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Biden dévoile un budget aux allures de programme de campagne

AFP|Publié le 09 mars 2023

Le démocrate de 80 ans a multiplié les appels du pied aux électeurs de Donald Trump.

Philadelphie — Promesses sociales, taxes sur les riches: Joe Biden a présenté jeudi un projet de budget qui a peu de chances d’être adopté au Congrès, mais a des allures de programme de campagne pour 2024, ciblant le camp républicain de Donald Trump.

«Mon projet est centré sur l’investissement aux États-Unis […], y compris [pour] les endroits et les gens qui ont été oubliés», a lancé le président démocrate.

Lors d’un discours dans des locaux syndicaux à Philadelphie, dans une Pennsylvanie stratégique pour les élections, Joe Biden, qui officiellement n’a que «l’intention» de se représenter en 2024, semblait déjà en campagne.

Le démocrate de 80 ans a multiplié les appels du pied aux électeurs de Donald Trump, au slogan «Make America great again» («Rendre à l’Amérique sa grandeur»), ou «MAGA». Et a tenté de montrer à la classe moyenne américaine que les mesures qui lui sont favorables viennent du camp démocrate, et non républicain.

Il assure pouvoir réduire le déficit de près de 3 000 milliards sur 10 ans, un pied de nez à l’opposition républicaine, qui lui reproche régulièrement des dépenses inconsidérées.

Les mesures les plus fortes de son projet n’ont toutefois aucune chance ou presque de passer la barrière du Congrès, car, depuis le début de l’année, les démocrates ne contrôlent plus que le Sénat, l’autre chambre, celle des représentants, étant désormais dominée par les républicains.

Le président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a qualifié ce budget de «proposition imprudente qui reproduit les mêmes politiques de dépenses d’extrême gauche qui ont conduit à une inflation record et à notre crise actuelle de la dette».

Joe Biden s’est dit «prêt à le rencontrer à n’importe quel moment demain».

 

«Juste part»

Les républicains sont bien décidés à ne laisser passer aucune hausse d’impôt.

Or, pour financer son budget, le président américain veut relever le taux d’imposition des entreprises à 28%, contre 21% aujourd’hui, et 35% avant que Donald Trump ne l’abaisse en 2017.

«Je veux réduire les impôts, ils veulent réduire les impôts pour les riches et les grandes entreprises», a taclé Joe Biden.

Autre source supplémentaire de revenus envisagée par le démocrate, l’introduction d’un impôt minimum de 25% pour les milliardaires, soit les 0,01% d’Américains les plus riches. 

«Nous devons demander aux plus riches et plus grandes entreprises de commencer à payer leur juste part», a-t-il dit.

Cela doit permettre de financer la mesure phare du projet: assurer pour 25 années supplémentaires le financement d’un régime d’assurance maladie bénéficiant aux Américains de plus de 65 ans, le «Medicare», sans toucher aux prestations.

«Si les républicains MAGA au Congrès essaient d’abroger la loi (…), je ne les laisserai pas faire», a promis Joe Biden.

 

«Big Pharma» et «Big Oil»

Il a également joué sur la corde sensible de la sécurité pour tenter de séduire l’électorat républicain: «mon budget prévoit des investissements solides dans notre armée et notre défense. Voyons ce que proposent les Républicains MAGA», nom donné à ceux réputés proches de Donald Trump.

Côté dépenses, il entend en réduire certaines jugées «inutiles», ciblant notamment «Big Pharma», c’est-à-dire le secteur pharmaceutique, et «Big Oil», l’industrie pétrolière, à laquelle il reproche régulièrement des profits excessifs.

Cette présentation de budget intervient sur fond de bras de fer sur un autre sujet financier, autrement plus urgent: le «relèvement du plafond de la dette».

Les États-Unis, seule puissance industrialisée dans ce cas, doivent régulièrement augmenter, via un vote du Congrès, la capacité d’endettement du gouvernement.

Or ce vote, qui a longtemps été une formalité, est de plus en plus politisé.

Kevin McCarthy, assure que ses troupes ne voteront pas pour relever le plafond de la dette tant que Joe Biden ne bridera pas la dépense publique. Le démocrate, lui, refuse jusqu’ici de négocier, faisant valoir que la dette accumulée au cours des ans par le pays est une responsabilité partagée.

«Il a fallu 200 ans pour accumuler cette dette. […] Et d’ailleurs, le président Trump, quand il était président, a augmenté la dette nationale de 25%, en quatre ans seulement», a souligné Joe Biden.

L’enjeu n’est pas mince: si le bras de fer se prolonge trop, les États-Unis seraient sous la menace d’un défaut de paiement, du jamais-vu, à partir de juillet.