Trop de musées au Québec, selon le rapport Corbo


Édition du 23 Novembre 2013

Trop de musées au Québec, selon le rapport Corbo


Édition du 23 Novembre 2013

Quelque 400 établis- sements muséaux au Québec, c'est trop ! Voilà l'une des principales conclusions du rapport du Groupe de travail sur l'avenir du réseau muséal québécois - «Entre mémoire et devenir», appelé rapport Corbo, du nom de celui qui l'a présidé.

«Plusieurs de ces établissements n'ont pas de masse critique, pas assez de moyens pour remplir adéquatement leur mission. Il nous faut des établissements plus gros et plus solides», estime Claude Corbo, coauteur du rapport avec Laurier Lacroix et Marie Lavigne. M. Corbo, ancien recteur de l'UQAM, se garde toutefois de dire combien il y a de musées de trop.

Des 61 recommandations du rapport, deux vont dans le sens d'une consolidation. La première recommandation vise à ce que l'ensemble que constituent les établissements muséaux québécois soit renforcé, consolidé et actualisé. Comment ? Par «la fédération, la fusion, l'intégration d'établissements et autres moyens comparables».

À la 21e recommandation, on suggère d'«enclencher une démarche structurée [...] de planification muséologique et de consolidation des établissements muséaux dans les différentes régions» et d'«identifier et promouvoir des fusions possibles d'établissements ou d'autres méthodes de consolidation du réseau muséal régional».

Pas question de réduire l'aide

Les auteurs du rapport ne visent pas par ces recommandations à réduire l'aide aux musées. Au contraire : de 71,6 millions de dollars, en 2013-2014, ils proposent de porter progressivement l'aide de Québec à 111,2 M$, en 2018-2019 (montant qui peut varier selon l'inflation). «Mais avant de mettre plus d'argent dans le système, l'État doit s'assurer que ce sera à bon escient», a dit M. Corbo à Les Affaires, en soulignant qu'il existe une quinzaine de musées d'histoire à Montréal, par exemple.

Jean-François Leclerc, directeur du Centre d'histoire de Montréal, ne partage pas cette vision de consolidation. Son établissement est situé en plein coeur du complexe muséal Pointe-à-Callière, beaucoup plus gros et dont les missions se ressemblent.

«Nous avons développé une approche très personnelle ; nous travaillons beaucoup avec les quartiers, affirme M. Leclerc. Je suis d'accord avec le rapport Corbo au sujet de la nécessité de clarifier la mission de chaque établissement, mais on ne pourrait pas préserver notre culture en fusionnant avec un autre établissement.» Quand il parle de fusion, le rapport Corbo ne mentionne aucun musée en particulier.

«Je pense qu'il est inévitable que le réseau muséal québécois change beaucoup au cours des 10 à 20 prochaines années», estime pour sa part Francine Lelièvre, directrice de Pointe-à-Callière, Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal, qui qualifie le rapport Corbo d'«intelligent et de pragmatique».

«Si un musée reçoit de l'aide publique, il a des comptes à rendre, poursuit Mme Lelièvre. Il y a des musées qui s'amusent à changer de mission tous les 10 ans, ce qui crée des chevauchements. C'est inévitable qu'on rationalise. Mais entendons-nous bien : l'idée n'est pas de faire plus avec moins, mais de faire mieux.»

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