Les services publics déclinent et tout le monde s'en fiche


Édition du 11 Janvier 2014

Les services publics déclinent et tout le monde s'en fiche


Édition du 11 Janvier 2014

Si l'économie canadienne semble reprendre de la vigueur, en ce début d'année, on ne peut pas en dire autant des services publics qui s'effritent dans une quasi-indifférence gênante.

Il y a bien eu quelques protestations quand Postes Canada a simultanément annoncé la fin de la livraison du courrier à domicile, dans les grandes villes, et l'augmentation radicale du prix des timbres à compter de la fin mars. Mais la décision de Via Rail de fermer pratiquement toutes ses gares du Québec, dès novembre dernier, n'a pas causé beaucoup de remous. C'était cependant là un clou dans le cercueil de ce qui a été un symbole fondateur du Canada, le transport de passagers sur rails. Pourtant, à l'heure du transport collectif, la plupart des pays développés misent plus que jamais sur ce dernier. Mais ici, nenni.

On peut déjà en mesurer les conséquences et prévoir une autre baisse de l'achalandage, qui réduira d'autant le rapport de force de la société toujours dépendante du bon vouloir financier d'Ottawa.

Il n'y a donc plus de chef de gare, et les gens sont forcés d'attendre dehors, ou dans une voiture s'ils en ont une. En hiver, ce n'est pas commode, surtout quand le train tarde.

Une personne de ma famille devait nous retrouver à Montréal, pour la période des fêtes, et elle avait choisi de venir en train. Déjà que, par chez elle, il passe en pleine nuit... Sauf que cette fois-là, il n'est pas passé : la locomotive s'était brisée un peu plus tôt et le train a eu 10 ou 12 heures de retard.

Mais comment le savoir quand il n'y a personne pour vous informer ?

De guerre lasse, elle a fini par prendre l'autobus, une option efficace, et elle a pu nous rejoindre.

Pensez-vous qu'elle va songer au train la prochaine fois ?

Au moins, quelques gares plus importantes, comme celles de Saint-Lambert ou Drummondville, sont ouvertes 30 minutes avant et après le passage du train. Mais plus aucun service n'est fourni. Ne cherchez pas à y enregistrer des bagages.

On voudrait décourager la clientèle qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Et il serait trop facile de faire porter tout le blâme au fédéral pour cette dégradation du service. Le personnel a beau se démener, avec des équipements qui remontent parfois aux années 1950, la direction semble avoir jeté l'éponge. Et dire que certains nous font encore miroiter le rêve d'un TGV... Pour l'instant, on en est encore au Très Grand Vacuum.

Un triste spectacle

Arrive par-dessus le marché la déchéance des postes. On va me dire que les boîtes collectives sont aujourd'hui monnaie courante ailleurs que dans les grandes villes. Peut-être, mais le spectacle des personnes âgées qui s'aventurent périlleusement sur des trottoirs glacés ou mal déblayés serre le coeur. L'hiver est rude cette année. Il y en aura d'autres. Au moins, si les responsables avaient évoqué des mesures d'exception pour les gens moins mobiles, on pourrait se résigner à un service de moins bonne qualité. Mais non. Arrangez-vous comme vous pourrez !

Et pour être bien certain que la poste va tomber en défaveur, on nous balance une augmentation de tarifs de presque 100 % pour les timbres vendus à l'unité, qui coûteront 1 $ chacun à la fin de mars. Dans les faits, il faut comprimer les dépenses et aller chercher plus de revenus pour aider à combler le déficit de la caisse de retraite des employés. Mais c'est aussi l'annonce de la mise à mort éventuelle d'une organisation qui peine toujours à s'adapter aux nouvelles réalités.

Ne croyez pas que le déclin des services publics s'arrêtera ici. Tôt ou tard, vous verrez, on remettra en question la fréquence de la collecte des ordures ou celle du recyclage, l'utilité des bibliothèques ou celle des patinoires. Il y a déjà les écoles qui doivent se partager des ressources spécialisées trop rares et les hôpitaux toujours plus gros qui ne sont certainement pas plus accueillants...

Au moment où il faudrait sérieusement se demander comment maintenir un niveau décent de prestations pour une population qui n'en finit plus de payer, nous allons consacrer une grosse partie de nos énergies à un «débat identitaire» qui ne nous fera pas avancer d'un pouce.

Nous saurons peut-être alors qui nous sommes. Mais je vous dis déjà ce que nous ne sommes pas : des citoyens décidés à faire valoir nos droits face à des dirigeants qui ont des rêves de grandeur et qui n'ont rien à cirer des obligations au jour le jour.

À la une

Bourse: Wall Street clôture en ordre dispersé

Mis à jour le 18/04/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a clôturé en légère hausse.

Bourse: les gagnants et les perdants du 18 avril

Mis à jour le 18/04/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.

À surveiller: Banque TD, Marché Goodfood et Lion Électrique

18/04/2024 | Denis Lalonde

Que faire avec les titres de Banque TD, Marché Goodfood et Lion Électrique? Voici quelques recommandations d’analystes.