Un investisseur devrait-il être pleinement investi en tout temps?
Philippe Leblanc|Publié le 28 octobre 2022L’erreur capitale pour un investisseur à long terme: le «market timing». (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. J’ai reçu un courriel d’un lecteur récemment me demandant si j’étais toujours convaincu qu’un investisseur boursier à long terme devrait rester pleinement investi en tout temps. En effet, dans un article récent paru dans La Presse («Des réserves avant l’hiver»), quatre experts préconisaient entre 7% et 25% d’encaisse dans un portefeuille équilibré.
Mon opinion ne change pas. Elle est fondée sur trois prémisses:
1- Il est impossible de prévoir les mouvements boursiers à court terme. J’ai écrit à maintes reprises à ce sujet. Mon plus récent blogue («Pourquoi la plupart des investisseurs sous-performent») est un bel exemple de l’erreur capitale que constitue le «market timing» pour un investisseur à long terme.
2- Les actions offrent les meilleurs rendements pour un investisseur à long terme. Dans la période actuelle d’inflation élevée, j’ajouterais qu’elles offrent la meilleure protection contre l’inflation à long terme. Selon Morningstar, les actions de grandes sociétés américaines ont procuré un rendement annuel composé de 10,2% de 1926 à 2019. Pendant ce temps, les obligations gouvernementales américaines ont procuré un rendement de 5,5% alors qu’inflation a été de 2,9%. Les obligations à court terme (T-bills), qui s’apparentent à l’encaisse, ont procuré 3,3%.
C’est inévitable, conserver un pourcentage relativement élevé en encaisse réduit les rendements d’un investisseur à long terme.
3- Un investisseur investit pour le long terme. Les sommes qu’il décide d’investir dans les actions devraient l’être exclusivement sur un horizon à long terme – un minimum de cinq ans, idéalement de dix.
Cela dit, pour ses besoins courants de liquidités et pour pallier les imprévus, un investisseur devrait conserver des liquidités adéquates en banque. Je crois avoir lu que l’on recommande généralement l’équivalent de six mois de dépenses en guise de fonds d’urgence. Une telle somme me paraît raisonnable dans l’éventualité où un investisseur perdrait son emploi ou ferait face à des dépenses imprévues importantes. Dans mon esprit, ces sommes liquides ne font pas partie d’un portefeuille de placement.
Un investisseur à la retraite qui dépend des revenus de ses placements pour vivre peut très bien posséder des obligations dans son portefeuille. Je remets toutefois en question la pertinence de conserver de l’encaisse en tout temps dans un tel portefeuille, sachant qu’une encaisse importante sera détenue dans un compte bancaire.
À mon avis, on investit en Bourse les sommes dont on n’aura fort probablement pas besoin avant plusieurs années, sachant que les actions sont l’option la plus payante à long terme (à condition d’investir intelligemment). Et en sachant que les corrections et marchés baissiers sont normaux et inévitables – ils sont le prix à payer pour obtenir les rendements supérieurs des actions à long terme.
Voilà pourquoi je crois que, contre vents et marées, un investisseur devrait être pleinement investi en tout temps.
Philippe Le Blanc, CFA, MBA
Chef des placements chez COTE 100