Une entreprise lance un modèle de motoneige en conduite debout
La Presse Canadienne|Publié le 23 février 2022Comme il est debout, le conducteur doit se tenir en équilibre. Des personnes qui ont testé les appareils ont comparé leur expérience à la pratique de la planche à neige. (Photo: La Presse Canadienne)
Une entreprise de Saguenay se lance dans la production commerciale d’un nouveau modèle de motoneige en conduite debout. Fondée par un vétéran de la fabrication de vélo, Widescape espère vendre environ 2500 appareils en vue de la prochaine saison des neiges.
Pour les amateurs de plein air, le véhicule récréatif de Widescape, qui pèse 90 kilos, donne à son conducteur un «sentiment de liberté» en lui permettant d’accéder à des endroits peu accessibles aux motoneigistes, affirme le président et fondateur de l’entreprise, Félix Gauthier, en entrevue. «Ça flotte autant que des raquettes et ça laisse à peu près la même empreinte de profondeur.»
Comme il est debout, le conducteur doit se tenir en équilibre. Des personnes qui ont testé les appareils ont comparé leur expérience à la pratique de la planche à neige, raconte l’entrepreneur. «Du fait que tu es debout, tu es plus actif. Ça bouge. Ça nécessite une certaine condition physique.»
Un plan de croissance par étape
Widescape prévoit livrer «une quantité limitée» de 2500 appareils pour l’automne 2022, en prévision de la prochaine saison hivernale. Il espère porter ce nombre à environ 10 000 véhicules d’ici cinq ans. L’entreprise travaille également sur un prototype électrique et espère être en mesure de le commercialiser en 2025.
Lancer la production commerciale d’un nouveau véhicule récréatif en pleine période de perturbation de la chaîne d’approvisionnement est un défi, admet M. Gauthier. C’est pour cette raison que Widescape se concentre sur le marché du nord-est du Canada et des États-Unis pour cette année. «On veut commencer tranquillement: 2500, c’est facile à maîtriser.»
Malgré ces défis, l’entrepreneur estime que «tout est bien aligné» pour assurer la livraison des appareils cet automne. Il précise que le véhicule ne comporte pas de pièces standards. Le châssis, le moteur, les chenilles, le plastique, notamment, sont spécifiquement conçus pour Widescape. «Ce sont toutes des composantes qu’on a développées pour nos besoins spécifiques. C’est plus facile, car on contrôle la fabrication.»
Dix employés travaillent au sein de l’entreprise et M. Gauthier estime que ce nombre pourrait atteindre au moins 25 personnes d’ici cinq ans. La recherche et le développement de l’appareil se font à Saguenay. Le véhicule est assemblé en Asie, mais plusieurs sous-traitants sont québécois, notamment Soucy pour les chenilles ou Brio Innovation pour le design du véhicule.
Du vélo à la motoneige
Pour M. Gauthier, le lancement officiel, mercredi, de sa motoneige à conduite debout marque l’aboutissement d’un projet qui s’est étalé sur plus d’une vingtaine d’années.
L’homme d’affaires dirige le fabricant de vélos Cycles Devinci depuis le début des années 1990. L’entreprise est aussi connue comme le concepteur du vélo libre-service Bixi à Montréal. M. Gauthier a développé le projet de motoneige en parallèle des activités courantes de Cycles Devinci, qui embauche une centaine de personnes.
L’idée a d’abord germé dans la tête de son associé Alain Aubut qui a conçu un véhicule pour son fils, en 1998. M. Gauthier a testé le véhicule en 2002 et s’est associé avec M. Aubut. Une première phase de développement a été mise sur pause en 2004 avant de relancer le projet en 2011. En 2018, M. Gauthier a scindé l’équipe dédiée au projet dans une entreprise à part.
Financement: repartir à zéro
Malgré son expérience dans le secteur manufacturier, M. Gauthier a constaté qu’il était difficile d’obtenir du financement lorsqu’on fondait une nouvelle entreprise. L’appui d’investisseurs institutionnels, qui ont fourni près de 45% du financement, a été essentiel au développement de l’entreprise.
Desjardins Capital, qui a déployé près de 21 millions $ dans 21 entreprises dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean en 2021, compte parmi les partenaires de l’entreprise au même titre qu’Investissement Québec et Développement économique Canada.
M. Gauthier n’envisage pas d’introduire sa société en Bourse pour accélérer son développement. «On n’est pas rendu là», répond l’entrepreneur qui croit qu’il sera plus facile de trouver du financement une fois que Widescape générera des ventes.