Énoncé économique d’Eric Girard: 1000$ de moins pour 200 000 travailleurs âgés
La Presse Canadienne|Mis à jour le 21 novembre 2024Le ministre des Finances, Eric Girard, présente son énoncé économique au Centre des congrès de Québec, le 21 novembre, 2024. (Photo: Jacques Boissinot / La Presse Canadienne)
Québec – Les travailleurs âgés de 60 à 64 ans n’auront plus droit au crédit d’impôt pour la prolongation de carrière, une aide fiscale qui pouvait atteindre 1540 $ par année.
Le ministre des Finances, Eric Girard, a présenté jeudi une mise à jour économique, dans laquelle il poursuit son ménage des dépenses fiscales afin d’éviter de creuser davantage le déficit record de 11 milliards de dollars (G$).
Le crédit d’impôt pour la prolongation de carrière a été instauré en 2012, puis bonifié par le gouvernement Legault en 2019, pour inciter les Québécois plus âgés à rester sur le marché du travail.
Or, «depuis la mise en place du crédit d’impôt, le Québec a effectué un rattrapage dans la participation au marché du travail de ces personnes», peut-on lire dans l’énoncé de M. Girard.
«Pour les personnes âgées de 60 à 64 ans, l’écart historique qui existait avec l’Ontario a pratiquement disparu», ajoute-t-on. L’âge moyen de départ à la retraite, qui était de 61,3 ans en 2011, est passé à 64,7 ans en 2023.
Le gouvernement rehausse donc à 65 ans l’âge d’admissibilité au crédit d’impôt, dès l’année d’imposition 2025. Les 60 à 64 ans n’y seront plus admissibles, ce qui représente une perte moyenne d’environ 1000 $ pour près de 200 000 contribuables.
Chez les 65 ans et plus, le crédit d’impôt commencera à diminuer si le revenu net (revenu de travail, revenu de retraite) excède 56 500 $. Les mieux nantis, dont le revenu net dépasse 81 500 $, n’auront plus droit au crédit d’impôt.
En conférence de presse, le ministre Girard a déclaré que ces changements lui permettront d’économiser cette année environ 200 millions de dollars (M$). «Les gens s’attendent à ce que l’on révise les mesures et élimine celles qui ne sont plus justifiées», s’est-il défendu.
Pour éviter de creuser davantage son trou financier de 11G$, le ministre a en outre puisé 750M$ dans sa «provision pour éventualités» qui vise à faire face aux imprévus. Il reste désormais 750M$ dans cette réserve.
M. Girard mise aussi sur l’harmonisation de la fiscalité des gains en capital avec Ottawa, qui lui permettra de remettre 971,5M$ dans les coffres de l’État cette année. Sans ces deux mesures, le déficit du Québec aurait atteint 12,7G$.
Il faut dire que les dépenses sont à la hausse. L’énoncé de M. Girard mentionne le recours à la main-d’œuvre indépendante dans le réseau de la santé et des services sociaux, et les dommages liés à la tempête post-tropicale Debby.
La croissance des dépenses des ministères est passée de 3,2 % à 6,5 % pour l’année budgétaire en cours. Elle redescendra à 2,1 % en 2025-2026, puis à 1,6 % en 2026-2027, selon le document présenté.
Jeudi, M. Girard a aussi annoncé 880M$ sur quatre ans pour les sociétés de transport collectif, et 252M$ sur cinq ans pour le secteur forestier, mis à mal par les feux de forêt et l’imposition de droits compensateurs et antidumping.
Il maintient son objectif de retourner à l’équilibre budgétaire d’ici 2029-2030, et déposera, le printemps prochain, le plan pour y arriver.
Par Caroline Plante