Une crise du logement en vue ?


Édition du 08 Avril 2017

Une crise du logement en vue ?


Édition du 08 Avril 2017

Par Matthieu Charest

C’est une chose de construire des résidences privées, ­mais ­nos aînés en ont-ils les moyens ?

Tant mieux si la quantité de logements pour personnes âgées augmente, la demande est là. Le hic, c'est que ces unités sont de plus en plus chères. Selon le ministère de la Famille du Québec, le revenu disponible pour les citoyens de 65 ans et plus en 2012 était de 28 000 $, alors qu'un an plus tard, en 2013, il chutait à 27 200 $. Et les femmes sont de loin les moins nanties, avec 23 000 $ de revenus moyens comparés à 32 300 $ pour les hommes en 2013. Et comme Les Affaires l'a découvert, la progression des unités qui coûte plus de 1 600 $ par mois est en hausse depuis au moins 2015. Bref, c'est bien de construire des résidences privées, mais est-ce que nos aînés peuvent se le permettre ? Nous en avons discuté avec Hélène Pigot, professeure à la Faculté des sciences de l'Université de Sherbrooke et chercheuse au Centre de recherche sur le vieillissement.

LES AFFAIRES - Est-ce que nos personnes âgées peuvent s'offrir des places en résidences privées ?

Hélène Pigot - Certaines personnes oui, mais d'autres vont devoir rester à domicile, dans des conditions souvent difficiles. Il n'y a pas beaucoup d'offres dans les logements abordables, comme des coopératives, et éventuellement, la société va devoir y faire face. Autre problème, c'est que quand ces gens-là vont connaître des problèmes de santé, qu'ils vont se dégrader, ils vont devoir aller en CHLSD. Et ces centres d'hébergement et de soins longue durée manquent de ressources. Les employés sont débordés. En fait, tant que les personnes âgées ont de l'argent et sont en santé, ça va. Mais même si quelqu'un a des moyens, et je sais que les employés des résidences privées ont bon coeur et veulent les garder, si elles sont malades, on a un problème. Aucun doute, il faut absolument investir plus d'argent.

L.A. - Selon vous, il faut donc investir plus de ressources, mais en quoi ? Et est-ce qu'il existe des modèles intéressants desquels nous inspirer ?

H.P. - Nous sommes toujours dans une logique «hôpital» ou d'interventions chirurgicales. Il faut vraiment s'attaquer au maintien à domicile. C'est sûr que ça coûte moins cher à l'État que les gens restent chez eux, s'ils le veulent. Je crois qu'au Québec, nous sommes des élèves plutôt médiocres en ce qui a trait aux soins pour nos personnes âgées. En Finlande, par exemple, ils sont très avancés sur l'équipement technologique. C'est possible de savoir si une personne qui reste chez elle et qui a un problème d'ordre cognitif suit son rythme normal avec des outils connectés, ou si la personne sort moins que d'habitude. On peut le savoir avec des objets connectés. En France aussi, je trouve, les assureurs ont compris que d'investir dans les soins et les outils technologiques pour personnes âgées, c'est une bonne idée. Au Québec, je sens un éveil, mais les compagnies d'assurances n'ont pas encore compris que ça leur coûterait beaucoup moins cher d'investir dans nos aînés.

JLA - Quels sont les outils qui pourraient nous aider à prendre soin des citoyens québécois vieillissants ?

H.P. - Nous travaillons sur des applications qui sont adaptées, avec un graphisme et une taille de caractères qui conviennent aux personnes âgées. Ça peut être aussi simple que des applications sur téléphone intelligent qui les aident à faire la cuisine, à leur rappeler que les ronds du four sont allumés. Ou encore, des objets connectés qui nous avertissent si les personnes sont levées ou pas, ou qu'ils ont des rendez-vous médicaux qui sont prévus. Ça sauve beaucoup de temps au personnel. Il nous faut absolument investir là-dedans.

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