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Des agriculteurs européens manifestent; l’UE y va de concessions

La Presse Canadienne|Publié le 31 janvier 2024

Des agriculteurs européens manifestent; l’UE y va de concessions

(AP Photo/Thibault Camus)

Les agriculteurs ont bloqué mercredi davantage d’artères de circulation en Belgique, en France et en Italie, alors qu’ils cherchaient à perturber le commerce dans les principaux ports et d’autres secteurs importants de l’économie.

Les manifestants se sont également rapprochés de Bruxelles à la veille d’un sommet majeur de l’Union européenne, dans le but d’obtenir de meilleurs prix pour leurs produits et moins de bureaucratie dans leur travail.

Les manifestations ont eu un impact immédiat, mercredi. La Commission européenne a annoncé son intention de protéger les agriculteurs des exportations bon marché de l’Ukraine en temps de guerre et de permettre aux agriculteurs d’utiliser certaines terres qui avaient été contraintes de rester en jachère pour des raisons environnementales.

Les plans doivent encore être approuvés par les États membres et le Parlement, mais ils constituent une concession soudaine et symbolique.

«Je voudrais juste les rassurer sur le fait que nous faisons tout notre possible pour écouter leurs préoccupations. Je pense que nous répondons actuellement à deux [préoccupations] très importantes», a déclaré le vice-président de la Commission européenne, Maroš Šefčovič.

Les rassemblements font partie des manifestations agricoles dans les 27 pays de l’UE et ont démontré comment quelques centaines de tracteurs seulement pouvaient gêner la circulation dans les capitales, de Berlin à Paris, en passant par Bruxelles et Rome. Des millions de personnes à travers le bloc ont été confrontées à des perturbations et ont eu du mal à se rendre au travail, ou ont vu leurs rendez-vous chez le médecin annulés parce que les manifestations leur bloquaient le chemin.

«Cela a évidemment un impact économique majeur. Non seulement pour notre entreprise, mais pour de nombreuses entreprises en Flandre et en Belgique», a souligné Sven Pieters de la société de transport ECS du port belge de Zeebrugge, sur la mer du Nord.

En Belgique, le point culminant est prévu jeudi, lorsque les agriculteurs envisagent de manifester devant le siège de l’UE lors d’un sommet des chefs de gouvernement. Ils chercheront à inscrire leurs questions à l’ordre du jour du sommet et à obtenir des concessions sur les charges financières auxquelles ils sont confrontés et sur la concurrence accrue de pays aussi éloignés que le Chili et la Nouvelle-Zélande.

«Il est important que nous les écoutions», a déclaré le premier ministre belge Alexander De Croo.

«Ils sont confrontés à des défis gigantesques» sur l’adaptation au changement climatique et la lutte contre la pollution de l’environnement, a-t-il ajouté.

La Belgique assure actuellement la présidence de l’UE et Alexander De Croo a indiqué qu’il aborderait la question lors du sommet comme un ajout tardif à un agenda centré sur l’aide à l’Ukraine, après l’invasion russe il y a près de deux ans.

Le président français Emmanuel Macron a dit qu’il souhaitait retarder la conclusion d’un accord de libre-échange avec les pays d’Amérique du Sud en raison de l’opposition véhémente des agriculteurs européens et qu’il discuterait de la question lors du sommet.

Malgré les inconvénients généralisés, les gouvernements de l’UE traitent les manifestations, qui ont été pour la plupart pacifiques, avec une extrême prudence.

Les agriculteurs espagnols étaient également prêts à ajouter leur poids aux protestations. Les trois principales associations agricoles espagnoles ont convenu de lancer des manifestations dans les semaines à venir pour exiger des changements dans ce qu’elles qualifient des politiques européennes trop restrictives.