage ont eu de graves impacts sur la vie des populations. Cette année, plusieurs institutions internationales, dont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ont prévu à plusieurs reprises une baisse de la croissance mondiale, prédisant que la plupart des entités économiques entreront dans une récession.

La Chine a toujours soutenu que son développement procure des opportunités au reste du monde, au lieu de menaces. Ces dernières années, le taux de contribution de l’économie chinoise à la croissance mondiale a dépassé 30%. Face à la crise mondiale actuelle, l’économie chinoise a connu une reprise stable et a insufflé une confiance précieuse à l’économie mondiale. Nous y voyons un rayon d’espoir. La croissance chinoise a atteint 3,2% au deuxième trimestre de cette année en opposition à une décroissance de 6,8% au premier trimestre. L’économie chinoise affiche une tendance positive alors que la valeur ajoutée de la production industrielle est en hausse de 4,4%. La valeur ajoutée du secteur des services a quant à elle connu une augmentation de 1,9%. Il convient de souligner que ces deux indices avaient respectivement enregistré une baisse de 8,4% et de 5,2% au premier trimestre.

La reprise économique chinoise se poursuit sur des bases stables qui présentent des perspectives encourageantes pour la reprise continue de l’économie chinoise dans la seconde moitié de l’année. Ce mouvement contribuera à l’essor de la croissance mondiale et fournira plus d’opportunités à une coopération pragmatique entre la Chine et le Canada. Récemment, j’ai participé à un webinaire organisé par le Conseil d’affaires Canada-Chine (CCBC). À cette occasion, j’ai échangé avec plus de 150 représentants issus des milieux industriel et commercial de plusieurs régions canadiennes au sujet de la conjoncture de l’économie chinoise et de la coopération économique et commerciale entre la Chine et le Canada. Lors de l’événement, nos partenaires venant des milieux industriel et commercial canadiens ont montré de l’enthousiasme et de la confiance face à cette conjoncture, ce qui m’a apporté beaucoup de réconfort et d’encouragement. Des perspectives prometteuses s’ouvrent donc à une coopération sino-canadienne pragmatique pour l’après-COVID-19.

Dans le secteur des services, le Canada se distingue remarquablement dans l’enseignement supérieur. La Chine encourage d’ailleurs ses étudiants à étudier au Canada et invite les universités canadiennes à développer davantage de programmes de coopération avec la Chine. À l’heure actuelle, quelque 230 000 étudiants chinois font leurs études au Canada. Le pays représente d’ailleurs une destination préférée des voyageurs chinois. Chaque année, plus de 1,5 million de touristes font la navette entre les deux pays. Nous sommes convaincus que dans le futur, plus d’étudiants et de voyageurs chinois choisiront le Canada. En promouvant les échanges humains et culturels entre nos deux parties, ils contribueront davantage à la croissance économique et à la création d’emplois au Canada.

Quant au secteur du commerce des biens, la Chine honore activement ses engagements pris lors de l’admission à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En 2019, nous avons abaissé de nouveau le niveau global des tarifs douaniers à 7,5%. La Chine adopte toujours une attitude positive face à l’importation des produits sûrs et de qualité. Nous encourageons l’importation d’encore plus de produits sûrs et de qualité depuis le Canada. Nous sommes d’ailleurs disposées à importer plus de minerais de fer, de pâte de bois et d’autres produits en provenance du Québec. Nous n’avons pas souhaité politiser les échanges économiques et nous avons rétabli l’importation de la viande canadienne en novembre dernier. Entre janvier et mai dernier, l’exportation de viande porcine du Canada vers la Chine a atteint une valeur de 679 millions de dollars canadiens soit une augmentation de 109,2% comparativement à l’année dernière. C’est assurément une bonne nouvelle pour le Québec.

En ce qui concerne l’investissement, la Chine s’engage à ouvrir les opportunités dans plus de domaines et de façon plus approfondie. La Chine ne refermera jamais sa porte et son ouverture s’élargira chaque jour davantage. La partie chinoise encourage les entreprises canadiennes, surtout celles des domaines où le Canada dispose des avantages évidents, tels que l’énergie propre, la santé, l’informatique et la communication, l’aérospatiale, les finances et le sport d’hiver, à investir chez nous afin d’aussi profiter du développement de la Chine. Bombardier, la Banque de Montréal, Tim Horton’s, Canada Goose et bien d’autres entreprises canadiennes servent de modèle d’investissement canadien en Chine.

Le monde connaît des changements profonds dans l’après-COVID-19. Quoiqu’il en soit, nous sommes d’avis qu’une économie mondialisée restera toujours un courant progressif de l’histoire. Le partage du travail et la coopération gagnant-gagnant entre les pays représentent une tendance générale. La Chine et le Canada partagent une vision similaire sur des questions majeures, concernant la paix et le développement de l’humanité, telles que le maintien du multilatéralisme et du libre-échange, le soutien à l’Organisation des Nations unies (ONU), à l’OMC et à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et à la lutte contre le changement climatique. Depuis le début de juillet, 12 pays dont la Chine et le Canada ont lancé une initiative conjointe visant à maintenir les chaînes industrielles mondiales. Cette collaboration a attiré une grande attention et reçu une appréciation de la communauté internationale.

Actuellement, les relations sino-canadiennes rencontrent de sérieuses difficultés. Nous espérons que le gouvernement canadien reconnaît adéquatement le nœud du problème et prendra une décision rapidement afin d’éliminer les principaux obstacles aux relations bilatérales. En parallèle, nous souhaitons que les personnalités des milieux industriel et commercial du Canada saisissent les opportunités de la coopération économique et commerciale entre la Chine et le Canada dans l’après-COVID-19. Ils pourront ainsi contribuer à approfondir la coopération pragmatique entre les deux pays et à réaliser des bénéfices réciproques.