60 sec: «Aides aux entreprises: on est dû pour un grand ménage du printemps!» -Martine Hébert, Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI)


Édition du 10 Mai 2014

60 sec: «Aides aux entreprises: on est dû pour un grand ménage du printemps!» -Martine Hébert, Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI)


Édition du 10 Mai 2014

«Aide aux entreprises : on est dû pour un grand ménage du printemps !» - Martine Hébert, Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI)

Pendant le bref passage au pouvoir du Parti québécois, de nombreuses initiatives ont été lancées pour soutenir les entreprises, dont les gazelles. Quel sort le gouvernement Couillard devrait-il réserver à ce programme ?

C'est toujours pareil. C'est bien pour la centaine de PME qui en bénéficient. Mais qu'est-ce qu'on fait avec les 244 900 autres entreprises qui n'ont pas cette chance ? Ce n'est pas parce qu'on a un tel programme, qui vise à aider quelques rares entreprises, que l'ensemble de l'économie va aller mieux. C'est un peu comme si un jardinier décidait d'arroser et de mettre de l'engrais à quelques plants seulement, en s'imaginant que les plants voisins, sans eau ni engrais, pourront en bénéficier.

Vous croyez donc que le gouvernement devrait éliminer ce programme ?

Il ne faut pas laisser tomber les entreprises à qui on a promis des choses, ou qui se sont déjà engagées dans un processus. Ça, c'est clair. Je pense que ce ne serait pas correct de le faire. En même temps, je pense qu'il faudrait profiter du moment pour remettre en question l'ensemble de l'aide gouvernementale aux entreprises. Il existe plus de 160 programmes d'aide au Québec : aide au démarrage, à l'exportation, à la R-D, etc., selon les secteurs, l'âge et même le sexe. Toute cette aide représente quatre milliards de dollars par année au Québec, soit le double de l'Ontario. Sérieusement, on est dû pour un très grand ménage du printemps.

Me dites-vous que vous êtes contre l'aide aux entreprises ?

Nous sommes pour l'aide aux entreprises dans la mesure où cette aide bénéficie au plus grand nombre possible. Actuellement, seulement 20 % des PME disent avoir bénéficié d'une aide gouvernementale depuis cinq ans (crédit d'impôt, subvention à l'emploi, etc.). Le hic est que, pendant qu'on aide cette minorité, personne ne s'occupe de fertiliser le terreau dans lequel pousse la majorité ou l'ensemble de nos PME. Or, on a des choses à faire ; au Québec, la fiscalité des PME est encore la plus lourde du Canada.

Vous n'aimez pas l'aide directe aux entreprises. Que faudrait-il faire alors ?

Le problème avec ces programmes est qu'on les met en place, mais que, une décennie plus tard, ils sont toujours là sans que quiconque ne les ait jamais remis en cause. C'est pourquoi nous proposons de faire le ménage, d'épurer l'offre gouvernementale et de recentrer l'aide sur quelques grandes orientations qui serviraient à un plus grand nombre d'entreprises. Avec les sommes épargnées, nous pourrions accorder une réduction des taxes sur la masse salariale, ce qui permettrait aux entreprises de faire leurs choix d'investissement et de croissance.

45 % - La taxe sur la masse salariale est 45% plus élevée au Québec que dans le reste du Canada.
Source : Fédération canadienne de l'entreprise indépendante

Martine Hébert est vice-présidente principale, Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.
Elle dirige les communications et l'ensemble des activités législatives de la Fédération au Québec, et agit comme porte-parole canadienne sur les enjeux nationaux relatifs aux PME.

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