À la chasse aux milléniaux


Édition du 25 Mars 2017

À la chasse aux milléniaux


Édition du 25 Mars 2017

Le complexe ­Humaniti, dans le ­Quartier international, est évalué à 200 millions de dollars.

Dans un marché soumis à une forte concurrence, les promoteurs doivent innover et créer de nouveaux milieux de vie pour séduire les acheteurs. Pleins feux sur les nouvelles modes dans le domaine de l'immobilier résidentiel.

Montréal n'est pas Toronto. La plupart des projets immobiliers prennent des mois, voire des années, à se vendre entièrement. «Pour cette raison, les promoteurs montréalais sont condamnés à innover pour se distinguer dans un marché hautement concurrentiel. Ils travaillent donc beaucoup plus fort à la mise en marché et au développement des services qu'à Toronto, où tout se vend presque sans effort», affirme Vincent Shirley, directeur de la recherche, évaluation et services-conseils au Groupe Altus.

Dans le centre-ville de Montréal, le marché le plus convoité, ce sont les milléniaux. Et pour les séduire, on met le paquet. «Ce que cette génération recherche avant tout, ce n'est pas du pied carré, mais un milieu de vie», affirme Mathieu Duguay, président et chef de l'exploitation chez Cogir, promoteur qui vient de lancer, en partenariat avec le Fonds immobilier de solidarité FTQ, l'important complexe Humaniti, évalué à 200 millions de dollars, dans le Quartier international.

Pour créer un milieu de vie attrayant, il faut proposer une panoplie de services. Les aménagements communs spacieux sur les toits, comprenant piscine, terrasse et bains à remous, sont devenus la norme. Les promoteurs vont maintenant plus loin en offrant la mixité des usages. Les espaces commerciaux fournissant des services complémentaires aux propriétaires investissent les complexes résidentiels. Par exemple, des épiceries, comme Adonis dans District Griffin, et Provigo Le Marché dans la tour de 50 étages de l'Avenue, près du Centre Bell, s'installent au rez-de-chaussée, servant d'argument de vente pour les promoteurs.

La mixité des usages est poussée encore plus loin dans le complexe Humaniti, qui comprendra un hôtel de 200 chambres, 335 logements locatifs, 140 copropriétés, 70 000 pieds carrés d'espaces de bureaux et 20 000 pieds carrés d'espaces commerciaux. Le but : créer une synergie entre toutes les composantes du complexe. «Les résidants, les travailleurs et les clients de l'hôtel partageront un large éventail de services qui seront accessibles à l'aide d'une application intelligente exclusive à notre projet», affirme Mathieu Duguay. Cette grande mixité des fonctions sera aussi la marque de commerce du mégaprojet Le Phare de Québec, du Groupe Dallaire.

La superficie des copropriétés se met également au régime, et pas juste à Montréal. Les petites copropriétés sont de plus en plus populaires à Laval et à Québec. «Mes microcondos de 325 pieds carrés se vendent comme des petits pains», affirme Sébastien Lessard, promoteur du projet Urbania 2, voisin du métro Montmorency. Marc Lachance, promoteur du projet Sommet 3V à Sainte-Foy, qui vend aussi des unités de 300 pieds carrés, constate que les acheteurs ne cherchent pas en priorité un prix abordable. «Ils veulent surtout se simplifier la vie», dit-il.

En vivant au coeur de l'action et près des transports en commun, les milléniaux s'affranchissent de la voiture. Résultat : la demande d'espaces de stationnement diminue, même à Laval, paradis de l'automobile. «Au lancement d'Urbania, en 2004, on offrait deux espaces de stationnement par unité. Aujourd'hui, on en propose un seul, et ça satisfait la majorité des clients», dit M. Lessard. Les voitures en autopartage et les stationnements de vélo prennent le relais.

Pour les familles, le rêve de la maison individuelle avec sa petite cour gazonnée fait de moins en moins l'unanimité. Autant en ville qu'en banlieue, dans les complexes de haute densité, de plus en plus de promoteurs proposent des maisonnettes destinées aux familles. «Les parents ne veulent plus perdre de temps en transport. Ils préfèrent sacrifier de l'espace pour s'approcher du boulot», dit Sébastien Lessard.

On assiste aussi à un retour en force des complexes locatifs neufs. «Les milléniaux sont plus mobiles que jamais. Ils cherchent moins à s'enraciner», explique Mathieu Duguay. En 2016, les appartements locatifs, excluant les résidences pour personnes âgées, ont constitué un quart des constructions neuves dans la grande région de Montréal, contre seulement 10 % en 2014. Dans la région de Québec, le secteur locatif traditionnel a accaparé 59 % des mises en chantier en 2016 ! Le statut de locataire fait de plus en plus d'heureux.

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