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Mise à jour économique: Québec «manque de cohérence», selon la FCCQ

François Normand|Mis à jour le 21 novembre 2024

Mise à jour économique: Québec «manque de cohérence», selon la FCCQ

Véronique Proulx (Photo: courtoisie)

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) affirme que la mise à jour du ministre des Finances, Eric Girard, est «insuffisante» et «manque de cohérence» pour aider les entreprises à investir et à accroître leur productivité en prévision de l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier.

La plus grande menace pour le Québec (et l’ensemble du Canada) est la volonté de la prochaine administration républicaine d’imposer des tarifs de 10 à 20% sur toutes les importations aux États-Unis, incluant celles en provenance du Canada — malgré le libre-échange nord-américain.

En entrevue à Les Affaires, la PDG de la FCCQ, Véronique Proulx, déplore que le ministre n’a justement pas appuyé sur les leviers pour stimuler l’investissement et la productivité pour aider nos entreprises à limiter l’effet de ce choc tarifaire, qui aura à coup sûr des répercussions sur les ventes et la marge bénéficiaire de plusieurs entreprises.

«Avec l’administration Trump qui s’en vient, dans le contexte où les gouvernements ont coupé de façon significative les niveaux d’immigration, notamment l’immigration temporaire, on n’aura pas le choix d’augmenter notre productivité. Il faut augmenter notre productivité et pour ça, il faut investir davantage», dit-elle.

Lire aussi: ANALYSE – Comment vacciner votre entreprise contre les tarifs de Trump?

L’économie du Québec est très à risque

Le Québec exporte environ 50% de son PIB, dont 75% est acheminé sur le marché américain, selon les données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). En outre, près de 40% de nos importations proviennent des États-Unis.

Selon Véronique Proulx, cela met aussi nos entreprises à risque si Ottawa contre-attaque à d’éventuels tarifs de Washington par ses propres tarifs, comme en 2018, quand la première administration Trump avait imposé des tarifs de 10% sur l’aluminium et de 25% sur l’acier en provenance du Canada.

«Ce qui avait le plus fait mal aux entreprises québécoises ce sont les contre-mesures que le fédéral avait annoncées», fait-elle remarquer.

Si la nouvelle administration Trump impose des tarifs de 10 à 20% sur les importations canadiennes, ce ne sont pas les exportateurs québécois qui paieront cette taxe, mais les importateurs aux États-Unis qui achètent des produits au Québec.

Rappelons que des tarifs douaniers visent à favoriser les achats locaux dans une économie au détriment des entreprises étrangères.

Aussi, les importateurs américains auront sensiblement deux options si Trump met sa menace à exécution:  

  • Cesser d’acheter certains produits au Canada qui seront devenus trop dispendieux pour se rabattre sur des biens similaires fabriqués aux États-Unis ; 
  • Continuer d’acheter des produits canadiens nichés et assez uniques, et ce, pour soit refiler la taxe de 10% à 20% aux consommateurs américains (des particuliers et/ou des entreprises) ou accepter de réduire leur marge bénéficiaire afin de ne pas trop faire augmenter les prix. 

Un «manque de cohérence»

Pour les exportateurs québécois, la seule façon de continuer à vendre des produits dans ce contexte est d’améliorer leur productivité par heure travaillée, et ce, dans l’espoir de pouvoir réduire leur coût unitaire de production et diminuer leur prix de vente.

C’est sans parler du fait que la diversification des marchés ne se fait pas en criant ciseau, et que cela prend un certain temps à déployer cette stratégie commerciale, selon Véronique Proulx.

Aussi, force est de constater que le gouvernement de François Legault n’a pas fait cette lecture de la situation et qu’il n’a pas tenu compte du nouveau contexte nord-américain, selon la PDG de la FCCQ.

«On réduit les niveaux d’immigration et on veut augmenter les tarifs d’électricité. Ça va nuire à la compétitivité de nos grands industriels, mais ça va aussi s’ajouter aux coûts des PME. Après ça, on dit aux entreprises qu’elles doivent investir et augmenter leur productivité. Il y a un manque de cohérence», déplore-t-elle.