Ruth Gottesman a annoncé un don d'un milliard de dollars au Albert Einstein College of medicine qui servira à couvrir les frais de scolarité de tous les étudiants à l'avenir. Ce don est l'un des plus importants jamais faits à un établissement d'enseignement aux États-Unis. (Photo: Getty Images)
EXPERT INVITÉ. J’ai été ému par le court vidéo partagé dans le cadre de l’assemblée annuelle de Berkshire Hathaway, qui a eu lieu samedi dernier (le 4 mai). Visionnez-le ici.
Imaginez: Mme Ruth Gottesman, veuve de M. David «Sandy» Gottesman, a fait le don d’actions de Berkshire Hathaway d’une valeur de 1 G$ US au Albert Einstein College of Medicine, une école de médecine sise dans le Bronx, à New York, qui compte près de 1 300 étudiants. Grâce à ce don, chaque étudiant n’aura plus à payer de frais de scolarité, et ce à perpétuité! Selon le Wall Street Journal, le coût du programme de quatre ans de Albert Einstein atteignait près de 100 000 $ US par année. La plupart des étudiants terminaient donc leurs études avec une dette substantielle.
Mme Gottesman, âgée de 93 ans, a été professeure à l’école Albert Einstein et siégeait au conseil d’administration. M. Gottesman est décédé en 2022 à l’âge de 96 ans. Il avait été un des premiers investisseurs dans Berkshire Hathaway et un ami proche de Warren Buffett. Ce sont ces actions de Berkshire Hathaway que Mme Gottesman a données au Albert Einstein College of Medicine.
Je suis toujours ébahi par de tels gestes de générosité. De fait, la philanthropie est bien établie aux États-Unis depuis plusieurs générations. Je me rappelle notamment les dons exceptionnels qu’ont fait au 20e siècle des géants du capitalisme comme Andrew Carnegie et J. Paul Getty. Plus récemment, Michael Bloomberg a donné 1,8 G$ à l’Université Johns Hopkins ou Chuck Feeney (je vous recommande le livre The Billionaire Who Wasn’t, par Conor O’Clery, que j’ai coté *****) a donné la quasi-totalité de sa fortune à une fondation afin qu’elle la distribue de son vivant. La culture de philanthropie est bien établie aux États-Unis.
Au Québec, je crois que cette culture du don est encore embryonnaire. À mon avis, elle est appelée à croître sensiblement au cours des prochaines décennies à la faveur de l’essor économique que nous avons connu depuis la «Révolution tranquille».
À l’instar de Mme Gottesman, pour de nombreux investisseurs boursiers, une façon efficace de donner est de faire des dons en actions. Bien qu’il y ait eu des changements dans le budget fédéral de 2023, le don en actions demeure selon moi une manière fiscalement attrayante de donner (avant de procéder, je vous suggère de valider avec votre comptable ou fiscaliste).
Il est effectivement possible de donner des actions de sociétés que vous détenez à des organismes de bienfaisance de votre choix (à ma connaissance, la plupart sont en mesure d’accepter de tels dons et de les revendre). Le donateur reçoit ainsi un reçu fiscal pour la valeur au marché des actions qu’il a données. Mais, ce faisant, le gain non réalisé associé aux actions données n’est pas imposable. Pour celui ou celle (comme Mme Gottesman) qui possède des titres à forts gains, c’est un avantage non négligeable!
Dans la gestion d’un portefeuille, ce mécanisme peut devenir un outil intéressant à tout le moins pour celui ou celle qui désire faire des dons. Il permet de réduire (ou éliminer) un ou des titres dont la vente directe provoquerait une facture salée en impôt.
L’exemple de Mme Gottesman démontre clairement que le système capitaliste peut être une source d’enrichissement personnel extraordinaire. Il peut aussi servir à redonner des sommes énormes à la société. Bravo, Mme Gottesman! J’espère que d’autres investisseurs suivront votre exemple.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements chez COTE 100 et auteur du livre Avantage Bourse