La bataille politique autour de la tarification du carbone va se poursuivre en 2024

Publié le 01/01/2024 à 11:34

La bataille politique autour de la tarification du carbone va se poursuivre en 2024

Publié le 01/01/2024 à 11:34

Par La Presse Canadienne

Le chef conservateur Pierre Poilievre exerce une plus grande pression pour que le gouvernement supprime purement et simplement la tarification du carbone. (Photo: La Presse Canadienne)

La tarification du carbone est censée être un outil visant à lutter contre les changements climatiques, mais aucun autre sujet ne fait l’objet d’aussi virulents débats sur la scène politique fédérale. 

Le premier ministre fédéral Justin Trudeau doit examiner de plus en plus de demandes d’exemption, lui qui a annoncé en octobre un moratoire sur la taxe sur le carbone pour le mazout de chauffage.

Le chef conservateur Pierre Poilievre exerce une plus grande pression pour que le gouvernement supprime purement et simplement la tarification du carbone. Jusqu’à maintenant, il a réussi à convaincre bon nombre d’électeurs que cette mesure est la principale cause de l’inflation.

En attendant, il tente de découper la tarification en tranches comme un saucisson. Par exemple, le député conservateur de Huron−Bruce, Bob Loob, a déposé un projet de loi visant à exempter les fermiers à payer la taxe sur le carbone pour le gaz naturel et le propane. M. Poilievre a fait de ce projet de loi émanant d’un député une priorité.

Le projet de loi C−234 a été adopté à la mi−décembre par le Sénat. Mais comme il comptait des amendements, il devra être examiné de nouveau par la Chambre des communes.

Les amendements proposés limitent l’exemption temporaire au propane utilisé pour un séchoir à grain. Si l’ensemble de l’opposition — les conservateurs, les néo−démocrates et les bloquistes — l’appuie comme la première fois, cela signifie qu’une nouvelle exemption devra être accordée.

Et d’autres premiers ministres réclament eux aussi des exemptions pour le gaz naturel, puisqu’à l’exemple du mazout pour les provinces de l’Atlantique, ce produit est la principale source de chauffage dans leur province.

Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, lui, a tout simplement promis de plus collecter la taxe pour le gouvernement fédéral à compter de janvier.

Le tout nouveau premier ministre des Territoires du Nord−Ouest, R. J. Simpson, a réclamé une exemption pour l’ensemble de sa province, affirmant que le prix du mazout est si cher dans le Nord qu’elle aurait déjà opté pour une autre solution, si celle−ci existait.

Pour l’instant, Justin Trudeau demeure ferme sur sa volonté de ne pas ouvrir la porte à de nouvelles exemptions.

Michael Bernstein, le directeur général du groupe Clean Prosperity, dit croire le premier ministre fédéral.

«Je ne m’attends pas à ce que l’actuel gouvernement fédéral ne défasse pas encore plus le programme qu’il a mis en place», croit−il.

De toute façon, l’élimination de la tarification ne se fera pas en criant ciseau ou hache.

Une majorité d’économistes croient que la tarification est le moyen le plus efficace pour réduire les émissions. Et un grand nombre de dirigeants du milieu des affaires préfèrent ce système.

«D’un point de vue économique, c’est le moyen le plus efficace de réduire les émissions avec le minimum d’ingérence du gouvernement, le minimum d’obligations et de règles, souligne Heather Exner−Pirot, une conseillère spéciale à la transition économique au Conseil canadien des affaires. Ce programme ne met l’accent que sur les émissions. Si on réduit les émissions, on paiera moins cher. C’est fort simple. On n’a pas à choisir un secteur, on laisse le marché faire tout le travail.»

Les réglementations sont plus directives et coûtent plus cher à mettre en place, dit Mme Erner−Pirot. Les entreprises préfèrent généralement une tarification.

L’élimination de la tarification pourrait même appauvrir les familles à long terme et avoir des répercussions internationales.

Le bureau parlementaire du budget a estimé qu’en 2030, lorsque la redevance fédérale sur le carbone atteindra 170 $ la tonne, la plupart des ménages recevront «davantage de paiements de l’incitatif à agir pour le climat que le montant total qu’ils paient en redevance fédérale sur les combustibles (directement et indirectement)». Ce gain pourrait s’élever à 388 $.

Quant aux répercussions internationales, l’Union européenne devrait vraisemblablement imposer des taxes à l’importation pour les produits venant des pays n’ayant pas une tarification minimale.

«C’est un élément à considérer, convient M. Bernstein. Pour le Canada, maintenir la compétitivité de ses exportations pourrait dépendre d’un programme efficace de tarification du carbone».

Toutefois, il reconnaît que cet argument ne sera pas facile à vendre aux électeurs.

Mia Rabson, La Presse Canadienne

 

 

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