Une enquête sur l’entreprise Guess concernant le travail forcé
La Presse Canadienne|Publié le 11 Décembre 2023L’ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises, Sheri Meyerhoffer (Photo: La Presse Canadienne/Sean Kilpatrick)
L’ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises (OCRE) a annoncé lundi lancer une enquête à l’endroit de l’entreprise de vêtements Guess pour des liens possibles avec le travail forcé des Ouïghours en Chine.
L’ombudsman Sheri Meyerhoffer affirme que l’entreprise n’a pas fait suffisamment pour prouver qu’elle n’a pas de relations d’approvisionnement avec des entreprises chinoises qui obtiennent des matériaux auprès d’usines qui emploient des personnes forcées à travailler.
Guess conteste cette affirmation, en disant que Mme Meyerhoffer manque de preuves crédibles et que les trois entreprises chinoises qu’elle cite ne font pas partie de sa liste de fournisseurs.
Sheri Meyerhoffer indique que Guess a également fait valoir qu’elle n’avait pas l’autorité pour examiner l’affaire, puisque la filiale canadienne n’est pas impliquée dans les travaux effectués à l’étranger.
L’organisme de surveillance a lancé cette année des enquêtes similaires sur les succursales canadiennes d’entreprises telles que Levi Strauss, Walmart, Hugo Boss et Nike.
La Chine a fermement rejeté les allégations selon lesquelles le travail forcé a lieu, affirmant qu’elles ne sont pas fondées sur des preuves et qu’elles visent à diffamer Pékin.
Les Nations unies ont constaté en 2022 que la Chine avait commis de graves violations des droits de la personne contre les Ouïghours et d’autres minorités musulmanes dans la province du Xinjiang, qui «pourraient constituer des crimes internationaux, en particulier des crimes contre l’humanité».
Pékin a contesté cette information.
«Bien que Guess Canada ait fourni des renseignements sur ses politiques en matière de diligence raisonnable, elle n’a pas répondu à la plainte déposée contre elle. C’est pourquoi nous procéderons à une enquête basée sur la recherche indépendante des faits», a écrit Sheri Meyerhoffer, dans un communiqué de presse.
«La réponse de Guess Canada ne tient pas compte de la complexité de la chaîne d’approvisionnement du secteur du vêtement.»
Son rapport indique que Guess Canada a demandé qu’une partie des informations fournies à son bureau restent confidentielles et qu’elles ne soient pas divulguées aux personnes qui ont déposé la plainte, qui sont pour la plupart des groupes de défense des Ouïghours.
Pourtant, Sheri Meyerhoffer affirme que la société n’a pas précisé, lorsqu’elle a été interrogée, quelles parties de certains documents qu’elle avait fournis devaient rester privées, et son rapport ne mentionne donc pas les détails de la réponse de Guess Canada.