Transat: les discussions avec Pierre Karl Péladeau se poursuivent
La Presse Canadienne|Publié le 10 juin 2021(Photo: Graham Hughes pour La Presse Canadienne)
Pierre Karl Péladeau cherche toujours à se donner les ailes d’Air Transat (TRZ), malgré les pertes importantes encaissées par le voyagiste québécois.
C’est Transat A.T. elle-même qui a confirmé l’information en dévoilant, jeudi, ses résultats du deuxième trimestre de l’exercice financier en cours.
Le communiqué diffusé par le transporteur aérien indique en effet que « les discussions avec M. Pierre Karl Péladeau se poursuivent », tout en précisant qu’« il n’y a aucune certitude qu’une transaction en résultera ».
L’actionnaire de contrôle de Québecor avait déposé au début d’avril une offre par laquelle sa société, Gestion MTRHP, proposait de se porter acquéreur de Transat A.T. au prix de 5,00 $ l’action, offre qui avait été refusée par l’actionnaire principal, Letko Brosseau. À la mi-mai, M. Péladeau prétendait ne plus être intéressé par cet achat, alors que Transat répliquait ne pas avoir été avisée formellement de ce désintérêt.
Restructuration de l’entreprise
Durement éprouvée par la crise sanitaire comme l’ensemble des transporteurs aériens, Transat A.T. annonce par ailleurs qu’elle abandonne le secteur hôtelier pour se concentrer uniquement sur les opérations aériennes.
« Cela ne signifie pas que nous allons cesser de vendre des forfaits, cela demeure une portion critique de nos activités, mais nous n’investirons pas dans la mise sur pied d’une division d’hôtellerie comme nous avions planifié de le faire. La pandémie a freiné notre capacité de le faire en appauvrissant nos réserves de liquidités », a expliqué la présidente et cheffe de la direction de l’entreprise, Annick Guérard, en conférence téléphonique. Ainsi, le portefeuille immobilier de Transat A.T. dans les destinations soleil, évalué à 38 millions $ US, est à vendre.
De plus, les départs de vols internationaux ne se feront plus qu’à partir du Québec, de l’Ontario et des Maritimes, l’Ouest canadien continuant d’être desservi, mais seulement pour les vols intérieurs. La compagnie aérienne veut également réduire de quatre à deux le nombre de modèles d’avions utilisés pour simplifier les opérations et accroître l’utilisation de ses appareils afin d’en rentabiliser l’usage.
« Bien que nous ne soyons pas encore sortis du marasme, nous voyons maintenant l’avenir avec confiance » a affirmé Mme Guérard, qui s’attend à une autre année très difficile en 2022. Elle a toutefois précisé que les analyses pessimistes qui ne prévoyaient pas un retour des voyages au niveau de 2019 avant 2024 ou 2025 avaient été revues.
« Nous anticipons qu’après 2022, nous serons en mesure de revenir à quelque chose de plus équilibré et potentiellement voir une rentabilité à ce moment. »
Reprise des vols en août
Transat A.T. reprendra ses activités le 30 juillet et prévoit s’envoler de Montréal dès le mois d’août vers trois destinations : Paris, Cancún et Punta Cana. Cependant, Mme Guérard n’a pas raté l’occasion de mettre de la pression sur Ottawa.
« La plupart des pays sont à implanter ou à tout le moins à préparer des plans pour une reprise sécuritaire des voyages et nous implorons le Canada d’en faire autant dans un avenir rapproché. (…) Nous avons absolument besoin d’un plan plus clair du gouvernement fédéral pour déterminer quelles seront les prochaines étapes pour que nous puissions planifier une réouverture de nos opérations de manière efficace. »
Pendant ce temps, les résultats peu reluisants de Transat A.T. ne surprennent guère dans le contexte pandémique. Le voyagiste a creusé sa perte nette ajustée au deuxième trimestre de l’exercice financier en cours par rapport à la période correspondante de l’exercice 2020.
Elle est passée de 38,8 millions $ à près de 103,3 millions $.
Les revenus de l’entreprise basée à Montréal ont dégringolé pendant la pandémie de la COVID-19, passant d’un deuxième trimestre
à l’autre de 571,3 millions $ à un peu plus de 7,5 millions $. Les opérations aériennes, qui ont été suspendues le 29 janvier dernier, doivent reprendre partiellement le 30 juillet prochain.
Remboursements
Transat A.T. a conclu il y a quelques semaines un accord avec le gouvernement du Canada permettant d’emprunter des liquidités supplémentaires maximales de 700 millions $, dont 310 millions $ pourront être utilisés pour le remboursement des clients.
Les dépôts reçus des clients pour des voyages à venir s’établissaient au 30 avril dernier à 560,4 millions $.
Les clients ont jusqu’au 26 août pour réclamer un remboursement et la présidente de Transat a été claire : les remboursements ne se feront pas automatiquement par Transat — seuls les clients qui en demanderont un pourront le recevoir.