Le nombre de ménages sans logement pourrait continuer d'augmenter

Publié le 04/07/2022 à 07:43

Le nombre de ménages sans logement pourrait continuer d'augmenter

Publié le 04/07/2022 à 07:43

Par La Presse Canadienne

La période d’hébergement des familles sans logis «commence à se compter en semaines plutôt qu’en jours», voire en mois, constate la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme. (Photo: La Presse Canadienne)

Le nombre de ménages québécois sans logement, pour l’instant 600, «pourrait continuer d’augmenter dans les prochains jours», a prévenu samedi la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, en conférence de presse à Montréal.

L’organisme présentait son annuel bilan du lendemain des déménagements du 1er juillet. À l’avant-veille de cette date, c’était 750 ménages qui couraient le risque de se retrouver dans cette situation.

Pour l’instant, les 600 ménages recensés sont accompagnés par un service d’aide. Ils sont «pour la plupart hébergés chez des proches» et «certains sont hébergés par des municipalités ou par la Croix-Rouge», a expliqué Mme Laflamme.

À Montréal, on indique que 118 ménages sont accompagnés, dont 25 sont temporairement hébergés. «Notons que tout s’est bien déroulé jusqu’ici, bien que les deux dernières journées aient été fort achalandées, a écrit un représentant de la Ville. Nous avons pu trouver des solutions permanentes ou temporaires pour les ménages montréalais qui nous ont contactés afin que personne ne se retrouve à la rue.»

Cependant, ce nombre pourrait selon elle encore grimper au cours du mois, comme «l’an dernier, on a vu que la situation a continué de se détériorer dans les jours qui ont suivi le 1er juillet», une tendance inédite.

En effet, les 600 ménages comptabilisés ne pourraient être que la pointe de l’iceberg, d’après Mme Laflamme, comme d’autres pourraient ne pas s’être manifestés auprès des autorités. Elle pense entre autres à ceux qui «sont dans des logements trop petits, des logements insalubres, des personnes aînées qui vivent chez leurs enfants, des jeunes qui sont obligés de retourner chez leurs parents parce que c’est bien trop cher. Ce n’est pas tenable. Comme société, ça nous amène d’autres problèmes sociaux qui vont nous péter au visage.»

De plus, la période d’hébergement des familles sans logis «commence à se compter en semaines plutôt qu’en jours», voire en mois, a-t-elle constaté. «Plus ça s’étire, et plus on a de risque que des gens passent au travers des mailles du filet», a-t-elle soutenu, appelant le gouvernement provincial à «s’assurer que les mesures d’aide qui ont été annoncées pour le 1er juillet soient en place jusqu’à ce que tout le monde soit relogé».

Autre phénomène récent: la crise du logement ne touche pas que les grandes villes, mais aussi plusieurs municipalités en région. Le FRAPRU estime que 135 des ménages dans le besoin sont situés à Drummondville, soit davantage qu’à Montréal (118) et qu’à Québec (55). Ce nombre atteint aussi 50 à Sherbrooke, 24 à Trois-Rivières, 23 à Cowansville et 20 à Granby. Pendant ce temps, Joliette et Rimouski comptent chacune 10 familles sans logis.

Selon la dernière enquête annuelle de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), publiée en février dernier, une trentaine de municipalités québécoises affichaient un taux d’inoccupation en deçà de 1% pour les appartements et maisons en rangée d’initiative privée. Parmi celles-ci, on comptait Granby (0,1%), Drummondville (0,2%), Rimouski (0,2%), Joliette (0,5%), les régions métropolitaines de Sherbrooke (0,9%) et de Trois-Rivières (0,9%). En moyenne, les centres de 10 000 habitants et plus avaient un taux d’inoccupation de 2,5%. La région métropolitaine de Montréal, de son côté, avait un résultat légèrement supérieur, avec 3,0%.

 

Logements sociaux attendus

Avant son arrivée au pouvoir, François Legault avait promis de créer 15 000 logements sociaux lors de son mandat, qui arrivera à échéance en octobre prochain.

La ministre de l’Habitation, Andrée Laforest, «a répété dans les derniers jours qu’on avait livré la marchandise, mais quand on regarde les derniers chiffres qui sont publiés sur le site de l’Assemblée nationale lors de l’étude des crédits, c’était à peine 5000 logements qui avaient été livrés», a déclaré Mme Laflamme.

Le cabinet de la ministre a indiqué par courriel que plus de 8000 sont soit construits, soit en chantier, sans préciser dans quelle proportion, et qu’un nombre semblable est aussi «en voie de réalisation». En tout, «nous avons financé la construction de plus de 15 000 logements sociaux et abordables depuis 2018», a-t-on affirmé.

Pendant ce temps, la création de 6000 logements sociaux est en attente à Montréal, alors que Québec et Ottawa ne s’entendent pas sur les modalités de financement.

Mme Laflamme a aussi critiqué ce qu’elle considère comme un manque d’action de la part du fédéral, disant que «sa stratégie nationale sur le logement, elle s’est éparpillée dans une panoplie d’initiative», dont le Fonds national de co-investissement pour le logement, qui est en cause dans la mésentente entre les deux paliers de gouvernance.

D’après elle, si le gouvernement canadien ne fonctionnait pas en silo, «ça ne nécessiterait pas une multitude d’ententes».

«Ça n’a pas d’allure que ça prenne quatre ans pour que les sommes qu’on nous annonce aboutissent au Québec, alors que les besoins sont si urgents, et on a l’impression que les gouvernements, les deux paliers, ne prennent pas la mesure de l’urgence de la situation.»

En réponse, le cabinet du ministre fédéral du Logement, Ahmed Hussen, a rappelé que le gouvernement a créé «la toute première Stratégie nationale sur le logement» et y a investi 72 milliards $ sur 10 ans.

Pour ce qui est des logis montréalais, il a fait valoir que «le Québec s’est doté d’une loi lui donnant le dernier mot sur le versement» des investissements et que c’est donc à la province de donner le feu vert. Mercredi dernier, la ministre Laforest avait plutôt dit que c’était la province qui attendait après la SCHL.

Service d’urgence de la Société d’habitation du Québec: 1 800 463-4315. Aide au logement de la Ville de Montréal: 311

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