Une récession pas comme les autres

Publié le 09/08/2010 à 13:03

Une récession pas comme les autres

Publié le 09/08/2010 à 13:03

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. La quasi-stagnation de l’économie américaine déçoit, mais ne me surprend aucunement.

La raison : la récession que la crise financière a créée n’en est pas une comme les autres.

Cette récession a été créée par une crise du crédit, qui se prolonge. Les banques ont la main sur le frein, car elles possèdent toujours une grande quantité de mauvais actifs (des produits dérivés toxiques). Elles conservent donc leur capital, au cas où ça irait encore plus mal, ce qui n’est pas exclus (quoi que improbable).

Normalement, l’économie reprend après une récession lorsque les banques centrales abaissent les taux d’intérêt pour relancer la consommation et l’investissement par les entreprises.

La réserve fédérale menottée

Or, la Réserve fédérale américaine ne peut pas baisser davantage les taux puisque ceux-ci sont à terre. Son taux directeur étant à 0,25 %, il ne servirait à rien de le réduire à zéro.

Voilà pourquoi, la Réserve fédérale crée de la monnaie. En effet, celle-ci détient dans son actif depuis le milieu de 2008 entre 2 000 et 2 500 milliards d’obligations du gouvernement américain et de dérivés de prêts hypothécaires et d’autres créances acquis des banques. Avant cette création de monnaie, la Réserve fédérale maintenait un actif d’environ 800 milliards de dollars.

Son actif est donc au triple de sa valeur d’avant la crise. Cet écart a été créé par du « quantitative easing », soit de l’injection de monnaie faite dans le but précis de sauver l’économie d’une dépression comme le pays en a connue une dans les années 1930. Les banques centrales de nombreux pays, dont le Canada, ont eu recours à cet outil

Le fait que ces facilités de crédit soient toujours en place à la Réserve fédérale indique que l’économie américaine n’arrive à reprendre son souffle.

Pire, il se pourrait même que cette stratégie soit à nouveau utilisée si l’économie ne reprend pas, car il n’y a pas grand chose d’autre qui pourrait être fait.

Déficits et dette astronomiques

En fait, il y a deux autres avenues pour l’État, mais ni l’une, ni n’est praticable.

1. Le gouvernement américain pourrait réduire les impôts pour relancer la consommation. Or, celui-ci fait face à un déficit monstre, qui n’est pas en voie de se résorber. Certains économistes voudraient même que le président Obama reconduise les baisses d’impôt autorisées par son prédécesseur il y a dix ans, mais cela coûterait très cher au gouvernement.

Par contre, un retour aux taux d’impôt d’avant Geoges W. Bush pourrait faire retourner l'économie en récession. Le compromis sera probablement de maintenir les réductions pour les célibataires gagnant moins de 200 000 $ et les ménages ayant un revenu inférieur à 250 000 $. Les riches perdraient leur baisses d'impôt.

2. Le gouvernement pourrait mettre en place un autre plan de relance avec des dépenses et du financement de projets et d’infrastructures. Encore là, cela aurait un impact important sur le déficit et la dette, qui sont déjà à un niveau très élevé par rapport au produit intérieur brut.

Voilà pourquoi, la Réserve fédérale pourrait réinjecter de l’argent dans le système bancaire en achetant des créances des banques, avec l’espoir que les banques mettent plus d’argent à la disposition des consommateurs et des entreprises.

C’est toutefois une mesure qui serait vue comme dangereuse pour l’avenir de l’économie américaine et qui pourrait créer de la pression à la baisse sur le dollar américain.

Dépenses de consommation

Puisque les dépenses de consommation comptent pour 70 % de l’économie américaine, il est clair que celles-ci sont capitales pour la relance de l’économie. Or, celles-ci ne peuvent pas reprendre véritablement, car la récession a réduit l’emploi de 6 % et que la création d’emploi stagne. Outre les chômeurs, dont un grand nombre ne reçoivent même plus d'assurance emploi, l'économie américaine compte 8,5 millions de travailleurs à temps partiel, dont un grand nombre se cherchent de l’emploi à temps plein.

De plus, comme la valeur de l’avoir des ménages a baissé et que les consommateurs sont déjà très endettés (le quart des emprunteurs hypothécaires auraient un prêt hypothécaire dont la valeur excède celle de la maison), ceux-ci ne peuvent pas recourir au crédit comme avant pour consommer.

L’illusion de l’épargne

Les économistes font valoir que les Américains épargnent comme jamais. Il est vrai que le taux d’épargne est de l’ordre de 5 à 6 %, ce qui est très élevé historiquement, mais il faut bien comprendre ce chiffre, qui ne veut pas dire que cet argent se retrouve dans des comptes d’épargne à la banque.

En effet, l’épargne dans l’économie est l’écart résiduel entre l’ensemble des revenus des ménages après impôt et l’ensemble des dépenses de consommation.

Ainsi, dans la mesure où les ménages remboursent plus rapidement leur prêt hypothécaire pour ne pas perdre leur maison, ils se trouvent à épargner même s’ils ne déposent pas d’argent dans leurs comptes bancaires ou même s’ils n’achètent pas de produits de placement.

Il ne faut donc pas trop compter sur l'épargne comme moyen de relancer l'économie.

Pas simple la politique économique aux États-Unis !

 

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