Les dead malls reprennent vie

Offert par Les Affaires


Édition du 06 Août 2015

Les dead malls reprennent vie

Offert par Les Affaires


Édition du 06 Août 2015

Par Matthieu Charest

Immobilier – Aux États-Unis, non seulement la taille du parc immobilier consacré au commerce de détail atteint des records, mais la quantité de ces centres ne cesse d’augmenter. Or, même si l’appétit de nos voisins du Sud pour les boutiques ne se dément pas, le marché a ses limites. Résultat, pour faire place à de la nouveauté, des centaines de centres commerciaux démodés, parmi les plus vieux, sont abandonnés. Et dans ces cimetières de béton, certains ont déniché des occasions d’affaires.

Plus beaux, plus gros, plus spectaculaires, les nouveaux complexes commerciaux sont devenus de véritables destinations. Entre 2012 et 2013, ce sont 819 nouveaux « shopping centers » qui ont ouvert leurs portes aux États-Unis, soit un ajout de 23,2 millions de mètres carrés au parc immobilier commercial, d’après un rapport publié par Cushman & Wakefield en 2014.

Une multitude de centres commerciaux

Selon la firme de courtiers et de consultants en immobilier, le pays compte désormais 35 590 centres commerciaux de plus de 5 000 pi2. C’est près de 27 fois plus qu’au Canada (1 320 centres), 57 fois plus qu’en Chine et 5 fois plus qu’en Europe (34 pays étudiés), où, Russie comprise, la population représente plus ou moins 2,35 fois celle des États-Unis.

Cherchez l’erreur.

« Nous [Américains] avions beaucoup trop d’espace consacré au commerce de détail. Au 20e siècle, nous avons construit beaucoup trop de centres », dit Ellen Dunham-Jones, architecte et professeure à Georgia Tech, citée par le mensuel The Atlantic.

Et avec l’essor du commerce en ligne couplé aux nouveaux designs commerciaux (pensons ici au Dix30), l’experte a estimé à 400 le nombre de centres abandonnés ou en voie de fermer dans le pays. Des  malls qui entrent souvent dans la catégorie dite enclosed (refermés sur eux-mêmes, où tout est à l’intérieur). Bref, de gigantesques complexes vides parsèment le territoire.

Et la présence de ces sarcophages de mortier n’est pas sans conséquence. Selon une étude réalisée par la Kellogg School of Management de la Northwestern University, ces fermetures « ont un effet domino. Il y a détérioration de l’économie dans le secteur environnant ».

Heureusement, certains entrepreneurs ont flairé des occasions d’affaires dans ces lieux abandonnés. Plusieurs de ces centres ont fini par trouver preneurs afin d’être transformés en bureaux, écoles, églises, cliniques et autres. D’ailleurs, la professeure Dunham-Jones a répertorié 211 projets de reconversion de dead malls aux États-Unis.

La variante québécoise du phénomène

Si le phénomène des dead malls semble propre aux États-Unis, c’est que la quantité des centres commerciaux abandonnés est plus importante. Or, il s’agit d’un courant nord-américain qui touche aussi le Québec. « Nous faisons partie de ce paradigme », dit Michel Max Raynaud, directeur de l’Observatoire Ivanhoé Cambridge du développement urbain et immobilier de l’Université de Montréal.

Au Québec, le courant prend plutôt la forme de grands magasins abandonnés, de grandes surfaces que de centres en entier, précise M. Raynaud. « Comme avec les Target, lance-t-il. Regardez le nombre de power centers qui sont à peu près à l’abandon chez nous. Regardez le boulevard Taschereau sur la Rive-Sud [de Montréal] : plusieurs magasins ont fermé ou sont occupés par des commerces secondaires, des Dollarama par exemple. »

« Pourquoi s’embêter à rénover quand on a l’espace pour construire du neuf à côté ? C’est beaucoup plus rentable. La valeur architecturale de ces centres n’est pas très importante. En fait, ça n’a aucune valeur. Quand les gens ne viennent plus, on ferme, et on recommence ailleurs », souligne l’expert.

Et comme aux États-Unis, ces pieds carrés en déclin représentent pourtant de belles occasions d’affaires. « On pourrait y faire autre chose, absolument, martèle l’expert. Des écoles, des entreprises d’économie sociale, etc. Mais on n’y réfléchit pas. Le politique regarde plutôt passer le train. »

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