La Cour suprême des États-Unis a décidé vendredi d'annuler Roe v. Wade, la décision de 1973 qui appuyait le droit constitutionnel à l'avortement. (Photo: La Presse Canadienne)
Le Canada devrait se préparer à une augmentation potentielle du tourisme médical alors que l’avortement devient interdit dans certains États américains, affirment des militants et des médecins offrant le service.
La Cour suprême des États-Unis a décidé vendredi d’annuler Roe v. Wade, la décision de 1973 qui appuyait le droit constitutionnel à l’avortement. La décision devrait entraîner l’interdiction de l’avortement dans environ la moitié des États, y compris certains le long de la frontière canado-américaine.
La décision a soulevé des inquiétudes chez certains défenseurs de l’avortement quant à l’impact qu’un éventuel afflux de personnes enceintes en provenance des États-Unis pourrait avoir sur le système canadien.
Mais l’option de venir dans le nord pour un avortement est limitée aux gens qui peuvent se le permettre, a noté Jill Doctoroff, directrice générale de la Fédération nationale de l’avortement du Canada.
Les efforts et les dépenses nécessaires pour se procurer un passeport et voyager au Canada seront probablement prohibitifs pour les personnes marginalisées les plus touchées par les interdictions d’avortement aux États-Unis, y compris celles qui souffrent de la pauvreté et du racisme systémique, a observé Mme Doctoroff. De nombreuses personnes peuvent décider qu’il est plus pratique de se rendre dans un État américain où l’avortement est toujours autorisé, a-t-elle avancé.
«Les personnes qui ont tendance à être impliquées dans le tourisme [médical] sont souvent des gens vraiment privilégiés, a déclaré Mme Doctoroff par téléphone depuis Victoria. C’est le genre de personnes qui, je pense, pourraient venir au Canada pour obtenir un avortement.»
Mais même ce petit nombre pourrait poser un problème pour les cliniques qui sont déjà à court de capacité, et potentiellement prolonger les temps d’attente, a souligné Mme Doctoroff.
Le Dr Dustin Costescu, obstétricien-gynécologue à Hamilton Health Sciences, estime que les provinces devraient augmenter le financement des cliniques d’avortement pour s’assurer qu’elles pourront répondre à cette augmentation potentielle de la demande.
«Si une minorité significative choisit de venir ici [depuis les États-Unis], très rapidement, le système pourrait être submergé, a déclaré le Dr Costescu. C’est vraiment le moment de se préparer pour cela.»
La Women’s Health Clinic de Winnipeg a déjà commencé à se préparer à cette possibilité, a dit la directrice générale Kemlin Nembhard.
La clinique traite déjà chaque année une poignée de personnes vivant aux États-Unis, et le Canada partage une frontière avec plusieurs États américains qui prévoient interdire ou restreindre sévèrement l’accès à l’avortement, a indiqué Mme Nembhard.
La clinique pratique déjà plus d’avortements que le nombre pour lequel elle reçoit du financement, a-t-elle ajouté, et elle envisage de prolonger ses heures d’ouverture si la demande augmente.
«Nous avons des plans d’urgence en place, a déclaré Mme Nembhard. Mais nous ne pouvons pas vraiment les mettre en action tant que nous ne voyons pas réellement ce qui va se passer.»
– Avec des informations de l’Associated Press