Le mois dernier, les créations d’emplois ont été plus de deux fois moins nombreuses qu’en octobre.
Après avoir prédit un hiver « sombre », Joe Biden a appelé vendredi à apporter dès « maintenant » une aide aux Américains face à un carnet de santé « mauvais » du marché de l’emploi en novembre, en raison de la résurgence de la pandémie de COVID-19.
« Si on n’agit pas maintenant, l’avenir sera très sombre », a mis en garde le président élu qui s’exprimait depuis son fief de Wilmington dans le Delaware, alors que l’économie américaine n’a créé que 245 000 emplois le mois dernier, plus de deux fois moins qu’en octobre.
Le temps presse puisque de nombreuses aides aux chômeurs et familles expirent le 26 décembre.
Plus tôt, le démocrate avait exhorté le Congrès et le président républicain sortant Donald Trump à nouer un accord « pour le peuple américain » et s’était dit « encouragé par les efforts » récents des deux partis qui travaillent à l’élaboration d’un paquet d’aides de quelque 900 milliards de dollars.
Il a ensuite suggéré aux deux partis d’y inclure un chèque de 1 200 dollars pour les Américains, comme ce fut le cas au printemps.
Le démocrate s’est montré confiant sur la possibilité d’un accord, indiquant qu’il y avait « un nombre suffisant de démocrates et de républicains au Sénat des États-Unis (…) pour mettre sur pied un paquet d’aide sérieux ».
Selon lui, « ils sont sur le point de pouvoir proposer un paquet qui réponde aux besoins de base immédiats ».
Pour convaincre les démocrates potentiellement réfractaires à cette nouvelle proposition, le futur président a laissé entendre que cette aide, qui sera sans doute moins ambitieuse que ce que réclamait le parti, serait suivie de nouvelles négociations dès son arrivée à la Maison Blanche pour un programme de soutien plus large à l’ensemble de l’économie.
« C’est juste un acompte », a-t-il fait valoir.
De son côté, la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi avait évoqué plus tôt « un élan », évoquant un possible vote d’ici Noël. Elle s’était entretenue la veille avec le dirigeant de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, qui semble sur la même ligne.
Ce délai signifie qu’une proposition devra être formalisée au début de la semaine prochaine.
En novembre, le taux de chômage est tombé à 6,7 %. Certes, le marché de l’emploi a continué de se redresser après sa dégringolade au printemps, mais cette donnée est à relativiser puisqu’elle n’inclut pas les personnes ayant quitté le marché du travail ou qui ne recherchent pas activement du travail.
Joe Biden a déploré que de nombreuses personnes aient « perdu l’espoir de trouver un emploi ».
Des femmes quittent leur emploi
SI, le chômage des femmes n’est plus que de 6,1 %, de nombreuses femmes étant sorties des statistiques après avoir renoncé à travailler faute de pouvoir faire garder leurs enfants dont les écoles restent fermées.
« En novembre, des gains d’emplois notables ont eu lieu dans les transports et l’entreposage, les services professionnels et commerciaux et les soins de santé », a détaillé le département du Travail.
Ce rapport, le premier depuis que Joe Biden a été élu, ne reflète toutefois pas fidèlement la situation du marché de l’emploi de novembre dans la mesure où les données ont été compilées jusqu’à la moitié du mois.
Par conséquent, il ne prend en compte ni le durcissement des mesures prises plus tard dans le mois pour endiguer la nouvelle vague d’infections par la COVID-19, ni la semaine de Thanksgiving qui a fait diminuer le nombre d’inscriptions au chômage la semaine dernière.
La fête de Thanksgiving a pu aussi jouer de manière positive sur l’emploi temporaire dans le secteur des transports pour acheminer les colis découlant des ventes massives sur internet lors du Black Friday et du Cyber Monday.
« Hiver sombre »
Le plus important est sans doute que l’économie n’a pas détruit d’emplois comme certains économistes le craignaient.
Mais l’emploi va probablement empirer lors des prochains mois.
L’arrivée imminente des vaccins est une bonne nouvelle, mais nul ne sait quel va être l’impact économique à court terme de la vaccination, a prévenu cette semaine le président de la Banque centrale américaine, Jerome Powell.
D’où la pression de la future administration pour faire voter dans les prochains jours des aides pour les Américains les plus vulnérables et les petites entreprises.
Cette idée fait son chemin: « je pense qu’on est très proches d’un accord », a lui-même déclaré jeudi Donald Trump. « Je le soutiendrai ».
Mitch McConnell et Nancy Pelosi envisagent d’inclure le plan d’aide dans un accord budgétaire en train d’être négocié en parallèle.
Celui-ci doit être voté avant le 11 décembre s’ils veulent éviter l’asséchement des finances publiques (« shutdown »).